Le groupe OCP plane très haut sur le marché des phosphates, disposant des 2/3 des réserves mondiales. Le royaume en recèlerait 50 milliards de tonnes, contre seulement 3,7 milliards pour la Chine et 1,4 milliard pour les Etats-Unis. Mais en dépit de cet avantage naturel, il reste encore bien loin de son réel potentiel d'exploitation. C'est en résumé ce que défend le cabinet MEED, spécialisé dans la région MENA, dans une récente étude comparative entre les différents grands pays leaders, producteurs et exportateurs. Une lecture conjoncturelle, qui tombe à point nommé, au moment où Mostafa Terrab, le DG de l'Office, vient tout juste de faire baisser le rideau sur le FMB Africa Challenge, le rendez-vous international des fertilisateurs du continent. La coïncidence n'est certes pas fortuite. «Malgré le fait que les mines marocaines aient haussé leur production de 13% en 2010 pour atteindre 26 millions de tonnes, il se trouve pourtant que la Chine et les Etats-Unis maintiennent leur avance, avec respectivement 65 millions de tonnes et 26,1 millions de tonnes», comparent les experts du groupe. La réalité des chiffres est évidente et le cabinet MEED est allé plus loin, en essayant de déterminer les principales sources de cette dualité. «Le royaume est confronté à un problème d'énergie, lié notamment au manque de ressources en gaz naturel. Cela limite les capacités du royaume pour la transformation domestique en minerais d'engrais», explique-t-on chez MEED. Ce message semble avoir été bien perçu par OCP. En effet, parmi les derrières orientations de sa stratégie, OCP semble accorder une importance accrue à la transformation locale, couplée aux activités d'exportation de phosphate brut. D'ailleurs, on annonçait sur ce même support, en marge du dernier FMB Africa Challenge, la mise en place prochaine à Safi d'une nouvelle unité dédiée à la production de phosphates destinés à l'alimentation animale. Le groupe suisse Omya, est partenaire de l'Office dans ce projet (voir Les Echos Quotidien du lundi 14 mars 2011). Opportunité conjoncturelle OCP compte aussi capitaliser sur une conjoncture bien particulière, marquée par la crise alimentatrice dans plusieurs régions du monde. Développer l'agriculture, est devenu le leitmotiv de la plupart des politiques locales, notamment dans les pays du continent noir, ce qui a priori devrait conduire- si ce n'est déjà le cas d'ailleurs - à une situation favorable à l'envolée de la consommation en fertilisants et autres produits phosphatés, comme le sous-entend MEED. Certains pays ont déjà mis en place des politiques budgétaires spéciales à l'encouragement à la consommation d'engrais pour accroître les récoltes agricoles... et ça commence à payer pour OCP. C'est le cas par exemple du Kenya, où la société kenyane d'engrais MEA et l'Office viennent récemment de signer un contrat portant sur l'exportation au Kenya de 100.000 tonnes d'engrais par an. Idem pour le Mali, où l'entreprise vient de décrocher une commande de 25.000 tonnes d'engrais phosphatés, pour une valeur de 137,7 MDH. La crise alimentaire et des denrées de première nécessité a forcément un bon côté. S.F