En général, les hommes ne le disent pas. Ou ils le disent peu ou mal. En vérité, ils ont du mal à le dire. Ils n'aiment pas le dire et n'aiment pas non plus ceux qui le disent. Ils disent que ça les minimise. Que ça les amenuise. Que ça les dévirilise. Pourtant, qu'ils n'aiment ou qu'ils n'aiment pas, moi, aujourd'hui, je vais vous le dire, à vous toutes, qui que vous soyez et où que vous soyez, que vous soyez d'ici ou d'ailleurs, qu'on vous l'ait déjà dit ou jamais dit, je vais vous le dire individuellement et collectivement, je vais le crier pour que tout le monde m'entende : FEMMES, JE VOUS AIME ! Bien sûr, si je vous le dis aujourd'hui publiquement et ostentatoirement, c'est parce que c'est votre fête. C'est une des raisons. Il y en a encore 1000 autres. Je dois vous le dire et le redire : femmes, je vous aime. Je vous dis que je vous aime même si je n'aime pas trop ce que vous avez fait de nous. Oui, parce que sans vous, nous ne serions jamais ce que nous sommes : des hommes. Personnellement, je n'en suis pas particulièrement fier. Ça peut ressembler à une lapalissade, mais les hommes ne seraient jamais des hommes s'il n'y avait pas les femmes. Elles ne croyaient pas si mal faire. Entre nous, vous auriez dû faire un peu plus attention. Oui, si nous sommes, nous les hommes, aussi forts, aussi puissants, aussi «supérieurs», et si nous sommes devenus aussi hautains, aussi mesquins, aussi suffisants, bref, aussi mâles et si bien dans notre peau, c'est grâce à vous. Pardon, c'est à cause de vous. En effet, aussi bien dans le passé lointain que dans l'actuel présent, et probablement encore dans l'avenir à venir, les garçons étaient, sont et, hélas, seront toujours plus choyés, plus gâtés, plus cajolés, plus bichonnés que les filles, et par qui, parbleu ? Par leurs mamans. Des femmes ! Le fils se doit de ressembler au père pour être et rester un homme ! C'est la maman qui lui apprend, dès son plus jeune âge, à commander, à donner des ordres, et, surtout, à se faire respecter. Se faire respecter par qui, d'après vous ? Par sa sœur, bien sûr, mais aussi par sa cousine, par sa copine, et, tant qu'à faire, par sa voisine, par la copine de la voisine, par la sœur de la copine de la voisine, et bien d'autres si affinités. C'est normal : une fille, une femme, quelle qu'elle soit, doit respect, obéissance et égard au garçon, à l'homme. Sinon, gare à elle ! Gare à vous, les femmes ! Aujourd'hui, vous dites : STOP ! Parce que vous êtes des femmes et que c'est vous qui nous avez faits, mal faits, vous n'avez pas peur de nous. Vous n'avez plus peur. Après tout, nous ne sommes que des hommes. Oui, femmes, je vous aime, parce que si vos grand-mères, vos mères, vos tantes, vos sœurs, et même certaines d'entre vous, l'avaient admis presque comme une volonté divine, vous refusez que vos filles l'acceptent comme une fatalité. Déjà, vos filles, nos filles veulent que les hommes les aiment pour ce qu'elles sont, c'est-à-dire des femmes, et voudraient qu'ils n'aient pas honte et qu'ils le leur disent. Moi, en tout cas, je ne me fais pas prier. Je le dis, sans peur, sans crainte, sans rougir et sans frémir : femmes, je vous aime. Nous, on le sait, nous ne sommes pas des saints, mais vous, non plus, vous n'êtes pas parfaites, mais je vous aime comme vous êtes. Oui, je vous aime belles et créatrices, rebelles et provocatrices, redoutables et coquines, diables et malignes, intelligentes et trompeuses, insolentes et menteuses, comploteuses et charmantes, infidèles et aimantes, jalouses et habiles, douces et versatiles, entêtées et langoureuses, effrontées et savoureuses. En un mot comme en 1000 : vous êtes à croquer ! Femmes, je ne vous le dirai jamais assez : je vous aime. Au fait, bonne fête !