La France continue à être un modèle pour les Marocains, dans plusieurs domaines, publics et privés. Le Maroc, qui entame des réformes qui conditionneront son avenir, gagnerait à dupliquer le modèle français de gouvernance. Ainsi, les Marocains ont suivi avec un intérêt particulier comment la presse française a descendu en flammes un ministre en exercice, qui avait des comptes en Suisse et au paradis fiscal de Singapour. La réaction du gouvernement français a traduit des traditions démocratiques bien ancrées. Suite aux révélations de la presse, le ministre a dû démissionner du gouvernement et la justice s'est saisie de l'affaire. La liberté de la presse s'en retrouve confortée et le journalisme d'investigation valorisé. Le Maroc qui fait ses premiers pas vers la démocratie, devrait s'imprégner de ce bel exemple du devoir de reddition de comptes, pour assainir la vie publique, gagner la confiance des partenaires et des citoyens et amorcer son décollage économique. Cela dit, la presse devrait jouer aussi son rôle en toute crédibilité, professionnalisme et respect de l'éthique. Or, au Maroc, même avec ce gouvernement qui s'adosse à une Constitution révolutionnaire, on n'arrive pas encore à valoriser le travail journalistique et à tirer profit de ses investigations. Les exemples sont légion, dans lesquels des journaux marocains ont publié des enquêtes étayées par des documents officiels, avec à la clef des dilapidations de deniers publics et même des détournements de fonds, sans que cela ne trouve écho au sein de l'Exécutif. Pis encore, dans certains cas, ce sont les témoins qui sont traduits en justice pour des «délits» hallucinants! Vivement que cet exemple qui nous vient de notre premier partenaire soit appliqué chez nous. Ce n'est qu'à partir de ce moment là qu' on pourra réellement parler de reddition de comptes.