Les mangues sont en train d'être récoltées, surtout en Casamance, région au sud du Sénégal qui fournit 60% des 150.000 tonnes produites chaque année dans le pays. Mais les producteurs font face au fléau de la mouche des fruits, ravageur invasif qui fait pourrir les mangues et qui a un impact négatif sur leurs revenus. Au pied des arbres vidés de leurs fruits, quelques mangues pourrissent à même le sol. La productrice Awa Sané a vendu sa récolte plus tôt que prévu, avant qu'elle ne soit attaquée par la mouche des fruits. «Quand il ne pleut pas, il n'y a pas de mouches. Mais quand il commence à pleuvoir, elles viennent et les mangues commencent à tomber. Beaucoup pourrissent, déplore la productrice. C'est pour cela que l'on a tout coupé. On a vendu ça. La somme n'est pas conséquente, mais on est obligé de vendre rapidement». Dans le verger du village de Tionkesil qui fait vivre plusieurs familles, le producteur Idrissa Agnaba estime les pertes à plus de 50% à cause de la mouche des fruits. «Ça nous fait perdre énormément d'argent. Quand la cueillette arrive, on ne prend que celles de bonne qualité, et les autres, on les jette. Il y a beaucoup de mangues qui sont tombées. On aurait pu les conserver, mais comme on n'a pas d'entreprises pour les transformer, la seule chose qu'on fait, c'est les cueillir pour les vendre, regrette le producteur. Le mieux c'est de vendre les mangues au kilo. C'est de cette façon que l'on se retrouve un tout petit peu». Ali Ndoye est banabana, c'est-à-dire commerçant qui achète les mangues casamançaises pour les revendre sur les marchés de Dakar ou Touba. Il a réduit son prix d'achat pour amortir les pertes. «Nous aussi, nous sommes impactés par la mouche, car on achète les mangues et quand on arrive à Dakar tout est gâté, donc on a des pertes énormes, indique-t-il. Je commence à récolter en juin jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de mangues, avant l'invasion des mouches c'était jusqu'en décembre, mais maintenant, je dois arrêter plus tôt». Mais le risque est encore plus grand pour les agriculteurs dont la production est exportée vers l'Union européenne. C'est le cas de Malick Coly. « Ça nous empêche d'avoir vraiment des revenus substantiels pour pouvoir vraiment vivre. Les mangues sont d'abord attaquées au niveau de l'arbre par les mouches, explique l'agriculteur. Parfois, quand on les cueille avant qu'elles ne mûrissent, il y a déjà des vers. Ça porte préjudice à ceux qui, comme nous, exportent les mangues en Europe. Lorsqu'on découvre ne serait-ce qu'une seule mangue pourrie dans un conteneur, c'est vous qui payez pour la destruction causée. Les produits qui entrent en Europe subissent un contrôle très rigoureux». Selon Boubacar Seydi, président de la plateforme d'innovation de la filière mangue, «en 2021, sur les 24.000 tonnes de mangues exportées, aucune cargaison casamançaise n'a été interceptée».