Ambiance chaude hier au siège de Méditel. Le personnel et les cadres se sont fait l'écho des articles parus dans la presse émiratie sur la conclusion de l'accord entre Méditel et le géant Etisalat pour la reprise de 45% du capital de l'opérateur national. L'information n'a rien de surprenant, puisque les milieux d'affaires marocains en parlaient déjà depuis plusieurs semaines et n'attendaient que l'annonce officielle. Mais il se trouve que cette fois, la presse émiratie avance même une date, le 16 mars, pour la grande sortie du management à cet effet. Contactés, les responsables de Méditel affirment qu'«officiellement, rien n'a encore été tranché». Une réponse classique dans ce cas de figure, puisqu'il s'agit de négociations stratégiques et que les personnes impliquées directement dans les tractations et habilitées à communiquer sont comptées sur le bout des doigts. Donc, en l'absence de déclaration commune, on ne peut conclure qu'à une surenchère et à des pressions de la part des acquéreurs potentiels pour en tirer le meilleur profit. Méditel est convoitée et on ne peut que s'en réjouir. Le marché marocain intéresse les grands opérateurs internationaux et particulièrement les opérateurs du Moyen-Orient, qui cherchent par tous les moyes un développement à l'international et une couverture géographique «rentable» pour leur business, et c'est tant mieux. Le DG de Méditel en personne, Mohamed Elmandjra, avait déclaré l'été dernier, au moment de la sortie des Espagnols et des Portugais, que «rien n'était exclu». Mieux encore, que ce soit pour Etisalat parce que c'est de lui qu'il s'agit aujourd'hui, ou de Qtel dont il était question il y a quelques semaines, tout ce petit monde a défilé dans les bureaux du top management de Méditel, accompagné de banquiers d'affaires et de conseillers pour «faire leur offre». Cela est un fait. Donc, les tractations sont effectivement en cours et la cession d'une partie du capital est imminente. C'est une évidence, eu égard au business plan initial et aux nouveaux enjeux de l'opérateur sur le marché national. Le mois de mars est la période idéale pour procéder à ce genre d'opérations stratégiques, pour la simple raison que c'est la période où les bilans sont bouclés, où il est possible d'avoir une base actualisée pour évaluer l'entreprise et donc avancer un prix. C'est aussi la période qui permet d'assurer une transition et une mise à jour des business plans et des plans de communication, sans grands dégâts. Dans l'expectative Aujourd'hui, tant que les négociations sont en cours, tout cela est «en suspens», une situation des plus inconfortables quand on a en face un challenger qui sort ses griffes et qui annonce même avoir des vues sur Méditel. Ce qui nous amène à regarder de plus près ce qu'impliquent de tels changements au niveau de la concurrence. À première vue, on peut avancer avec beaucoup d'assurance que l'arrivée d'Etisalat dans le tour de table de Méditel est une très bonne nouvelle pour le deuxième opérateur national, dans la mesure où il lui ouvrira les portes de l'Afrique et de l'Asie. Rappelons que l'émirati offre déjà ses services de télécommunications dans 14 pays. De tels développements ont coûté énormément à Maroc Telecom par exemple, et le retour sur investissement n'est pas encore palpable à la lecture des derniers résultats annoncés. Du côté de Wana Corporate, on opte plutôt pour le wait & see, car une entrée fracassante d'un spécialiste qui a des gros moyens financiers et un appétit d'ogre risque de remettre en question tous les plans optimistes d'Inwi.