Partenaire privilégié de l'Union européenne, le Maroc se positionne depuis plusieurs années comme un acteur volontaire dans le domaine stratégique de l'énergie. Dans le rapport Prospective Maroc 2030, Ahmed Lahlimi Alami, Haut commissaire au plan, souligne notamment l'importance capitale de ce secteur «pour le développement durable et la compétitivité du pays». Le CDER s'inscrit clairement dans cette perspective. Créé en 1982, à une époque où le développement durable était loin d'être en vogue, ses buts étaient déjà multiples, réunissant, d'après Saïd Mouline, directeur général du CDER, «promotion de l'utilisation, de la commercialisation et de la fabrication de systèmes exploitant les énergies renouvelables». Mais en près de trente ans d'existence, le CDER a réussi à se développer en diversifiant ses activités, ajoutant à ses cordes la recherche, la publication d'études, la sensibilisation, la formation, le financement ou encore la réalisation de projets. Un projet visionnaire Innovant à sa création, développé depuis, le CDER continue à conceptualiser ses activités, puis à mettre les concepts en pratique. C'est ainsi que se qualifiant «d'opérateur de développement», le Centre a réussi à développer une multitude de compétences. Comme l'explique Mouline, dans des projets solaires par exemple, le CDER «agit comme référent technique apportant son assistance pour la réalisation des études de faisabilité technique, économique et financière. Il propose le cahier des charges de consultation des fournisseurs, donne son avis sur les offres techniques des fournisseurs et accompagne l'investisseur tout au long de la réalisation du projet, la réception des installations et le suivi de garantie technique des résultats (approche de service)». Loin de se borner au rôle d'encadrant technique, le Centre a étendu son idée de développement durable avec un soutien budgétaire constituant un «financement durable». Fonds de garantie des efficacités et d'énergies renouvelables, le FOGEER est partie intégrante d'une stratégie économique visant à favoriser les systèmes de financement pérenne des projets, à attirer les capitaux marocains autant que les investissements directs étrangers, ainsi qu'à mettre en place des systèmes d'incitation. Politique énergétique nationale Une loi a récemment été adoptée par le Royaume, prévoyant la mutation du CDER en Agence de développement des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique, ou ADEREE*. Avec cette transformation, la dotation budgétaire et les champs d'activité du CDER seront étendus afin, selon Saïd Mouline, de mieux «contribuer à la réussite de la nouvelle politique énergétique nationale». Et les nouvelles priorités de l'ADEREE se mettent en place rapidement, avec par exemple cette coopération avec le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) visant à mettre en place un Programme national d'efficacité énergétique appliqué au domaine du bâtiment. Ce projet prévoit d'ici dix ans une réduction sensible de la facture énergétique marocaine par l'emploi de 15 à 20% d'énergies renouvelables dans ce secteur. Et ce n'est qu'un début. L'ADEREE a ainsi «développé un plan d'action basé sur la mise en place de programmes structurants de promotion des différentes filières énergies renouvelables et efficacité énergétique». Fondée sur une approche locale au travers de «partenariats institutionnels stratégiques», la nouvelle envergure de l'ADEREE n'en doit pas moins favoriser aussi la coopération internationale. Une vision euro-méditerranéenne L'ADEREE pourra dans cette perspective compter sur la dynamique déjà impulsée à travers le CDER. Ayant bénéficié du soutien du ministère italien de l'Environnement, le CDER est aussi partenaire de bon nombre de structures européennes privées (EPIA, ES-SO, AuditAC, EuroACE, Reegle, etc.). Par ailleurs, le Centre travaille en collaboration avec la quasi-totalité des pays du pourtour méditerranéen, notamment par l'échange d'information au travers de rencontres thématiques régulières, mais aussi par la mise en place de partenariats spécifiques, comme dans le domaine du bâtiment avec la Tunisie, le Liban et l'Egypte. Dans le cadre de son programme d'appui à la réforme du secteur énergétique au Maroc, l'UE financera un jumelage institutionnel visant le renforcement des capacités de l'ADEREE, concernant l'ensemble des responsabilités dont elle aura la charge. Ce projet permettra à l'ADEREE un apprentissage et un partage d'expériences quotidiens avec une agence européenne «jumelle» (de par ses fonctions et attributions), et ce de 2010 à 2012. Les activités du CDER se sont souvent inscrites dans le cadre de programmes européens ou euro-méditerranéens, comme le Smap (programme-cadre Euromed de développement durable), l'EPBD Building Platform (initiative pour une énergie intelligente) ou bien encore MED-ENEC (programme régional Euromed d'efficacité énergétique). La coopération mise en place par MED-ENEC, «très prometteuse», selon Saïd Mouline, a permis à la fois une «mise en réseau des experts de la région», le «partage des bonnes pratiques dans le bâtiment», un «benchmarking sur les politiques d'efficacité énergétique et expériences menées par les pays de la région», ainsi qu'un «appui à la sensibilisation et à la mobilisation de partenaires institutionnels et privés clés». Volontarisme national, échange régional fructueux, soutien européen actif, structure adéquate et vision prometteuse : la mutation du CDER en ADEREE a, semble-t-il, tous les atouts pour réussir la transformation énergétique du Maroc. *Mutation effectivement opérée et le MASEN (Moroccan Agency for Solar ENergy),créé en novembre 2009. «Les Echos», partenaire exclusif d'Eurojar «Les Echos quotidien» vous propose, dans le cadre d'un partenariat avec Eurojar, une série d'articles sur les nouveaux enjeux des pays du pourtour méditerranéen. «Les Echos quotidien» est le partenaire exclusif au Maroc. Le site, eurojar.org, contraction de Europa Jaratouna (l'Europe, notre voisine), fait partie d'un projet de communication multimédia, exécuté suite à un appel à propositions lancé par la Commission européenne sur la région concernée par la «Politique européenne de voisinage». Cette région englobe, entre autres, les pays méditerranéens du Sud et de l'Est et les huit pays arabes concernés : Liban, Syrie, Jordanie, Territoires palestiniens, Egypte, Tunisie, Maroc et Algérie. Eurojar est un projet de communication réalisé par un consortium qui inclut le groupe L'Orient-Le Jour (société de presse libanaise), comme chef de file, le groupe Al-Hayat (société de presse panarabe) et LBC (Lebanese Broadcasting Corporation – un groupe de chaînes libanaises et arabes).