Le Musée de Bank Al-Maghrib, à Rabat, dévoile sa nouvelle exposition-événement «Sala, Trésors cachés d'une cité marocaine antique», qui se tiendra du 17 octobre 2024 au 30 avril 2025. Après avoir révélé les merveilles d'Aghmat et de Sijilmâssa, le Musée de Bank Al-Maghrib tourne aujourd'hui ses projecteurs sur Sala, une cité d'une importance capitale pour l'histoire et le patrimoine marocains. À travers cette exploration immersive, le musée propose de redécouvrir ce joyau antique, souvent méconnu du grand public. Conçue dans le cadre de la démarche scientifique du Musée de Bank Al-Maghrib, cette exposition poursuit l'objectif de mettre en lumière les trésors historiques des cités marocaines emblématiques. La longue histoire d'un site clé Après des décennies de fouilles, de récentes avancées ont mis au jour toute une cité antique sous le site du Chellah et de la nécropole mérinide, au bord du Bouregreg. C'est un centre urbain d'abord phénicien, puis maurétanien et enfin romain qui a occupé l'endroit durant toute l'Antiquité, témoignant de longs contacts avec la Méditerranée qui ont duré jusqu'au Ve siècle apr. J.-C. Après avoir été abandonné, il est devenu le lieu d'inhumation des premiers Mérinides, dont le «sultan noir» (sa mère étant dite d'origine abyssinienne), Abu al-Hasan ben Uthman, qui a laissé son nom à la tour emblématique de Rabat. Mais pour aussi loin que l'on a pu remonter, ce fut d'abord un comptoir et un port phénicien. Des fouilles du XXe siècle le laissaient penser, mais les indices étaient alors trop minces pour former la certitude désormais acquise avec les nouvelles découvertes. Au premier siècle avant J.-C., les habitants écrivent encore dans la langue néo-punique, puis, sous ses deux derniers dirigeants, Juba II et Ptolémée, le royaume de Maurétanie devint un Etat client de Rome. Des vestiges de l'époque de ces deux rois ont été découverts, dont leurs statues dans ce qui pourrait avoir été un temple en leur honneur. La cité romanisée Après la mort de Ptolémée de Maurétanie, dernier des rois numides en 40 après J.-C., la région est annexée par Rome et devient la province de Maurétanie Tingitane. La ville romanisée s'appelle alors Sala Colonia dans l'«Itinéraire d'Antonin», fameux ouvrage de l'époque, ou «Sala» tout court chez Claude Ptolémée, l'écrivain gréco-égyptien du IIe siècle. Sala resta liée à l'Empire romain même après le retrait, au IVe siècle, des légions romaines occupantes vers Tingis (Tanger) et Septem (Sebta). Le lieu était déjà un endroit clé du réseau de commerce et de communication. L'une des deux principales voies romaines atteignait l'Atlantique par Iulia Constantia Zilil (Asilah), Lixus (Larache) et Sala. Une autre a peut-être été construite vers le sud, de Sala à l'actuelle Casablanca, alors Anfa. Les Romains avaient donc deux principaux avant-postes navals : Sala et Lixus. Le port de Sala (aujourd'hui disparu) était utilisé par les navires commerciaux romains comme étape sur leurs passages vers le sud-ouest en direction d'Anfa et de l'Insula Purpuraria (ou île de Mogador), où étaient produits de précieux pigments de pourpre. On saisit l'importance qu'a toujours eue l'embouchure du Bouregreg pour la navigation, avant l'époque industrielle, et le commerce de l'époque. Une exposition captivante et didactique L'exposition Musée de Bank Al-Maghrib présente une collection unique et minutieusement sélectionnée de pièces de monnaie et d'objets archéologiques, offrant une plongée dans les moments clés de l'histoire de Sala. Deux séquences chronologiques structurent le parcours : la période maurétanienne et la maurétano-romaine. Grâce à une scénographie immersive et une narration captivante, les visiteurs pourront mieux comprendre l'évolution de Sala, de ses probables origines phéniciennes à son âge d'or sous le Royaume maure et l'Empire romain. L'objectif de cette exposition est non seulement de révéler le rôle central de Sala dans l'histoire antique du Maroc, mais aussi de valoriser l'importance du patrimoine archéologique national et de souligner les connexions historiques profondes entre le Maroc et les grandes civilisations méditerranéennes. À côté de cette exposition temporaire à ne pas rater, les visiteurs pourront aussi jeter un oeil aux collections permanentes du musée. Composée de plus de 30.000 pièces de monnaie, objets, instruments monétaires et billets de banque, le parcours «Histoire de la Monnaie» retrace le long d'une fresque chronologique l'histoire de la monnaie et du billet marocains depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours. De plus, riche de plus de 800 œuvres, la galerie d'art expose de façon permanente une collection de quatre-vingts œuvres. Des premières représentations du Maroc faites par des artistes orientalistes à la peinture marocaine moderne puis contemporaine, la collection de Bank Al-Maghrib rend hommage aux regards croisés des grands maîtres, marocains et étrangers. Une boutique permet enfin de se procurer des ouvrages de référence sur la numismatique, le patrimoine marocain et l'art en général. Murtada Calamy / Les Inspirations ECO