Le conflit israélo-palestinien a servi de cadre au documentaire «My land» du réalisateur marocain. Témoignages de jeunes israéliens et de vieux palestiniens chassés de leurs terres en 1948 «Je suis né en France en 1969, d'un père musulman marocain et d'une mère juive, d'origine tunisienne». C'est par cette phrase poignante que commence le documentaire «My land» de Nabil Ayouch, présenté dimanche après midi dans le cadre de la 12e édition du Festival du film national. Un film qui témoigne de la situation politique et sociale d'un des lieux les plus opiniâtrement conflictuels de la planète : le Moyen-Orient. Ce qu'on y voit est très simple, mais engage en profondeur la sensibilité et la réflexion du spectateur. De jeunes Israéliens nés dans les territoires occupés et qui ont une mémoire «oubliée» et de vieux Palestiniens chassés de leur pays en 1948 et dont la mémoire est «figée». «Je ne suis pas historien, ni démographe, c'est pourquoi je n'ai pas abordé le sujet sous ces angles là. J'étais devant deux mémoires : celle de la jeune génération israélienne, qui est complètement oubliée vu que les gouvernements qui se sont succédé ont toujours occulté l'histoire et l'autre des réfugiés palestiniens qui s'est arrêtée en 1948, date de leur expulsion de la Palestine», explique Nabil Ayouch. Avant d'ajouter que son objectif était de secouer la mémoire des Israéliens en leur montrant les témoignages des Palestiniens. En effet, le réalisateur a commencé par la rencontre d'un certain nombre de réfugiés palestiniens qui vivent depuis plus de 60 ans dans des camps au Liban. Des images montrées par la suite à des jeunes Israéliens qui habitent aujourd'hui sur les mêmes lieux où vivaient ces Palestiniens. Une quête identitaire Au-delà d'un documentaire sur le conflit israélo-palestinien, Nabil Ayouch a entamé un long voyage à la recherche de sa propre identité. «Le regard que je porte sur ce conflit est celui d'un homme, issu d'un mariage mixte, entre deux cultures, deux religions, deux appartenances. Pendant des années, j'ai senti deux parties de moi se battre l'une contre l'autre sans que je n'arrive à l'exprimer». On l'a tous compris : Le réalisateur se sent tiraillé entre ces deux cultures. Pourtant, il a tenu à préciser dès le début du film, «qu'il y avait un agresseur et des agressés (...) Aujourd'hui encore, je reste convaincu que l'injustice que subit le peuple palestinien est immense». Décrié par certains, plébiscité par d'autres, «My land» n'a pas laissé le public de Tanger indifférent. D'ailleurs, la conférence de presse organisée lundi en fin de matinée, a drainé un grand nombre de personnes venues toutes pour rencontrer cet homme, qui a eu l'audace d'enfreindre ce «tabou».