L'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara, Christopher Ross, a entrepris samedi une visite aux camps de Tindouf dans le cadre d'une tournée dans la région entamée jeudi à partir de Rabat. A l'issue de ses entrevues avec les responsables marocains, Ross a déclaré lors d'un point de presse vendredi à Rabat que «la bonne volonté des parties est la voie pour résoudre le conflit du Sahara». Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères Taïeb Fassi Fihri, a déclaré que «la position du Maroc a été exprimée à l'Envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU pour le Sahara, par la plus haute autorité du Royaume, SM le Roi Mohammed VI». L'option de l'indépendance écartée «La finalité du processus est de parvenir à une solution mutuellement acceptable, conformément à la logique de compromis et, donc, d'une 3e voie. Enfin, l'autodétermination comme principe général à mettre en œuvre, dans son acception réelle, diversifiée, moderne et surtout sans exclusive», a déclaré Fassi Fihri. La position marocaine attire l'opinion internationale sur l'urgence à surmonter l'impasse actuelle et à mettre fin à un statu quo préjudiciable pour la région du Maghreb. Le Maroc a regretté aussi la position rigide et non constructive de l'Algérie et du Polisario qui conditionne toute solution politique, exclusivement, par la tenue d'un référendum à options multiples et extrêmes. Lors de son périple algérien, Ross s'est entretenu samedi avec la délégation des négociateurs du Polisario Mahfoud Ali Beiba et M'hamed Kheddad et a rencontré Mohamed Abdelaziz. Le dernier round des négociations entre le Maroc et le Polisario, tenu le mois de février près de New York aux Etats-Unis, s'est achevé «sans parvenir à un accord», avait indiqué Ross dans un communiqué. Ces pourparlers sont intervenus après la rencontre entre les deux parties, tenue en août 2009 à Durnsteïn en Autriche. Ils s'inscrivent dans le prolongement des négociations directes, sous l'égide de l'ONU, engagées en juin 2007 par le Maroc et le Polisario, dont quatre rounds se sont tenus à Manhasset, aux Etats-Unis. La tournée de Christopher Ross devrait prendre terme en Mauritanie et en Algérie le 25 mars, selon le programme de la visite rendu public par le porte-parole de l'ONU, Farhan Haq. Côté algérien, les membres de deux délégations du Polisario de l'intérieur qui se sont envolés pour Alger les 16 et 17 mars, participaient à une manifestation de soutien au Front dimanche à Alger. Afin de ne plus cacher le soutien de l'Algérie au Polisario de l'intérieur, samedi les membres de ces deux délégations avaient été reçus par Mustapha Farouk Ksentini, président de la Commission algérienne des droits de l'homme. Le même jour à Rabat, plusieurs ONG sahraouies avaient manifesté devant le bureau de l'ONU pour dénoncer la séquestration des femmes à Tindouf. À Khouribga, l'Union internationale pour le soutien à l'autonomie avait tenu un grand meeting pour rendre hommage aux anciens détenus du Polisario. Une région autonome sous souveraineté marocaine En réponse à un appel de la communauté internationale, réitéré d'ailleurs depuis 2004,le Maroc s'est engagé à soumettre une initiative pour la négociation d'un statut d'autonomie de la région du Sahara, dans le cadre de la souveraineté du Royaume et de son unité nationale. Par cette initiative, le Maroc garantit à tous les Sahraouis, à l'extérieur comme à l'intérieur, toute leur place et tout leur rôle, sans discrimination ni exclusive, dans les instances et institutions de la région.Ainsi, les populations du Sahara géreront elles-mêmes et démocratiquement leurs affaires à travers des organes législatif, exécutif et judiciaire dotés de compétences exclusives. Elles disposeront des ressources financières nécessaires au développement de la région dans tous les domaines et participeront, de manière active, à la vie économique, sociale et culturelle du Royaume.L'Etat conservera ses compétences dans les domaines régaliens, en particulier la défense, les relations extérieures et les attributions constitutionnelles et religieuses du Roi.Le statut d'autonomie, résultat des négociations, sera soumis à une consultation référendaire des populations concernées, conformément au principe de l'autodétermination et des dispositions de la Charte des Nations Unies. Robert M. Holley : Directeur exécutif du MACP*à Washington D.C. «Sérieuse et crédible» Les Echos : Pourquoi ce timing pour envoyer la lettre des sénateurs à la secrétaire d'Etat Hillary Clinton ? Robert M. Holley : La lettre a deux objectifs principaux. Elle profite de l'élan de celle adressée par 233 membres de la Chambre des représentants (US House, ndlr) l'an dernier sur le même sujet, soutenant la politique américaine vis-à-vis du Sahara. Cette dernière est favorable à une solution basée sur un compromis politique et négocié qui octroierait à la région une large autonomie sous souveraineté du Maroc. Elle qualifie l'initiative marocaine de «sérieuse et crédible» pour les négociations en cours. La lettre soutient les déclarations de la secrétaire d'Etat , lors de sa visite au Maroc en novembre dernier, qui clarifiaient que cette politique est demeurée constante depuis l'administration Clinton, en passant par Bush, et maintenant avec Obama. A-t-il été facile de coaliser 54 membres du Sénat américain autour de la proposition marocaine ? C'est un fait inédit pour le Sénat d'appuyer une lettre avec autant de signataires. C'est le résultat de nombreux mois d'efforts de la part de l'ambassade du Maroc aux Etats-Unis et de l'équipe qui y travaille au nom du Maroc. Il est important de noter que le but de la lettre est de soutenir la politique américaine dans ce dossier. Les sénateurs sont-ils conscients de la relation entre montée du terrorisme au Maghreb et persistance d'un conflit qui risque d'en augmenter la menace ? Tant qu'il existe plusieurs menaces dans la région qui préoccupent les sénateurs, ce conflit persistant sera vu par ces mêmes sénateurs dans le contexte suivant : comment mieux soutenir les intérêts américains dans la région, notamment en termes de sécurité, de stabilité, de développement économique et d'accès aux marchés ? * Moroccan American Center for Policy