Président de l'Association des lauréats étrangers du Maroc (ASLEM) Selon le président de l'Association des lauréats étrangers du Maroc (ASLEM), l'entrepreneuriat est l'une des options privilégiées par de nombreux lauréats étrangers formés au Maroc. Makan Doucouré appelle à favoriser des cadres de rencontres et d'échanges afin de mieux fructifier les initiatives entrepreneuriales de ces lauréats. Que deviennent aujourd'hui la plupart des lauréats étrangers de l'enseignement supérieur au Maroc ? Il serait difficile de répondre avec précision à cette question, eu égard au manque de statistiques fiables à ce propos. Mais nous pouvons dire avec certitude, dans le cadre de la fédération de nos associations de lauréats du Maroc à travers le continent, que nous avons recensé énormément de lauréats qui occupent des postes de responsabilités dans toutes les sphères. Que ce soit ici au Maroc, ou dans leur propre pays. L'exemple le plus emblématique est celui du président de l'Union des Comores, Azali Assoumani, qui est un lauréat du Maroc. Cela dit, il y en a aujourd'hui qui occupent des postes de ministres ou directeurs généraux, et de hauts postes de commandement, que ce soit dans les instances civiles ou dans l'armée. C'est également le cas dans le secteur privé et ceux qui excellent dans les institutions internationales, à l'image de l'Union Africaine, l'ONU, sans parler de la société civile, ou encore des entrepreneurs et des cadres dans les grandes entreprises. L'excellence de la formation marocaine a permis d'avoir des lauréats qui occupent des postes de responsabilités. Pensez-vous que l'entrepreneuriat réussit à ceux qui s'y lancent parmi ces lauréats ? La réussite dans l'entrepreneuriat dépend de plusieurs facteurs. Je citerais d'abord la pertinence du business model, ensuite la disponibilité d'une équipe capable de mettre en place des solutions pertinentes pour concrétiser ce business model, et enfin le «mindset» de l'entrepreneur, qui doit être résilient, engagé et travailleur, sans parler de l'environnement favorable pour la réussite du projet. Cela dit, les lauréats du Maroc ont une très bonne formation qui leur permet de réussir dans leurs projets. Depuis quelques années, de nombreux lauréats formés au Maroc se sont lancés dans l'entrepreneuriat au Maroc. Nous avons des exemples dans les high-tech, la finance, etc. Ces entrepreneurs sont-ils davantage dans le business rapprochant leurs pays du Maroc ou dans des business opportuns dans leurs pays ? Ces entrepreneurs, qu'ils soient au Maroc ou dans leurs pays, travaillent de façon cloisonnée. C'est pour cela que notre association œuvre à les faire rencontrer pour ainsi créer un réseau. D'ailleurs, nous allons organiser cette année un forum économique afin de favoriser des rencontres B to B, et un sommet des lauréats étrangers du Maroc, pour permettre la création de joint-ventures avec des acteurs économiques marocains, dans l'optique de favoriser le «Made in Morocco» et le «Made in Africa» pour favoriser les échanges inter-africains, notamment à travers la ZLECAf. Pensez-vous que la formation dispensée au Maroc les prédispose à l'entrepreneuriat ? Je pense que oui. Actuellement, le Maroc a comblé ce gap qui existaient entre les générations des années 90 et celles d'aujourd'hui. Désormais, l'esprit entrepreneurial se développe dans la plupart des écoles et des universités qui disposent d'incubateurs qui accompagnent l'étudiant tout le long de son parcours. Le secteur privé encourage également cet esprit, notamment dans le secteur bancaire. D'ailleurs, un programme d'incubateurs des lauréats est mis en place en partenariat avec l'Agence marocaine de coopération internationale (AMCI). A notre niveau aussi en tant qu'association, nos lauréats qui exercent organisent des webinars et conférences, afin de sensibiliser les jeunes à l'entrepreneuriat. Il s'agit d'une contribution en parallèle à l'obligation des pouvoirs publics dans leur lutte contre le chômage dans les pays africains. Ce qui implique donc de mettre l'accent sur l'accompagnement afin que les lauréats entreprennent dans de bonnes conditions. Que faut-il, selon vous, pour mieux conscientiser les jeunes africains sur l'entrepreneuriat ? Selon la vision de notre association, qui fédère les talents africains formés au Maroc, il y a deux volets pour conscientiser la jeunesse africaine à l'entrepreneuriat. Premièrement, il faut mettre en place deux actions : recenser tous les talents africains formés ici au Maroc. Au-delà de l'outil mis en place par l'AMCI à cet effet, il faudra certainement passer par le réseau ASLEM, qui regroupe 35 associations nationales, afin d'essayer de recenser, de mobiliser et de connaître ce que sont devenus ces lauréats issus du Maroc. Le deuxième volet consiste à organiser des rencontres et des forums entre les institutions marocaines et ASLEM, afin de mettre en place des actions pour accélérer ce recensement. Cela dit, il faut que la jeunesse africaine ait un esprit patriotique, c'est-à-dire de mettre l'accent sur le «Made in Africa». Cet esprit panafricaniste permettra de renforcer la contribution de l'Afrique dans le commerce mondial, tout en réussissant une croissance inclusive, comme le prévoit l'Agenda 2063 de l'Union Africaine. Abdellah Benahmed / Les Inspirations ECO