Président de la Confédération marocaine de l'agriculture et du développement rural (COMADER) Face à la sécheresse qui sévit dans le Royaume depuis cinq ans et qui affecte gravement la production agricole, le gouvernement tente de venir en aide aux agriculteurs locaux tout en ouvrant la porte aux importations. C'est le cas des viandes rouges et des céréales. Un recours à l'importation qui implique des exonérations fiscales. Que retenir de votre dernière réunion avec le Chef du gouvernement portant sur les mesures pour stabiliser les prix des produits agricoles ? Pour les prix, en 2023, nous avions tenu une réunion similaire à celle-ci et les mesures prises à l'époque nous ont permis de faire baisser les prix des fruits et légumes qui sont toujours maîtrisés. Le problème qui se pose cette année, c'est surtout le prix des viandes. Et cette réunion a permis de discuter des mesures idoines pour faire baisser les prix des viandes. Nous avons aussi parlé de ce qu'il nous fallait pour sécuriser la campagne agricole, surtout en approvisionnement d'eau. Je pense que nous avons eu les réponses à nos questions. Nous espérons que la campagne agricole sera pluvieuse afin de relancer le secteur et dépasser les problèmes actuels. Concrètement, quelles sont les mesures prises en faveur des agriculteurs et des consommateurs ? Le gouvernement va accompagner les agriculteurs nationaux avec des mesures idoines. Par exemple, dans certains bassins de production, il y aura un lâcher de barrages afin de permettre aux agriculteurs de semer. L'autre mesure que nous saluons, c'est les subventions aux agriculteurs, avec des mesures de soutien comme cela a été le cas l'année dernière. Sur un autre volet, le gouvernement va recourir aux importations de façon ponctuelle, afin de sécuriser l'approvisionnement du marché. Cette dernière mesure sert à assurer la disponibilité des produits en viandes rouges, le temps que le cheptel national puisse revenir à un niveau lui permettant de répondre à la demande nationale. Comment voyez-vous la politique de recours aux importations ? Il faut noter que si nous ne produisons rien, ou pas suffisamment, nous serons obligés d'importer et malheureusement, là aussi, le gouvernement sera obligé de subventionner les prix à l'import. Et à chaque fois que l'on subventionne les prix à l'import, cette somme d'argent part directement en devises à l'étranger. Autrement dit, nous subventionnons l'agriculture étrangère. Par contre, quand on subventionne la production locale, l'argent reste au Maroc et on subventionne l'agriculture locale, et il n'y aura pas de compensation. Maintenant, il faut dire que sans eau, il est impossible d'avoir une bonne production. Cela explique le recours aux importations. Malgré cela, beaucoup de produits ont été sécurisés en dépit du contexte de déficit pluviométrique. Nous avons réussi à le faire pour les céréales, les légumineuses, etc. Abdellah Benahmed / Les Inspirations ECO