En début de semaine, le Groupe l'OCP et la société marocaine Fertitech officialisaient «la signature d'un contrat concernant une nouvelle offre commerciale pour la distribution des engrais phosphatés sur le marché national». Voilà, pour en reprendre l'essentiel, toute l'information communiquée à la presse. Pourtant, ce partenariat commercial est le premier d'un nouveau genre d'accords que veut établir l'OCP avec les distributeurs d'engrais sur tout le territoire national. C'est, également, une déclinaison concrète de ce tournant stratégique qu'entreprend le leader mondial des phosphates dans sa manière d'aborder le marché local. «La concrétisation de ce type de contrat démontre l'implication du Groupe OCP dans le développement de la consommation rationalisée des engrais au Maroc», souligne Mhamed Ibnabdeljalil, directeur exécutif en charge du pôle commercial au sein du groupe. Il ambitionne surtout de «faire évoluer les distributeurs d'engrais du statut de simples intermédiaires à celui d'acteurs à part entière de la chaîne», éclaire pour sa part Hassan Boughaba, PDG de Fertitech. Au passage, cette dernière entreprise, première des nombreux autres opérateurs qui devraient suivre, regroupe un réseau de distribution sur tout le territoire national de plus de 90 revendeurs et dispose d'une unité industrielle à Safi. Comment fait-on d'un distributeur d'engrais, un acteur plus actif ? En fait, le pack commercial nouvellement introduit par l'OCP est assorti d'une liste d'engagements que prennent les commerçants d'engrais, d'être plus actifs et plus proches des agriculteurs, pour développer des formules d'engrais qui s'adapteront mieux à leurs besoins et favoriseront une utilisation maîtrisée de ces matières. Certains objecteront que ces promesses sont formulées depuis des années, sans que l'on en voie forcement les déclinaisons concrètes, mais la grande nouveauté aujourd'hui est que cette obligation est traduite de manière contractuelle. «Toutes les actions à mener auprès des agriculteurs sont annexées au contrat sous forme de canevas rigoureux», détaille le patron de Fertitech. À cet engagement d'accompagnement des agriculteurs, s'ajoute une batterie de critères d'éligibilité auxquels doivent se plier les partenaires désignés de l'OCP, notamment en termes de stockage. Cette dernière composante est particulièrement stratégique sur le marché des engrais, étant donné que quand la demande pour ses produits se manifeste, elle intervient en grande quantité et doit être satisfaite rapidement. À qui parviendrait à satisfaire à l'ensemble de ses exigences, l'OCP s'engage à fournir de l'engrais à des conditions avantageuses, autant en termes de quantités et de prix que de conditions de financement, sans compter des mesures d'accompagnement et de soutien par la mise à disposition de la carte de fertilité du Maroc. La mise en place de ce mécanisme contractuel est de nature à garantir les performances commerciales de l'OCP sur le marché local, pour lequel le groupe nourrit de grands espoirs. En effet, depuis le début de l'année, l'OCP a dédié tout un département à la gestion du marché local (qui était jusqu'à cette date couvert par la division Afrique) et a surtout alloué une quantité d'engrais spécifiques pour ce marché, apprend-on auprès d'une source proche de la société. Tout en sachant que les marchés demandeurs de ses produits ne manquent pas à travers le monde, il est compréhensible que l'OCP veille à sécuriser l'écoulement de la quantité qu'il dédie au Maroc. Autre fait non dénué d'importance, ce ciblage du marché local participe d'une volonté de l'OCP d'accompagner le développement de la filière agricole, dans le cadre du plan Maroc Vert. «À travers ce nouveau contrat, le Groupe OCP veille à assurer un approvisionnement équilibré en engrais phosphatés pour tout le secteur agricole national, tant sur le plan qualitatif que quantitatif», explique, à ce titre, Hind Hamma, responsable pour le marché local. L'objectif ultime que s'assigne le groupe, est de mettre en place les fondements d'une agriculture raisonnée et durable au Maroc en contribuant à l'amélioration de la productivité agricole nationale, mais aussi en créant des synergies durables avec tous les acteurs du secteur agricole afin de consolider les bases d'une agriculture moderne dans le cadre du développement durable. Le tout part, bien évidemment, du postulat internationalement reconnu, qui démontre qu'une meilleure gestion de la distribution des engrais représente un atout pour les distributeurs et pour les agriculteurs. R.H Semer en Afrique aussi À côté du marché local, c'est le marché africain, dans son ensemble, qui devrait bénéficier d'un effort d'ajustement de la démarche de ciblage engagée par l'OCP au titre de l'année 2011. L'intervention de Mostafa Terrab, directeur général du Groupe OCP, prononcée à l'occasion de l'ouverture des activités de la 2e édition du FMB Africa, tenue à Marrakech le 9 mars 2011, permet de s'en assurer. Quatre orientations majeures sont préconisées par Terrab pour le marché africain. La première insiste sur la nécessité de doter le secteur agricole africain d'une vision claire, capabale de permettre la conception puis l'adoption d'une stratégie de production efficace. En second lieu, l'accent est mis sur l'intérêt de développer des filières agricoles, conformément aux exigences du marché africain, en s'appuyant sur la recherche scientifique. Ensuite, l'importance devrait être donnée, selon les recommandations de Terrab, sur les partenariats entre les pays africains, tant au niveau des gouvernements que des organes législatifs ainsi qu'entre acteurs privés et professionnels du secteur, initiant ainsi une politique agricole de proximité. Enfin, l'enjeu est d'investir dans le domaine agricole et de l'outiller afin de réussir à combler les besoins des marchés et des populations. Le tout devra composer avec les contraintes qui continuent de pénaliser l'Afrique au niveau structurel, à savoir notamment le circuit de financement, l'équipement en infrastructures ou encore le maillage logistique.