Pratiques frauduleuses de quelques entrepreneurs dans la reconstruction post-séisme : une enquête et des sanctions judiciaires à la hauteur des abus réclamées

Les escroqueries des entrepreneurs dans le cadre de la reconstruction post-séisme de 2023 aggravent les souffrances des populations touchées, a appris Barlamane.com de sources sur place. «Exploitant la vulnérabilité des sinistrés, certains acteurs du secteur de la construction auraient abusé de leur position pour détourner des fonds, livrer des travaux de mauvaise qualité ou abandonner des chantiers», a-t-on indiqué. Ces pratiques, révélées par des plaintes croissantes et des témoignages poignants, remettent en question l'efficacité des mécanismes de contrôle, la transparence des marchés publics et les responsabilités des acteurs impliqués dans ce dossier.
Des entrepreneurs auraient abandonné des chantiers post-séisme dans la région de Marrakech après avoir reçu des paiements d'avance, laissant les sinistrés sans ressources, a appris Barlamane.com par des observateurs sur le terrain. Certains chantiers estimés à 40 % des travaux entamés dans les zones rurales ont été réalisés avec des matériaux de qualité inférieure qui menacent directement la sécurité des habitants, selon des spécialistes sur place.
Ces pratiques frauduleuses «ont entraîné des pertes économiques considérables pour les familles sinistrées dont 60 % avaient mobilisé l'ensemble de leurs économies pour financer les travaux», selon des témoins qui se sont confiés à Barlamane.com, lesquels déplorent «du laxisme dans le contrôle des projets.» Le cas spécifique des commerçants de la région de Talat N'Yaaqoub illustre bien cette situation : près de 60 % des locaux commerciaux détruits n'ont pas encore été remplacés par des structures adaptées. L'absence de ces installations compromet non seulement la survie économique des habitants mais aussi la relance commerciale d'une région gravement touchée.
La population consultée réclame que «l'inspection des travaux doit être systématique et confiée à des agences indépendantes dotées de compétences techniques certifiées», ajoutant que «des projets de reconstruction nécessitent un audit urgent.» Selon la même source, «les entrepreneurs doivent être soumis à des obligations de résultat avec la mise en place de retenues financières pour garantir l'achèvement et la qualité des travaux.»
Ils appellent également à une enquête officielle qui «doit être ouverte pour identifier et poursuivre les cas de fraude, avec des peines significatives pour les responsables.» À ce jour, moins les plaintes déposées par les sinistrés ont abouti à peu de poursuites judiciaires. D'après un acteur économique de la région, «le coût estimé des pertes liées aux fraudes dans les zones sinistrées pourrait atteindre 15 % du budget alloué à la reconstruction, soit environ 500 millions de dirhams.» Celui-ci insiste sur l'importance «d'une action concertée entre les acteurs publics, privés et la société civile pour rétablir la confiance et garantir une reconstruction équitable et durable.»