Le Maroc est l'un des pays les plus riches en gravures rupestres. Des monts atlassiques aux régions présahariennes et sahariennes, nombreux sont les auteurs qui se sont émerveillés à découvrir ce domaine. En effet, les œuvres figurées sont très diversifiées : des formes géométriques, des anthropomorphes, des armes et des chars, des scènes de chasse et représentations fauniques...témoignent d'une occupation humaine liée aux voies de passage. Ces gravures anciennes, fortement patinées par le temps, sont difficiles à conserver. Certains motifs sont en bon état. D'autres, gravés dans des endroits où la roche est tendre, sont en phase d'effacement. À la date d'aujourd'hui, il est encore temps de réhabiliter ces gravures rupestres pour une meilleure conservation...Sinon, par le biais d'un procédé qui ne vieillit jamais : l'art. C'est ainsi et avec sensibilité et engagement que Moubarak Ammane et El Imam Djimi interrogent, chacun d'eux à sa manière, l'art rupestre. L'art contemporain, version rupestre Suggestion et effacement, transparence et opacité...c'est en ces termes qu'on qualifie aujourd'hui les travaux de Moubarak Ammane. Artiste très actif, il dirige des ateliers et mène de nombreuses actions artistiques en tant que lauréat de l'école supérieure des beaux arts. Dans cette exposition qui débutera le 9 février à la galerie Fan-Dok, l'artiste présente à travers un univers très contemporain des interrogations où l'art rupestre est roi. «La peinture de Moubarak dégage beaucoup de poésie, elle évoque une attention et un hommage à ces artistes préhistoriques». La peinture, omniprésente dans l'art rupestre, est faite de minéraux réduits en poudre et mélangés à des matières grasses animales. Du blanc d'œuf, des sucs végétaux, de la colle de poisson ou du sang, elle est soufflée avec des brosses faites de brindilles. À tous ces éléments de la préhistoire, Ammane voue un grand respect et s'incline devant eux. Grâce à une texture soyeuse et poétique, qui s'apparente intimement avec l'environnement naturel des gravures, il utilise des couleurs qui, fondant sur la toile, semblent être puisés dans la profondeur des roches. Une interrogation pour l'histoire Très loin du confort de Rabat et de celui des capitales du monde, ce sont les gravures des profondeurs du Sahara qui mobilisent l'attention d'El Imam Djimi. Né à Agadir en 1970, cet enseignant d'arts plastiques expose régulièrement depuis 1998, partout où l'inspiration le tient, au Maroc comme à l'étranger. Plus qu'un art, Djimi fait de l'art rupestre son leitmotiv pour une campagne de sensibilisation. Ses œuvres traduisent toute sa passion artistique et sa lutte contre la razzia et le dépouillement des trésors rupestres du Sahara. À la galerie Fan-Dok de Rabat et jusqu'au 13 mars 2010, on y perçoit une multitude de signes et de symboles, qui prodiguent une deuxième vie aux humains, comme aux animaux.