Les centrales syndicales s'attendent à ce que le nouveau gouvernement enclenche une nouvelle ère avec les partenaires sociaux. La reprise du dialogue social est une vraie urgence. Les revendications doivent être honorées. Le mouvement syndical retient son souffle, dans l'attente des mesures sociales prioritaires qui seront engagées par le nouveau gouvernement, en vue de relancer le dialogue social et répondre au cahier revendicatif des centrales syndicales les plus représentatives. L'enjeu, pour les instances représentatives des salariés, est d'amener l'Exécutif à concevoir une offre aux syndicats, à même de préserver la paix sociale au sein du tissu productif. Même si la reprise du dialogue social devra tenir compte des exigences budgétaires qui seront incluses dans la loi de Finances de 2022, les centrales syndicales campent sur leurs positions, notamment pour ce qui se rapporte à la hausse du SMIG ainsi que la révision du cadre légal en vue de mieux lutter contre la précarité. À souligner que les résultats des dernières élections professionnelles ont permis à l' Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM), la centrale proche de l'Istiqlal, de remporter la 1re place pour le secteur privé, de même que l'Union marocaine du travail (UMT) a confirmé sa place au sein du public. C'est pour dire que le climat social, durant le mandat gouvernemental qui se profile, devrait nettement s'améliorer, dans l'optique d'aboutir à un accord tripartite apte à mettre un terme au gel du dialogue social. La feuille de route déjà tracée Durant la rentre parlementaire, les syndicats au sein de la Chambre des conseillers devront se mettre d'accord sur une feuille de route conjointe en vue d'étaler les priorités. Pour sa part, la commission tripartite chargée de la mise en œuvre des normes du travail devrait tenir une réunion avant la fin de l'année en vue d'examiner l'impact des missions d'inspection qui ont été menées dans le contexte de la pandémie, que ce soit pour les licenciements abusifs ou pour le volet de la détérioration des conditions du travail. Les syndicats s'attendent aussi à ce que l'Etat veille à ce que le respect des droits des salariés passe par une application scrupuleuse des mesures destinées à sauvegarder l'emploi durant cette phase de relance économique, où l'apport financier en faveur des sociétés a été conditionné par la préservation des emplois. À l'ordre du jour, également, le bilan des actions syndicales depuis le déclenchement de la crise sanitaire. Il faut dire qu'à l'exception de l' Union nationale du travail au Maroc (UNTM), proche du PJD, aucune centrale représentative n'a encore envoyé ses réponses écrites au gouvernement au sujet du cahier revendicatif. Les syndicats estiment en effet que le gouvernement devra verser la 3e tranche de la hausse des salaires décidée à l'issue du round de 2019, ce qui pourrait débloquer la situation des pourparlers. En attendant l'offre gouvernementale relative à la reprise du dialogue social et son institutionnalisation, les syndicats devront observer un round d'observation avant de formuler officiellement leurs demandes urgentes. La diversité syndicale, un enjeu stratégique En attendant le 11e Congrès national de l'UGTM, qui se tiendra fin novembre, et à l'occasion de l'inauguration du nouveau siège du syndicat, à Agadir, le SG de l'Union générale des travailleurs du Maroc Enaâm Mayara, a insisté sur la diversité syndicale comme étant un gage pour renforcer le militantisme syndical. «Le respect de la dignité des travailleurs reste une ligne rouge qui ne fait l'objet d'aucune négociation», a-t-il précisé à propos des objectifs de cette centrale qui a réalisé un succès historique durant les dernières élections professionnelles. A propos des rapports avec le Parti de l'Istiqlal, le N°1du syndicat a tenu à insister sur le fait que l'UGTM est «l'ossature du Parti de l'Istiqlal, et jouit d'une liberté de décision totale». «Le parti n'a jamais gêné le syndicat, et nous sommes partie intégrante de l'Istiqlal avec des lignes de démarcation bien précises ». L'UGTM, qui dispose de 59 sections et fédérations, devra être un acteur principal du dialogue social et de la concrétisation des attentes des syndicats. Parmi les sujets jugés stratégiques, le chantier de la couverture sociale demeure prioritaire avec plusieurs propositions de remodelage pour la mise en œuvre de ce projet selon le calendrier préétabli. Younes Bennajah / Les Inspirations ECO