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Pauvre que tu es, frérot !
Publié dans Albayane le 07 - 05 - 2010

Je suis jeune. À la fin de ce mois, j'aurai mes vingt-sept ans si Dieu le veut. J'ai toujours cru en Dieu, eu peur de lui et obéi à ses ordres. Je n'ai jamais fumé. Jamais bu. Je suis un homme de principes.
J'ai toujours suivi le droit chemin et me suis écarté de celui de Satan, que Dieu le maudisse ! Et, cette chose qui rend aveugles les jeunes frivoles, cette chose qu'ils appellent l'amour, moi, je m'en suis toujours moqué et l'ai toujours combattue par la prière et le sport. Beaucoup, beaucoup de sport. Toujours du sport. Mais, ce qui est fatal est fatal, et, l'Homme, le faible, ne peut l'éviter !
Le coup de foudre
Un jour parmi les jours de Dieu, je suis sorti de chez mon coiffeur et j'allais traverser pour me rendre au hammam faire mes ablutions, et après à la mosquée faire ma prière, quand mon regard a croisé une frimousse ronde, radieuse, pleine de charme. Elancée, la jeune fille était toute vêtue de noir et sa tête, toute sa tête, était complètement couverte d'un voile luisant bleu, de ce beau bleu trouble qui fait penser à cette couleur dont Dieu a doté certains yeux. Couverte d'une manière telle qu'aucun de ses cheveux ne se voyait certes ; néanmoins, on ne pouvait les deviner que très beaux et soyeux, vu la joliesse de la physionomie. Rien d'autre n'apparaissait à part le visage. Et ce visage grave, mon Dieu, qu'il était blanc ! Du lait ! Et que les yeux étaient grands, larges ! Et noirs, noirs, noirs ! D'un noir naturel, sans la moindre trace du khôl ! Ses mains, ses menottes, étaient elles aussi couvertes de gants noirs, mais, pouvaient-elles être autrement que jolies, vu la splendeur de ce qui était visible ? La personne, vous dis-je, en un mot était belle, belle, belle ! Si belle qu'un bon musulman, en la voyant, en l'apercevant, avait le devoir de dire, au moins deux fois : gloire à Dieu le créateur ! C'est ce que j'ai dit en tout cas moi en toute spontanéité. Et aussitôt, j'ai pris la décision de demander sa main, et prié Dieu de faire qu'elle soit à moi. Je n'avais jamais cru, auparavant, au coup de foudre, mais ce jour-là… ! Et puis, le sport, d'accord, mais jusqu'à quand ? D'autant plus que, il faut le dire, l'idée de parachever ma foi en prenant une épouse commençait à me trotter déjà par la tête depuis pas mal de temps. Surtout depuis que mes frères installés en France m'avaient dit que je pouvais les rejoindre. La France et le célibat, me disais-je, c'est sans aucun doute la porte grande ouverte à Satan le maudit.
Vous pouvez me trouver comme vous voulez et rire autant que vous voulez, c'était comme ça. Je suis incapable, même aujourd'hui, de décrire mes sensations de ce moment-là ; et je ne peux expliquer ce courage que j'ai eu, qui m'a poussé à la suivre et à lui tendre la main pour la saluer et lui parler, moi le timide, moi qui n'ose porter deux fois mon regard sur une femme !
Le front ridé par le sérieux, Abla (c'est son prénom), très calmement, m'a dit : «Si tu es musulman, je suis ta sœur en Islam, toutefois, je reste étrangère pour toi, et, notre prophète, que le salut soit sur lui ! n'a jamais serré la main à une étrangère». Je n'ai su que répondre, j'ai rougi, et balbutié quelque chose pour exprimer mes bonnes intentions. Elle m'a tout simplement ignoré et elle est partie, sage, d'un pas lent, sûr, les yeux bien baissés. Je l'ai suivie discrètement, de loin, le cœur battant, et, après une quinzaine de minutes de marche, je l'ai vue entrer chez elle. Entendez, chez ses parents.
