«Tout voyage est une aspiration à Dieu». C'est en ces termes que Mohamed Kabbaj, président de la Fondation Esprit de Fès, a présenté vendredi 19 mars, le thème de la nouvelle édition du festival des musiques sacrées de Fès : «Voyage initiatique». Un voyage musical à travers les cinq continents, au cœur de la ville impériale. Pour sa seizième édition, le Festival de la ville spirituelle n'a pas manqué à sa promesse, celle de faire de la musique un ambassadeur de la paix et de la compréhension universelle. Pour cela, pas moins d'une vingtaine de nationalités s'y donnent rendez-vous du 4 au 12 juin pour le plus grand plaisir des mélomanes venus des quatre coins du royaume, mais pas seulement. En effet, cet événement, désigné en 2001 par l'ONU comme étant l'une des manifestations marquantes internationales ayant remarquablement contribué au dialogue des civilisations, peut être aujourd'hui fier de son aura mondiale. Créé en 1994, le festival des musiques sacrées de Fès a initié plusieurs événements de l'autre côté du détroit, mais également dans le Nouveau monde. Spirit of Fès Inc. organise tous les deux ans un programme du Festival et des Rencontres de Fès à travers 20 villes américaines. Milan, Londres et Madrid ont également souhaité devenir des relais de ce message dont est porteur le festival. Un message de dialogue des civilisations, à travers la musique et la création artistique. Ben Harper pour la première fois Fès a vu naître des personnalités des arts, des chiffres mais également de la pensée philosophique. Elle devient, aujourd'hui, le berceau de la création artistique spirituelle. Et si le public aura l'honneur de découvrir des artistes d'exception tels Dhafer Youssef (Tunisie), Cotipuas de Raghurajput (danseurs d'Inde), Kiya et Ziya Tabassian (Iran), Jordi Savall (Jérusalem) ou Epi (Mongolie), il sera ravi d'apprendre la venue de figures mythiques de cette musique qui transporte les âmes. Citons parmi elles, les voix du gospel américain par excellence, The Blind Boys of Alabama, ou le chanteur syrien, Sabah Fakhri qui, à l'occasion du festival, s'entourera des quatre plus grandes voix d'Alep, Sheikh Habboush, Mustafa Hilal, Ahmad Azrak et Safwan Abib. Une autre figure musicale internationalement reconnue débarquera au cœur de la cité du sacré, avec sous les bras un répertoire inédit, exceptionnellement travaillé pour le festival : Ben Harper. Pour la première fois au Maroc, le chanteur américain se produira à Bab Al Makina le deuxième soir du festival pour un concert acoustique qui promet d'être mémorable. Mais ce n'est pas tout. Grandiose, le festival des musiques sacrées de Fès ne se contente pas d'ouvrir la porte de la création musicale, il la provoque. Initiateur de rencontres, passerelle entre les mondes et les cultures, la fondation Esprit de Fès prévoit également pour ses seize ans de festival d'accueillir des créations artistiques d'aujourd'hui, parce que le sacré n'est pas un héritage du passé, mais une inspiration continue à travers le contemporain. Sizero Tabla Experience donnera à voir un spectacle unique réunissant chants traditionnels, danse kathak, nouvelles musiques et images numériques. Un travail réalisé avec la collaboration de la Cité de la musique, à Paris. Hommage à Othmane Benjelloun Depuis maintenant neuf ans, le festival des musiques sacrées de Fès, n'est plus le même. Et pour cause. Cet événement qui, au départ était perçu comme élitiste parce que payant, a brisé les murs pour sortir dans la ville. Chaque année donc, depuis 2001, les ruelles de Fès s'animent du «Festival dans la ville». Un événement au cœur de l'événement qui donne à voir aux Fassis et festivaliers venus nombreux des concerts d'artistes de talent, pour la plupart marocains. Un hommage rendu au patrimoine musical qui est le nôtre, souvent oublié quand on parle de musique internationale. Parce que pour découvrir les musiques du monde, il faut d'abord connaître la sienne. Du 5 au 13 juin, les festivaliers auront le plaisir de retrouver les voix d'Asma Jabri, Najat Atabou, Rouicha ou encore Jil Jilala, pour ne citer qu'eux. Mais Fès festival, ce n'est pas que de la musique. Bien que celle-ci soit le porte-parole du message de paix et de solidarité, plusieurs rencontres sont prévues en marge de l'événement pour débattre et échanger autour de ce que «l'autre» peut apporter. Du 5 au 9 juin, cinq conférences seront organisées sur le thème du voyage : intérieur, dans les écritures, comme pèlerinage ou exil, mais aussi en tant que mythe. Et comme à son accoutumée, la Fondation de Fès ouvrira le bal sur les résultats de la troisième année des rencontres sur l'Union pour la Méditerranée. Prévue les 2 et 3 juin, cette réunion entre chefs d'Etats, ministres, universitaires, représentants de la société civile et académiciens du pourtour méditerranéen, portera sur l'éducation et la culture. Un hommage sera également rendu à cette occasion à Othmane Benjelloun.