Les partenaires sociaux se retrouveront, lundi 9 octobre, à l'occasion de la tenue du 1er round du dialogue social, lequel sera dominé par les propositions des syndicats et du patronat qui pourront être insérées dans le PLF 2018 avant de le soumettre au Parlement. Un dialogue social constructif avec une dose raisonnable de politique. C'est l'objectif du gouvernement, de la CGEM et des centrales syndicales les plus représentatives qui se retrouveront la semaine prochaine pour un round qui testera plus avant les intentions des parties au dialogue. Avant de soumettre la version finale du projet de loi des Finances au Parlement, le gouvernement a en effet décidé, comme à l'accoutumée, de tenir une réunion de concertation avec le patronat et les représentants des salariés autour des dispositions qui pourront faire l'objet d'un consensus avant d'être soumises au verdict des élus durant la session d'automne, qui s'ouvrira le 13 octobre. La première rencontre officielle devra aussi baliser le chemin devant la méthodologie du dialogue qui sera adoptée ainsi que du calendrier de la tenue des rounds ultérieurs. Ce qui semble être intéressant, c'est que les partenaires sociaux cherchent actuellement à sortir de la logique de la confrontation à l'occasion de cette reprise marquée par une paix sociale fragile certes, mais qui devra marquer un tournant dans les relations entre les syndicats et l'Etat. Les propositions des deux partenaires La CGEM avait insisté lors d'une session de travail avec le département de l'Emploi sur le fait que les propositions des employeurs œuvrent pour «un environnement social en phase avec les réalités de l'économie marocaine et permettent à l'entreprise de préserver sa compétitivité et de créer de la valeur ajoutée et des emplois supplémentaires», comme l'indique le compte rendu de la réunion qui a eu lieu le lendemain de l'investiture du gouvernement. Concernant cette 2e réunion ayant eu lieu le 19 septembre dernier, c'est le même souci prioritaire du patronat qui a été réitéré et porte sur «les moyens de dynamiser la croissance à travers la relance de l'investissement créateur de valeur ajoutée locale et d'emplois». D'autres axes de débat devront avoir lieu lors du premier round de ce lundi. Il s'agit essentiellement de la problématique des arriérés de l'Etat et des délais de paiement, de la fiscalité, de l'efficience de la commande publique, de la loi organique de la grève et de l'intégration de l'informel. Pour les centrales syndicales les plus représentatives, l'optique est différente même si les représentants des salariés insistent eux aussi sur la lutte contre le chômage comme étant une grande priorité. Pour les syndicats, le caractère indissociable de leur dossier revendicatif ne peut faire l'objet d'aucune «sélectivité ou d'un traitement partiel» et comprend notamment l'adoption d'une approche participative en ce qui concerne «la réforme des retraites, l'augmentation des pensions, l'amélioration des revenus, des salaires et des indemnités et la mise en œuvre des termes de l'accord du 26 avril 2011, la protection des libertés syndicales, l'amélioration de la protection sociale et l'ouverture de négociations sectorielles», d'après la liste des revendications préparées par les centrales. Les instances représentatives des salariés insistent sur les mesures techniques de la réforme qui doivent être débattues dans une optique qui «tienne compte de l'élargissement de la couverture sociale et du durcissement des sanctions pour la non déclaration des salariés», comme l'indique la proposition commune présentée par l'UMT, la CDT et la FDT. En tout, le cahier revendicatif comprend aujourd'hui 15 conditions pour la reprise du dialogue social, lesquelles en somme forment l'ossature du reliquat des accords du 30 avril 2011. Des accords cruciaux attendus Les partenaires sociaux devront se retrouver une 2e fois après l'adoption du PLF 2018, attendu durant la 1ère moitié du mois de décembre. L'optimisme qui marque actuellement la position des partenaires sociaux laisse présager des accords autour de plusieurs questions qui ont fait l'objet de polémiques et concernent la loi organique sur la grève, qui sera un véritable challenge durant cette année sociale. La réduction du chômage reste aussi préoccupante selon les syndicats. Sans contester le seuil fixé par le programme de l'Exécutif en vue de ramener l'indicateur du chômage à 8%, les centrales fustigent le manque de visibilité pour le secteur public avec l'absence de données relatives au nombre des fonctionnaires qui vont partir à la retraite, ce qui ne leur permet pas d'évaluer l'impact des 23.768 postes budgétaires qui ont été créés par la loi de Finances 2017. Les centrales ont également tiré la sonnette d'alarme contre le manque de visibilité en matière d'indicateurs de l'emploi, avec une forte présence de l'informel dans le secteur agricole au sein duquel le caractère saisonnier et interrompu des métiers liés aux diverses branches agricoles fausse les prévisions des centrales.