J'avoue que je n'étais pas satisfait du résultat de mon aventure ; et tout de même content, voire heureux, qu'elle n'ait pas répondu à mon salut par une poignée de main. Mais, me suis-je dit, celle-ci, par-dessus la beauté dont Dieu l'a dotée, ne ressemble en rien à toutes ces filles frivoles, hardies et d'une liberté d'allure insoutenable. Et, au fond de moi, cela m'a rassuré, a atténué mon sentiment de déception. Car, quel est le mieux, me suis-je dit, avoir affaire à une fille correcte, qui craint Dieu, même si elle te fait brûler à petit feu, ou à une diablesse qui a le feu, qui ne craint ni le créateur ni ses créatures ? Mais, mon malheur, c'est que depuis ce jour-là, je n'ai pas eu la chance de la croiser, même en me plantant pour de longs moments, de temps en temps, au bout de leur quartier. Et, ce n'est qu'après deux mois que j'ai pu la revoir, à un moment où je commençais à refroidir et à me dire qu'elle n'était pas faite pour moi ; à un moment où je ne songeais plus à elle, occupé et préoccupé que j'étais par mes papiers que je préparais pour partir en France.
Deux mois plus tard
La rencontre était un pur hasard ; et le hasard, parfois, vaut mieux que mille rendez-vous, comme on dit chez nous. C'était dans un bus. Elle se rendait à sa faculté alors que moi, un dossier à la main, j'allais à la mouqataa. Je lui ai parlé et elle m'a répondu aisément sans même faire semblant de ne pas me reconnaître comme font d'habitude les filles. J'étais ravi, car, au contraire, elle a souri, contente sans doute de voir que j'avais bien retenu la leçon puisque je l'avais saluée sans lui tendre la main. Je l'ai accompagnée jusque devant sa fac, et pour nous épargner les regards des indiscrets, je lui ai dit, loin, bien loin du portail : « A bientôt » et suis parti. Mais pas avant d'avoir vidé mon cœur, exprimé pudiquement mes sentiments, et lui avoir arraché difficilement un rendez-vous. En cours de route je lui avais raconté toute ma vie. Je ne m'étais pas tu une minute. Je parlais, parlais, parlais, de tout, avec détails, de ma famille, de mes projets, de ce que j'aime et n'aime pas. Je m'adressais aussi bien à sa sensibilité qu'à sa raison ; j'usais de tous les procédés susceptibles de persuader et de convaincre, le Coran et les hadiths à l'appui. Elle m'écoutait attentive, m'approuvait par des regards innocemment doux et des petits sourires de temps en temps, à peine perceptibles. Et moi, satisfait, je causais, causais, causais. Intarissable !
«Pourquoi veux-tu partir ailleurs ? m'a-t-elle dit. Pour l'argent ? Accommode-toi du peu que tu peux gagner dans ton pays, cherches-y du travail aussi modeste soit-il, et, qui cherche trouve ; Dieu est grand ; et qui remplit son cœur d'amour de Dieu, son vœu ne tombe jamais à l'eau». Elle n'a rien dit d'autre, à part ces courtes phrases. Et quelles phrases ! Quelle joie j'ai ressentie à les entendre ! Elles me suffisaient ! Des phrases pour lesquelles, spontané comme je suis, je l'ai remerciée. Non, ce n'étaient pas des paroles ordinaires qu'on entend dire souvent à un jeune désespéré qui exprime son vœu de partir. C'était, pour moi, un message ! Clair ! Une approbation dissimulée, la pudeur oblige. Alors je lui ai répondu un peu troublé : « Je crois que c'est ce que je vais faire et Dieu apportera soulagement. » Et sans tarder, le lendemain, j'ai commencé à chercher du travail et, après seulement une semaine de recherche acharnée, j'ai réussi, grâce à l'aide de Dieu, à travailler dans une société pour un salaire de 2200 dirhams ! Que j'aie accepté de travailler ici, moi qui ne parlais tout le temps que de l'étranger, a été une grande surprise pour mes parents ! Moi aussi j'ai été étonné de voir comment j'avais vite changé, et surtout, la rapidité avec laquelle j'avais pu travailler alors que des milliers et des milliers de pauvres jeunes cherchent en vain pendant des années ! Incroyable ! Une chance inouïe ! Deux chances au fait : le travail et la rencontre avec une personne exceptionnelle ! L'épouse de l'avenir ! Abla ! Qu'ai-je dit tout à l'heure ? Le hasard ? Non ! C'est la volonté de Dieu !
