Aucun agenda n'a été imposé avant les retrouvailles des partenaires sociaux, qui échangent des signes de bonne foi depuis le début de ce mois d'avril. C'est un round presque inespéré qui se tient aujourd'hui entre les partenaires sociaux, après un début d'année 2016 plus que mouvementé entre le gouvernement et les quatre syndicats qui résistent au projet de la réforme des retraites. La décision du chef de gouvernement de tenir le premier round de l'année a été vite acceptée par les centrales qui ont omis, cette fois-ci, de demander un ordre du jour précis avant la reprise du dialogue, simultanément à l'annulation de la marche nationale qui était initialement prévue pour le 10 avril. Aucun agenda n'est donc «imposé» avant les retrouvailles des partenaires sociaux aujourd'hui, ce qui pourrait être synonyme d'un compromis qui pourrait être trouvé entre le gouvernement et les syndicats. La question de la réforme des retraites domine évidemment ce nouveau round, avec deux points de vue jusqu'à présent irréconciliables. D'une part, celui des syndicats, qui veulent que les 6 projets de loi ayant été déposés à la Chambre des conseillers soit révisés, et de l'autre, celui du gouvernement, qui opte pour que le Parlement soit le dernier arbitre dans cette question névralgique pour les fonctionnaires de l'Etat. Même si les deux parties se disent favorables à toute proposition apte à stopper l'hémorragie de la CMR, ce sont les dotations budgétaires de l'Etat en vue de satisfaire les revendications des syndicats qui restent les plus problématiques. Sur ce point, le gouvernement est resté catégorique, avant l'ouverture du round d'aujourd'hui, et qui met en avant le coût insupportable de ce qui reste des accords du 30 avril 2011. Les instances représentatives des salariés ne veulent, pour leur part, pas perdre de vue les mesures techniques de la réforme devant être débattues dans une optique qui «tienne compte de l'élargissement de la couverture sociale et du durcissement des sanctions pour la non déclaration des salariés», comme l'indique la proposition commune qui sera présentée aujourd'hui par l'UMT, l'UNTM, la CDT et la FDT. Du côté du gouvernement, la situation de la CMR est réellement critique, et son redressement ne doit pas faire l'objet de négociations. Dans cette optique, cette urgence, qui hante actuellement les trois partenaires sociaux et concernant laquelle l'instance législative aura le dernier mot, devra être tranchée durant cette année électorale, ce qui accroît davantage la sensibilité de sa mise en œuvre. Les données communiquées aux conseillers durant la première réunion autour des 3 projets de loi sur la réforme ont démontré le fait que le gouvernement veut se donner une marge de manœuvre face à la pression des syndicats, et qu'il ne peut se permettre un énième ajournement forcé de la réforme. Larbi Habchi SG de la FDT Les ECO : Quelles sont vos attentes durant ce round ? Larbi Habchi : Le mouvement syndical a montré sa bonne foi en annulant la marche programmée pour le 10 avril. Nous voulons la reprise du dialogue, et c'est pour cela que nous avons donné des signes d'apaisement de notre contestation légitime. Nous espérons que le gouvernement sera à la hauteur de ses responsabilités. Le retrait des 6 projets de loi sur la réforme des retraites du Parlement est-il envisagé ? Le cahier revendicatif doit être abordé dans sa globalité. Il ne faut pas isoler la question des retraites. Cette réforme ne peut aboutir sans la double exigence de l'amélioration des revenus et du climat des libertés syndicales. Nous avons une dizaine de demandes légitimes qui feront l'objet de négociations durant ce round. Le gouvernement aura-t-il assez de temps pour agir ? Nous voulons des mesures concrètes et réalisables avec un agenda précis. Notre ambition est d'avoir un package qui reflète le rapport dialectique entre la réforme des retraites et les droits revendiqués par les syndicats. Tags: Dialogue social