Du nouveau dans la niche, encore sous-exploitée, de la finance islamique. Le lancement d'un nouveau produit, baptisé Moudaraba, serait imminent. Son principe consiste à financer entièrement l'entrepreneur et à partager les bénéfices (si bénéfice il y a), selon un pourcentage fixé lors de la rédaction de l'accord. La banque prend, par ailleurs, à son entière charge les pertes éventuelles. «Les responsables de Bank Al Maghrib nous ont assuré que l'autorisation pour plusieurs produits halal est dans le pipe», se réjouit Lahcen Daoudi du Parti justice et développement (PJD). Le nouveau-né permettra d'étoffer une palette de trois produits déjà existants (Ijara, Mourabaha et Moucharaka). Lors d'un exercice de questions-réponses devant les parlementaires, Salaheddine Mezouar, ministre des Finances, a invité les banques à s'ouvrir davantage et à développer leurs offres autour des produits alternatifs autorisés. Des offres commercialisées à ce jour sans tambour ni trompette. «Les banques ne communiquaient pas, dans la mesure où les produits halal étaient chers par rapport aux offres classiques», ajoute Lahcen Daoudi. En réa lité, ces produits n'étaient pas forcément plus chers que les produits classiques, mais plutôt «doublement taxés». La nouvelle baisse de la TVA décidée dans le cadre de la loi de finances 2010 est jugée rassurante. En instaurant une baisse de 20 à 10%, cette revision devrait aider les banques à mieux vendre leurs produits. Le buzz médiatique qui se fera autour de la question devrait pousser les autres banques à se défaire de leur réticence. En 2012, la donne changera Le gouvernement, longtemps réticent à autoriser l'ouverture de banques islamiques, a fini par «tolérer» les trois formes de financement, déjà mises en service par les grandes banques européennes et américaines (ijara, mourabaha, et mousharaka). Mais la donne devra changer très prochainement. Et pour cause, l'approche de la libéralisation du secteur bancaire est prévue pour 2012. L'introduction de différentes banques, dont les banques islamiques, deviendra, dès lors, une réalité avec laquelle le Maroc devra composer. Gouvernement et banques se préparent à cette introduction par l'encouragement et la diversification des produits alternatifs. Au-delà, certaines banques sur place seraient même en train de se pencher sérieusement sur le lancement de leur propre banque islamique. Le plus gros de l'effort doit encore se faire pour transmettre cette «confiance» aux clients qui sont encore méfiants vis-à-vis de ce types d'options. Zakat Alfawz, prochainement Il n'y a pas que les banques qui s'intéressent au créneau. L'engouement se traduit par plusieurs exemple, dont celui de Fawz Lyazidi, jeune Marocain rentré au bercail après plusieurs années passées aux Etats-Unis. Il envisage à court terme de créer un organisme financier d'investissement halal. Ce projet, en cours d'études et de négociation avec les pouvoirs publics, offrira la possibilité de générer du profit halal à travers des investissements dans l'immobilier. Avant de se projeter dans cette nouvelle aventure, il a initié, il y a six mois, Zakat Alfawz, organisation à but non lucratif qui opère sa levée de fonds à l'international pour les drainer vers les bonnes œuvres et au financement de projets caritatifs. La recherche des fonds se fait spécialement auprès des pays arabes au niveau des fonds collectés dans le cadre du paiement obligatoire de la Zakat (2,5%) imposable sur l'argent thésaurisé.