La Chine a annoncé vendredi avoir saisi l'Organisation mondiale du commerce (OMC), après la décision en juillet de l'Union européenne (UE) d'imposer des surtaxes sur les importations de véhicules électriques chinois. Bruxelles avait annoncé jusqu'à 38% de droits de douane supplémentaires provisoires sur les importations de véhicules électriques chinois dans l'UE, alors que Pékin est accusé d'avoir favorisé illégalement ses constructeurs. Les véhicules fabriqués dans les usines chinoises étaient jusqu'ici taxés à hauteur de 10% dans l'UE. «La Chine a saisi le mécanisme de règlement des différends de l'Organisation mondiale du commerce», a indiqué vendredi le ministère chinois du Commerce, appelant l'UE «à corriger immédiatement ses mauvaises pratiques». 4 mois Selon Pékin, Bruxelles «enfreint gravement les règles de l'Organisation mondiale du commerce» et «compromet» les efforts mondiaux en matière de lutte contre le changement climatique. La Commission européenne a désormais quatre mois pour décider de surtaxes définitives, ce qui laisse ouverte une fenêtre de dialogue. Ces droits définitifs, qui devront être avalisés par les Vingt-Sept, seraient valables cinq ans. Si la France et l'Espagne poussaient activement pour des mesures proportionnées, l'Allemagne, très engagée en Chine, bataillait au contraire avec la Suède et la Hongrie pour éviter des sanctions, craignant des représailles de Pékin. La Chine a menacé à plusieurs reprises de prendre des mesures de rétorsion. Protectionnisme ? L'UE affirme se conformer aux règles de l'OMC avec ces taxes qui visent à freiner les importations de véhicules électriques chinois sans les bloquer complètement, contrairement à la politique menée par Washington. De Mercedes à Ferrari, l'Europe est le berceau de marques automobiles prestigieuses. Championne des moteurs essence et diesel, elle craint pourtant de voir ses usines disparaître si elle échoue à endiguer la déferlante annoncée des modèles chinois qui ont une longueur d'avance dans l'électrique. Progression rapide Avec ces surtaxes, Bruxelles espère protéger une filière qui emploie 14,6 millions de salariés dans l'UE tout en évitant un conflit mortifère avec son deuxième partenaire économique. La Chine a doublé le Japon l'an dernier comme premier exportateur automobile. Elle a investi très tôt dans les batteries, coeur technologique des véhicules électriques dont elle a fait sa spécialité. En juillet, véhicules hybrides et électriques ont représenté plus de la moitié des ventes d'automobiles en Chine, une première sur ce marché particulièrement compétitif. En Europe, les marques chinoises progressent vite grâce à des tarifs compétitifs, mais jugés artificiellement bas par Bruxelles. Elles y sont passées de moins de 2% du marché des voitures électriques fin 2021 à près de 8% fin 2023, selon le cabinet spécialisé Jato. Sami Nemli Avec Agence / Les Inspirations ECO