La demande en mariage
Abla que je n'ai revue, après la coïncidence du bus, que rarement, et, très hâtivement à chaque fois, a vite commencé à refuser de me rencontrer en disant que nos rencontres étaient illégales, prohibées par notre religion, et que nous devions demander pardon à Dieu pour les deux ou trois précédentes. Pourtant, nous ne faisions que parler et rêver, sans jamais sortir du droit chemin ! J'ai exposé l'affaire à l'imam de la mosquée où je fais régulièrement mes prières et il lui a donné raison. Le sachant très sévère, contre la musique, contre la plage, contre le cinéma, contre la peinture, contre les pépites, et tant de belles choses, je n'étais pas convaincu. Sachant que l'Islam se base sur les intentions et que la mienne, Dieu en est témoin, était le parachèvement de ma foi, j'ai posé la question à un autre érudit, des Jbala celui-la. Sa réponse, hélas, était la même. Alors, j'ai proposé à Abla une solution : les fiançailles. Puisque mon salaire était respectable, que le premier étage de la maison de mes parents était toujours à notre disposition et que ma bonne conduite d'un bon musulman qui ne boit pas, qui ne fume pas et qui applique les préceptes de l'Islam auxquels sa famille, très conservatrice, est très attachée, le refus ne serait imaginable si je me présentais à ses parents pour leur demander sa main comme le veulent nos traditions ; au contraire, ils ne pourraient être que très ravis et très fiers. N'est-ce pas ?
Hésitations
Elle m'a dit de patienter, que le travail n'est pas tout, et qu'elle ne désirait pas loger dans une maison avec mes parents. J'ai été étonné et lui ai dit qu'une bonne musulmane, comme elle, ne doit jamais parler comme ça parce que, d'une part, Dieu nous a recommandé d'être toujours bons avec les parents, et notre réussite dans la vie, dépend bien de leur bénédiction ; d'autre part, mes parents, longue vie à eux ! m'ont toujours dit qu'ils étaient prêts à appeler les adouls à la maison et à mettre le premier étage en mon nom le jour où je me marierais. Elle a baissé les yeux et s'est tue. Mais, lorsque je lui ai dit que je parlerais à mon père de notre projet de fiançailles, elle m'a répondu : « Et si mes frères refusaient ces fiançailles ? » Pourquoi refuseraient-ils ? À cause de mon salaire bien sûr ! C'est bien dommage parce qu'ils ne savent pas, eux, que ce que je touche, mon père, ancien travailleur en France, le touche multiplié par dix ! Mais, moi, je ne voudrais jamais, en aucun cas, demander sa main en me présentant en tant que tel, fils de tel, qui gagne telle ou telle somme par mois !... C'est ma personnalité et mon sérieux qui comptent !
Sa réponse, à la fin, a été : «Attends que je décroche ma licence». Incapable de dire non, j'ai accepté d'attendre deux longues années, et ai demandé au bon Dieu qu'elles passent vite ! Que peut le mort devant son nettoyeur ? Rien ! Que peut l'esclave devant son maître ? Rien ! Que peut le mouton devant son égorgeur ? Rien ! Comme elle ne refusait pas catégoriquement l'idée, je me disais que j'avais de l'espoir, qu'elle changerait d'avis et qu'elle finirait par accepter ces fiançailles qui sont pour une bonne musulmane, un engagement quand même, et qu'il ne fallait de ma part qu'insister en en reparlant de temps en temps . Ma mère que j'avais mise au courant de mon projet, en apprenant que la fille était mouhtajiba (voilée) et d'une famille conservatrice comme la nôtre, était très contente, même sans l'avoir vue ; et, à l'occasion de l'Aïd elle lui a téléphoné et lui a présenté tous ses meilleurs vœux. Ma sœur, à qui j'ai parlé d'elle, avait hâte de la rencontrer ; et, quand ça été fait, elle l'a trouvée belle, pudique, mais était inquiète car sa réponse, m'a-t-elle dit, quand elle lui a parlé du mariage, était : «Et, c'est ta maman qui m'achèterait des médicaments si je tombais malade ?» Je ne vous cache pas, qu'en entendant cela, j'ai été ébahi et ai eu un pressentiment. Mon cœur a sauté violemment dans ma poitrine. Voilà une interrogation rhétorique qui n'avait pas besoin d'une réponse ! N'est-ce pas ? Et, que signifie-t-elle ? me suis-je demandé ; qu'une seule chose : que le refus dont elle m'avait parlé auparavant, était, en vérité, le sien et non de ses frères dont elle m'avait dit avoir peur ! Pourquoi le mensonge ? Pourtant elle avait exprimé son accord en me disant clairement qu'elle ne voudrait qu'un homme correct, et, qu'elle ne trouverait pas mieux que moi ! Elle m'avait même dit qu'elle était contente d'avoir rencontré un jeune homme connaissant et respectant l'Islam, aussi correct, aussi sérieux, aussi sincère que moi, et qu'elle remerciait Dieu de m'avoir mis sur sa route ! Pourquoi les gens changent, comme ça, rapidement ? Pourquoi ne gardent-ils pas toujours la même peinture ! Mais pourquoi ? Pourquoi ?...C'est ça l'islam ?... J'ai décidé alors de ne pas chercher à la revoir, de ne pas lui téléphoner, d'attendre et de voir ce qu'elle ferait, si elle prendrait l'initiative d'appeler ou non. Il fallait tirer les choses au clair !
