15 à 20 % ! C'est le taux d'annulation des nuitées réservées dans les hôtels classés de Marrakech, au lendemain de l'attentat du café Argana. Ce bilan a été arrêté par la Fédération nationale du tourisme (FNT) deux jours après l'attaque terroriste. «Ce taux s'est depuis stabilisé», rassure Mohammed Said Tahiri, directeur général de la FNT. À très court terme, la casse a donc pu être limitée. Ce taux d'annulation est non négligeable, mais il est clair que ça aurait pu être bien pire. Par bonheur, tous les vols en provenance de l'Europe ont été maintenus, tout comme les programmations des tour-opérateurs. «Les compagnies aériennes continuent à faire confiance à la destination, tout comme les tour-opérateurs, qui en témoignent par leurs réactions à notre égard suite au drame», poursuit, confiant, Tahiri. Mais il faudra bien entendu plus de recul avant de pouvoir apprécier l'impact réel. Il faut dire que l'ensemble des intervenants du secteur ont fait preuve d'une réactivité sans précédent au lendemain de la «catastrophe». En effet, Yassir Zenagui, ministre de tutelle, a fait des sorties rassurantes, et surtout, s'est rendu sur place pour suivre les évolutions auprès des professionnels. «Nous faisons le point jusqu'à deux fois par jour», indique un opérateur touristique. Une cellule de crise a été formée au sein de la Fédération, dont la principale mission est d'abord de dresser le bilan post-attentat, mais aussi de tenir les clients informés sur les dernières évolutions, ce qui est primordial pour qu'ils soient rassurés sur la maîtrise de la situation et qu'ils confirment le fait qu'il s'agit là d'un acte isolé. «Il ne faut pas se voiler la face, le secteur souffrira à très court terme, et la réaction des touristes est compréhensible. C'est à nous de leur démontrer qu'au Maroc, la sécurité règne, qu'ils peuvent se balader, s'amuser et faire la fête sans être inquiétés», insiste le DG de la Fédération.La communication de crise s'est donc rapidement mise en place, et la réflexion est en cours pour mener des actions promotionnelles ciblées, au moment opportun. «Nous devons pour l'instant faire preuve de pudeur et de retenue, explique une source proche du ministre du Tourisme, mais après une réflexion en concertation avec l'ONMT, la meilleure stratégie sera mise en place à destination des pays étrangers émetteurs de touristes», poursuit notre source. Il va en effet sans dire que le rôle de l'Office national marocain du tourisme (ONMT) est primordial dans ce contexte, puisqu'il est au plus près des marchés émetteurs et des TO étrangers, et une communication adéquate est nécessaire. Décevante, la réaction de certaines entreprises marocaines Par segment, c'est sans surprise le tourisme d'affaires et les congrès qui sont les plus touchés, et plus globalement le segment générique rassemblé sous le sigle Mice pour «Meetings, Incentives, Conferencing, Exhibitions». Déjà, après le «Printemps arabe» et les manifestations du 20 février, ce segment est fortement exposé, plusieurs annulations ayant été enregistrées bien avant que la lâcheté terroriste ne frape le cœur du tourisme national. Encore plus inquiétant, même des entreprises marocaines ont suspendu leurs réservations pendant le week-end. La panique aurait-elle pris le dessus sur l'objectivité et la solidarité nationale dans les établissements qui s'affichent comme partenaires du développement du pays? «Nous avons été très désagréablement surpris par certaines entreprises marocaines qui ont annulé leur voyage», s'indigne Tahiri, qui, s'il comprend la réaction quelquefois excessive des étrangers qui viennent pour la première fois au Maroc, se déclare profondément déçu par le manque de maturité de certains opérateurs marocains. L'appel des professionnels est désormais lancé. Les Marocains, particuliers et entreprises, doivent se mobiliser pour soutenir le tourisme intérieur et participer à accélérer la relance de l'activité, qui fait vivre un pan important de la population de la ville ocre. Au lendemain du drame (Lire reportage sur www.lesechos.ma), artisans, restaurateurs, taximen et bien d'autres s'inquiétaient, mais gardaient le sourire et une totale confiance en l'avenir.
