L'assurance marocaine fait globalement mieux que ses voisins maghrébins. C'est en somme ce qui ressort de la lecture de la dernière «étude sur les marchés maghrébins de l'assurance» menée par Standard & Poor's. Une étude qui sonde les marchés marocain, tunisien et algérien et brosse l'esquisse de leurs réalisations et leurs potentialités. Un potentiel entouré d'optimisme par les analystes de la «major» de la notation financière. «Nous estimons que la croissance de la demande d'assurance peut potentiellement dépasser celle des économies locales sur le long terme», avance l'étude. Pour cette conclusion, S&P s'appuie sur le faible taux de pénétration dans la région, la faible exploitation de certaines lignes de métier comme l'assurance-vie et habitation, ainsi que sur le développement soutenu de certains secteurs générateurs de primes tels l'immobilier et les infrastructures. Ceci dit, il est clair que le secteur des assurances marocain a une nette longueur d'avance sur ses deux voisins. Si les trois pays présentent plusieurs similitudes, des différences de taille persistent. Bourse à double tranchant Outre le volume d'affaires (primes émises), nettement plus profond au Maroc, dépassant le double du volume algérien et le triple de celui réalisé en Tunisie, le royaume se distingue particulièrement par le développement de ses canaux de distribution, dont le partenariat avec les banques est la clé de voûte. «La percée de la bancassurance au Maroc est un facteur clé dans le développement de l'assurance-vie et épargne ces dernières années», analyse-t-on chez S&P. Egalement, la diversification des placements des assureurs, notamment leur recours au marché action, est un signe de maturité à souligner. D'autant plus que «le marché action marocain offre des investissements plus profonds et plus variés», comparé à ses voisins. Toutefois, ce dernier point, certes positif, est en fait un avantage à double tranchant. En ce sens où les participations en capital sur le marché accroissent l'exposition des compagnies aux risques boursiers et entraînent un renchérissement relatif du coût du risque. «Le secteur marocain connaît une pression sur la solvabilité ajustée du risque (Risk-Adjusted Capital) en raison de la forte exposition des assureurs au risque action», estime l'agence de notation. La gestion du risque et l'adéquation des fonds propres constituent en effet l'un des axes d'amélioration les plus saillants de l'assurance marocaine, qui est quelque part mise sous pression par sa forte dynamique commerciale et l'amélioration rapide de son taux de pénétration. Par contre, en mars 2010, Standard & Poor's a relevé le rating de la Société centrale de réassurance (SCR) qui affiche désormais la meilleure notation de la région (BBB+ contre BBB, donc positive au lieu de stable). De son côté, le marché algérien se caractérise par la prépondérance de l'Etat et les exigences minimales de participations publiques dans le tour de table des compagnies, ce qui limite l'attractivité. La situation actuelle en Tunisie conditionne l'analyse, mais les perspectives à long terme sont jugées nettement positives. «La transition politique que connaît actuellement la Tunisie, et le ralentissement économique qui en résulte, pourrait temporairement stopper la croissance du secteur de l'assurance. De plus, nous estimons que les assureurs locaux font face à une hausse des risques financiers», analyse S&P dans son étude. Un risque financier accru notamment lié à la volatilité du marché action et à la hausse du risque de crédit, et qui devrait entraîner l'orientation des assureurs tunisiens vers la gestion du risque en portefeuille plutôt que vers le développement de l'activité et la croissance du chiffre d'affaires. O.Z