Quinze jours sont passés depuis sa rencontre avec ma sœur, puis vingt, puis un mois, mais elle n'a pas téléphoné une seule fois pour me dire au moins bonjour ! Comme ce maudit silence a coïncidé avec la période des examens, je me suis dit que peut-être elle était tellement occupée et préoccupée par ses préparations qu'elle n'avait pas trouvé de temps même pour se gratter la tête… De mon côté, Dieu m'en est témoin, j'ai maintes fois commencé à composer son numéro de téléphone et me suis arrêté au deuxième ou troisième chiffre en me disant : «Non, résiste, il faut que les choses s'éclaircissent…» Hélas, après deux mois, son appel n'avait pas eu lieu, et moi je suis devenu de plus en plus angoissé et je me répétais : «Et si elle était malade, et si elle avait perdu mon numéro de téléphone ?…».
Quand j'ai appris que les examens avaient déjà eu lieu, et que les résultats étaient affichés à la fac depuis longtemps, je m'y suis rendu en courant. Son nom ne figurait sur aucune liste ! Elle avait échoué ? C'est pour ça que…? Impossible ! Elle est pourtant travailleuse !
J'ai alors demandé à ma sœur d'aller frapper à leur porte, de se présenter comme une sœur d'une étudiante copine à Abla, qui demandait à celle-ci un livre, histoire d'écarter tout soupçon ; et, d'essayer, une fois tête à tête, de voir pourquoi ce long silence et ce qu'elle avait en tête. Sans oublier bien sûr de demander comment était le résultat. Ma sœur, aimable, et très sensible à ma souffrance, malgré sa timidité, a accepté sans hésitation de me rendre ce service.
Le mot de la fin
Je ne peux vous décrire dans quel état était ma sœur quand elle est revenue ! À part ses yeux gonflés, tous rouges, la brunette qu'est ma sœur était toute jaune ! À la voir, on eût dit une poule égorgée ayant perdu tout son sang, jusqu'à la dernière goutte ! Je voyais bien qu'elle avait pleuré tout au long du chemin du retour, qu'un malheur était arrivé ; je l'avais vite compris ; mais à qui, à elle ou à Abla ? Ma pauvre sœur avait été agressée en cours de sa mission ? Abla souffrait d'une maladie grave ? Un accident ? Un de ses proches était décédé ? Une crise liée à un mauvais résultat à la fac ? Le cœur battant très fort, ayant hâte de savoir, j'ai demandé en suppliant ce qu'il y avait. Mais ma sœur n'a pas répondu tout de suite ; il lui fallait beaucoup de courage et elle a mis beaucoup de temps avant d'en trouver pour lancer enfin en sanglotant : «Pauvre que tu es frérot !... Ta naïveté n'a pas de pareille… Tu t'es fié aux apparences… Tu as cru être tombé sur une sainte… Frérot, ta Abla s'est mariée… Elle n'est plus là… Elle est à l'étranger… Je n'ai pas cherché à savoir où… Parce que c'est sans importance… Abla est avec son Antar !… Frérot, tu as Dieu… Demande-lui de la patience…».


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