C'est le long-métrage italien du réalisateur Alessandro Angelini, Alza la testa, qui a raflé le Grand Prix de la 16e édition du Festival international du cinéma méditerranéen de Tétouan. La comédie dramatique a remporté la large adhésion du jury composé des Français Pierre-Henry Deleau et Ahmed Bouchaala, de l'Italienne Ginella Vocca et des Marocains Younès Migri et Narjiss Nejjar.Histoire d'un père et d'un fils que l'épouse et mère a quittés, le film développe la relation proche et conflictuelle entre deux êtres livrés à un face-à-face parfois douloureux. Le père devient ainsi «père poule» au point de refuser de voir son fils adolescent tomber amoureux d'une jeune femme, d'une autre personne que lui. Le père tentera d'intéresser son fils à son métier, la boxe, avec succès, jusqu'à ce qu'un violent conflit les oppose et qu'ils en viennent aux mains. Parti à moto à l'issue de la dispute, le fils est victime d'un accident qui le plongera dans un coma profond. Les médecins reviendront vers le père pour lui demander un don d'organe, le cœur de son fils, ce à quoi il finira par acquiescer... au bénéfice d'un travesti. Une histoire de rapports entre un père et son fils Pour l'artiste marocain Younès Migri, «le scénario du film et le jeu des acteurs promettent une belle carrière à cette production italienne». C'est devant une salle comble, plus de 1.000 personnes réunies dans le très bel espace du Ciné Teatro Espagnol à la place El Feddan de Tétouan, que s'est déroulée la cérémonie de clôture, en présence notamment de la vedette égyptienne Mahmoud Abdelaziz et des réalisateurs marocains Noureddine Lakhmari, Jilali Ferhati et Hassan Benjelloun. Ce dernier a vu son film Les oubliés de l'histoire, déjà primé à Tanger en janvier dernier, remporter le prix du public. Auparavant des hommages ont été rendus à l'acteur marocain Mohamed Bastaoui, au réalisateur turc Reha Erdem et à l'acteur syrien Ayman Zidan. Malgré quelques couacs au niveau de la mise en scène de la cérémonie, le public a pu apprécier la part faite aux ateliers de cinéma cette année avec une importante participation de jeunes de la ville. La cérémonie a vu des échanges sur le cinéma d'aujourd'hui «qui permettent de mettre en relief l'espace et le temps». Les réalisateurs sont «les prophètes du futur», a ainsi déclaré un amateur. Le festival qui avait ouvert ses portes le 27 mars dernier en présence de la star italienne Claudia Cardinale a permis la projection de 18 court-métrages et de 12 long-métrages dans 5 espaces de la ville. La veille de la clôture, vendredi 2 avril, une large table ronde sur «l'état du cinéma marocain» a réuni dans l'après-midi nombre de réalisateurs et de professionnels. De plus en plus de voix s'élèvent pour réorganiser le calendrier des festivals de cinéma au Maroc et les classer par ordre d'importance et d'intérêt. De nombreux professionnels jugent la dispersion des efforts néfaste à l'évolution du secteur qui continue de pâtir, malgré les progrès de ces dernières années, d'un manque de production cinématographique soutenue. Fondé en 1985, le FICMT s'est doté en 2006 d'une Fondation du Festival présidée par Nabil Benabdellah. L'édition 2010 a permis au grand public de découvrir des productions de 12 pays, dont la Turquie, l'Egypte, la France, l'Espagne, le Portugal, l'Albanie, la Tunisie, la Syrie, la Grèce et l'Algérie.L'ambition des prochaines éditions reste de poursuivre la professionnalisation de l'organisation de la manifestation et d'accroître la présence de stars internationales afin de rehausser la place de Tétouan dans le cinéma arabe et méditerranéen, et de continuer d'en faire «la vitrine d'une volonté culturelle» marocaine et méditerranéenne. Cette 16e édition était dotée d'un budget de 6 MDH.