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La danse africaine entre renouveau et préjugés
Publié dans Les ECO le 06 - 01 - 2010

«La danse africaine ne perdra pas son âme en se tournant vers d'autres cieux. C'est de cette folklorisation qu'on lui reproche qu'elle ressuscitera». C'est par ces phrases que Bouchra Ouizguen ouvre la palabre à propos de l'art chorégraphique dans sa dimension traditionnelle. Danseuse chorégraphe et coordinatrice des Rencontres chorégraphiques de Marrakech, cette artiste sans frontières veille de près, à travers la troupe de danse «Anania» et par tous les moyens possibles, sur la promotion de la danse contemporaine en lui prodiguant une assise et un tremplin dignes de ce nom. Le Festival de danse contemporaine, 5e cru, confirme la volonté des organisateurs de regrouper des chorégraphes et danseurs venus des quatre coins du monde. Ils viendront ou reviendront d'Afrique, d'Amérique, d'Asie et d'Europe pour marcher ensemble. Dans les rues, empruntant toutes les voies, danseurs et danseuses caresseront l'intimité du public, sans la heurter. «Le festival est aussi cet endroit de discussion, d'analyse et de proposition sur un avenir meilleur», précise Taoufik Izediou, chorégraphe et directeur de ces rencontres. Ces dernières seraient la seule occasion de débat et de questionnement sur la danse en tant qu'art chorégraphique, son étendue, ses difficultés d'appréhension et sa gestation. Que ce soit dans un cadre global ou dans un contexte africain, le continent noir est la première victime des traditions «imaginaires» et de leur déficience.
Chanter, c'est bien...danser, pourquoi ?
Dans un continent où la plupart des événements correspondent à une danse particulière, la création contemporaine se trouve spontanément évacuée lorsqu'on évoque la danse africaine. Les danses traditionnelles remplissent tout l'imaginaire. Dites «danses de noirs», elles ont toujours fasciné l'Occident. Très prisés en Europe, notamment en France, des cours de danse fleurissent partout. Il existe même au-delà de la formation, un certificat d'aptitude élémentaire à l'enseignement, créé en 1970. Puis en 1994, la fédération européenne interprofessionnelle de danse africaine voit le jour. Elle octroie un diplôme d'enseignement, accessible non seulement aux Africains enseignant en Europe, mais aussi aux enseignants occidentaux. Des conférences de presse et des cycles de formation se tiennent à travers le monde. Dernier en date, le cycle Izlan Maroc, qui a eu lieu au musée quai Branly à Paris, du 27 novembre au 5 décembre 2009. Une grand messe d'artistes amazighs où l'art chorégraphique a été dansé, évoqué et expliqué sous de belle manière. Parce qu'il y a lieu de dire que le blues, le jazz, la samba ou le reggae, qui nous font valser depuis la des dizaines d'années, sont issus de l'art africain. Apparemment, ça ne suffit pas ! Tradition orale en mal de théorisation, folklorisation, difficulté d'appréhension déclenchée par la pauvreté de la langue en Occident ou ailleurs qu'en Afrique...Tout cela contribue au maintien d'une vision réductrice et folklorique d'un patrimoine des plus riches.
La danse africaine, victime...
Nombreux sont ceux qui se sont amusés à discréditer : «L'Afrique a une culture de la danse et non pas celle de la chorégraphie». Perçue sinon comme seul moyen de communication tribale, la danse demeure, du moins abordée, comme un phénomène sociologique et non comme une création artistique.
Pis encore, ces danses ont toujours essuyé des appellations réductrices. Danse de la pluie, danse de la réjouissance, danse de la pêche collective, danse des masques ou celle des mamans... Aucune place n'est laissée au hasard: elles sont précises et méticuleuses. Elles sont toutes intensément exprimées et évoquent un état d'esprit bien particulier. Les plus traditionnelles gravitent autour de la forme géométrique du cercle. D'une connotation spirituelle et sociale en Afrique noire, porteur d'un symbole de solidarité, de l'unité et de la famille pour ce qui est des arts chorégraphiques berbères, le cercle, ou l'arc de cercle est partout en Afrique symbole de fête. «Par ces chants, des messages, des sous-entendus, des informations, des critiques sont échangés dans le respect des règles de bienséance», explique Fatima Boukhris, chercheuse à l'Institut royal de culture amazighe. Pur produit de l'oralité, cette tradition est pauvre en écrits. La question serait : et si les conditions qui ont permis la préservation de ces expressions culturelles étaient les mêmes qu'auparavant? Et on ajouterait, de façon plus réaliste : est-il, en fin de compte possible de cataloguer tout un trésor, surtout quand ce dernier évolue au fil des tribus? Surtout lorsqu'on sait qu'au Cameroun par exemple, il y a quelque 240 ethnies, difficiles à répertorier intégralement.
Il faut sauver la danse africaine !
Les réponses à ces questions s'accordent à alerter «cette menace d'hybridation, sinon de transfiguration de ce que la danse exprimait par essence», s'alarme cette chercheuse spécialiste des arts chorégraphiques amazighs. Jusqu'à il y a peu, il n'existait presque aucun texte sur la danse africaine qui la définisse en dehors du cadre ethnologique.
Les ballets nationaux qui ont vu jour en France se devaient de pallier la théorisation de cet art. Le ballet de Koteba (Côte d'Ivoire – 1974), ballet de Djoliba (Guinée- 1964) ou le ballet Kokuma (Grande Bretagne -1976-2004) embrassaient le meilleur des danseurs et musiciens africains. Fascinant les grandes villes de l'Occident, la mode des artistes africains est lancée. Et avec elle, le début d'un caractère institutionnel, le moins favorable pour cet art. Confinant le style et la figure chorégraphique dans une pratique répétitive et similaire aux traditions, ces ballets ont conduit à bâcler l'esprit de renouveau et de créativité.
L'enjeu de la langue
Un autre enjeu est celui de la langue. Les arts chorégraphiques en Afrique, produit original des ethnies, ont subi les déperditions de la langue et partant, celle des expressions corporelles inhérentes à un vocabulaire pointu. Alphonse Tiérou, danseur chorégraphe et auteur de «Dooplé, loi éternelle de la danse africaine», semble avoir trouvé la formule pour joindre le lexique traditionnel à la création pertinente. En posant par écrit, pour une première fois, les assises théoriques de la danse au continent noir, il invite à l'utilisation du vocabulaire traditionnel, en ouvrant la voie à la création originale et contemporaine. Le résultat est saisissant. Rendez-vous est pris du 23 au 30 janvier 2010 à Marrakech, pour une plateforme qui marche dans le sens du renouveau.


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