Dans le domaine de la logistique, le transport routier reste le mode principal utilisé au Maroc. Inutile de rappeler que 75% de nos flux marchandises hors phosphates sont transportées par ce mode d'où l'importance de doubler les efforts pour le restructurer et le développer. Aujourd'hui, l'heure est au bilan. Les professionnels du secteur avaient signé avec le gouvernement un contrat-programme 2010-2013 qui arrive à échéance dans quelques mois. Dans ce cadre, une réunion a eu lieu au siège de la Direction des transports routiers et de la sécurité routière le 10 avril dernier entre les responsables du ministère et les professionnels. Au menu, l'évaluation des actions menées dans le cadre de contrat-programme. «Cette réunion a été l'occasion d'échanger avec les responsables du Département du transport autour des réalisations dans le secteur. Nous nous sommes convenu de faire des évaluations de nos actions chacun de son coté. Nous allons par la suite comparer nos évaluations en déduire les recommandations. Notre prochaine réunion est prévue pour le moi de juin» souligne Larbi Ziati, conseiller auprès de la Fédération nationale du transport routier. Mais, les professionnels ne cachent pas leur déception quant à l'application des dispositions du contrat-programme. Le grand chantier de la mise à niveau stagne, la vétusté du parc persiste et le contrôle continue de faire défaut. Dix ans après la libéralisation du secteur entrée en vigueur en 2003, le secteur ne semble pas sortir du tunnel. Il faut rappeler les objectifs fixés par la réforme de 2003 s'articulaient autour de trois axes: la suppression des agréments de transport de marchandises, la fin du monopole de l'Office national du transport (ONT) sur le fret et sa transformation en société anonyme consacrant l'introduction de la concurrence entre les opérateurs et, enfin, la restructuration du secteur et sa mise à niveau en révisant les conditions d'accès à la profession, en libéralisant les tarifs et en instaurant des contrats types entre les opérateurs. Si les deux premiers axes de la réforme ont été réalisés, le chantier de la mise à niveau peine à se concrétiser. «Vu le désordre qui caractérise toujours le secteur, il était nécessaire de redéfinir les conditions d'accès au métier par le biais de la formation. Dans ce sens, nous avons préparé un avant-projet de décret qui précise ces nouvelles conditions. Le gérant de l'entreprise du transport, à titre d'exemple,doit disposer d'une attestation justifiant une expérience de 2 à 3 ans dans le domaine en plus d'une formation Bac 2 dans le domaine du transport et de la logistique. Cette démarche qui implique le ministère du transport et celui de l'emploi ainsi que les professionnels permettra une certaine régulation ou ce qu'on pourra appeler une auto-régulation du secteur» explique Ziati. Un parc vieillissant Selon les professionnels du secteur le chantier du renouvellement du parc de poids lourds est loin d'être une réussite. Le ministère des Finances a même décidé d'arrêter l'octroi des primes à la casse instaurées initialement pour encourager les entreprises à renouveler leur parc. Les responsables du département des Finances estiment quecette prime n'a pas eu les effets escomptés puisque les entreprises de transport n'ont pas réussi à avoir accès aux crédits bancaires, vu leur fragilité financière. A rappeler que la prime à la casse qui a été programmée dans les lois de finances 2008, 2009, 2010 et 2011. Malgré le fait que cette prime a été revue à la hausse, elle n'a pas permis de rajeunir le parc pour la simple raison que les aides accordées se sont avérées inférieures à la valeur des carcasses à retirer du circuit. Pour les professionnels, il est urgent de revoir l'aide étatique avec une certaine garantie pour permettre aux transporteurs de financer le renouvellement de leur parc dans des conditions encourageantes. Plus de rigueur, moins de laxisme Selon un bon nombre des professionnels, le laxisme qui règne dans le secteur constitue un frein pour son développement. Ainsi, on assiste à la propagation de l'informel et au renforcement de l'atomicité du secteur avec 80% d'entreprises de transport disposant d'un ou deux véhicules. Sur un autre volet, les professionnels du secteur plaident pour l'instauration de la notion de gasoil professionnel vendu à un prix spécial, à l'instar de ce qui se fait dans certains pays d'Europe. Ils réclament également un taux de TVA aligné sur le même niveau que les pays de l'Union européenne ou encore l'instauration du le principe de l'indexation qui consiste à répercuter automatiquement le prix du gasoil sur le tarif de transport. Vu le nombre de projets à concrétiser et les amendements à introduire et les mesures d'accompagnement à mettre en place, il faut dire que le secteur de transport routier de marchandises a raté encore une fois l'opportunité de sa modernisation et sa mise à niveau. Des contacts sont déjà entamés entre professionnels et ministère de tutelle pour introduire les ajustements nécessaires et relancer la réforme. Et cette fois ci, le Maroc n'a pas droit à l'erreur !