L'Afrique anglophone a certainement beaucoup de choses à inspirer à l'Afrique francophone dans le développement du business, dans un contexte de réalisation des objectifs de transformation économique et des matières premières. «En Afrique anglophone, on note une véritable volonté d'encourager une vraie collaboration entre les différentes parties prenantes qui contribuent au développement de l'économie dans le pays ou dans une région», déclare Nadine Tinen, CEO de Afrique Francophone Subsaharienne du Cabinet PriceWaterHouse Cooper (PwC). «On note également une plus grande confiance dans l'accompagnement par les banques, notamment une plus grande confiance dans l'utilisation de ses produits et services par les bénéficiaires dans le pays», ajoute-t-elle, en invitant l'Afrique francophone à suivre l'exemple. Il faut une plus grande collaboration entre les différents intervenants, qu'ils soient du secteur public comme du privé. Car le constat qui se dégage est que le rythme de transformation demeure moins important en Afrique subsaharienne francophone par rapport à d'autres exemples à travers le monde. Et cela pour plusieurs raisons. Maîtrise des coûts La première raison est relative à la gestion des questions primaires : réduction des coûts, de la diversification de leurs offres de produits et services, de la recherche de fournisseurs alternatifs, car le supply-chain de la logistique est un vrai défi. Il faut donc tout un travail de réévaluation des coûts des produits et ressources locales. «De même, ils doivent s'attaquer à une maîtrise de la hausse des prix afin d'en limiter l'impact sur leurs activités, tout en revoyant à la hausse leurs rémunérations, dans l'optique de ne pas décrocher dans la guerre des talents», renchérit Nadine Tinen. Cela pourra aider à relever les principaux défis de l'entreprise. Aujourd'hui, deux grands défis sont relevés. Le premier c'est celui de pouvoir continuer d'exister sur les 5 à 10 prochaines années. Le second grand défi tient à la capacité de transformation des entreprises africaines, en prenant notamment le train de la digitalisation. Fragilités Les défis d'accompagnement et de financement de l'économie sont aussi là. Si le secteur privé n'est pas financé et ne bénéficie pas du soutien que nous voyons dans d'autres zones, cela va créer des difficultés pour faire face aux enjeux de transformation. Ces enjeux exigent des capitaux importants, du personnel et des ressources pour aussi bien gérer l'immédiateté que de se projeter dans le futur. Ce qui est autant vrai pour les entreprises que pour les économies dans leur globalité, surtout pour certaines régions. «L'Afrique centrale est très fébrile financièrement, ajouter à ce lourd fardeau, la pandémie liée au Covid-19 et la guerre en Ukraine, on se retrouve face à la destruction du tissu économique des pays plus fragiles, malgré quelques efforts de transformation dans leur fonctionnement opérés par les dirigeants», se désole pour sa part, Paul Francis Nathanaël Tonye, juriste-conseil expert en droit des ressources naturelles. 7% de croissance Cette transformation devient donc nécessaire pour favoriser l'emploi et soutenir la croissance inclusive. Selon la Banque africaine de développement (BAD), en 2024, jusqu'à 41 pays du continent obtiendront un taux de croissance économique de 3,8%, et, dans treize d'entre eux, la croissance sera supérieure de plus d'un point de pourcentage à celle de 2023. Lors du lancement durant ce mois de février du rapport macro-économique de la BAD, Jeffrey Sachs, directeur du Centre pour le développement durable de l'université Columbia à New York, a souligné que le financement abordable à long terme devait faire partie de la stratégie de l'Afrique pour atteindre une croissance de 7% ou plus par an. Il a également alerté sur le fait que l'Afrique payait une prime de risque très élevée pour le financement de sa dette, tout en demandant que cette question soit portée à l'attention du G20. Abdellah Benahmed / Les Inspirations ECO