L'Observatoire des opinions publiques numériques : les principaux constats concernant l'impact de l'usage des réseaux sociaux sur la communication politique. La victoire obtenue par les trois partis arrivés en tête des élections du 8 septembre, a été due, pour une large part, à leur campagne innovante via le digital. C'est l'une des principales conclusions de l'Observatoire des opinions publiques numériques, dans son rapport d'évaluation, établi à cette occasion. «En deux semaines, les principales formations auront, effectivement, accru leur présence sur la toile, comme support de communication politique. Plus de 786 millions de personnes auront été touchées pendant cette période, ce qui revient à dire que chaque Marocain, ayant accès à internet, se sera arrêté sur plus de 31 publications concernant un parti politique», indique l'observatoire dans son analyse. Le RNI et le parti de l'Istiqlal se sont classés, respectivement, en première et deuxième place, cumulant 55% de part de présence. Le PJD arrive en troisième position, indique l'observatoire qui ajoute que plus de 300 articles ont été publiés quotidiennement, à l'occasion de la campagne officielle, touchant presque 430 millions de personnes. Il faut cependant remarquer, que sur leur page Facebook officielle, le RNI et le parti de l'Istiqlal auront publié 630 «posts» en deux semaines (Parti de l'Istiqlal : 400, RNI : 230), «augmentant ainsi fortement l'exposition de leur programme électoral», selon le diagnostic réalisé. Le digital aura, effectivement, porté la campagne électorale, permettant à ces formations de diffuser leurs programmes et propositions en dehors des grands rassemblements en vogue lors des précédentes élections. Pour les analystes de l'observatoire, «cette campagne aura reproduit sur internet les modes de communication traditionnels, en privilégiant la diffusion de l'information partisane». Autant dire que les partis politiques devront rapidement intégrer cette nouvelle dimension et activer le potentiel interactif des plateformes numériques, comme Twitter et Facebook», s'ils veulent renforcer l'engagement politique des citoyens», recommande l'observatoire. Les critères adoptés Ce sont, essentiellement, deux indicateurs clés qui ont permis de mesurer l'activité digitale des partis politiques pendant leur dernière campagne électorale. Le premier, qui a été utilisé pour mesurer le dynamisme de chaque communauté partisane, porte sur le nombre d'interactions moyennes pour 1.000 fans. Il permet de recenser le nombre de personnes ayant cliqué sur une publication du parti, après l'avoir vue ou l'ayant aimée, commentée ou partagée. Le second se rapporte au «taux de viralité des contenus publiés par chaque parti», c'est à dire la capacité des fans à partager les publications du parti avec leur propre communauté, en prenant en compte le seuil de partages sur l'ensemble des engagements (likes, commentaires...). «Le PI dispose ainsi de la communauté partisane et de sympathisants la plus dynamique, aussi bien sur les engagements qu'en viralité», indique l'observatoire, ce qui lui a permis d'en faire «un puissant levier de la campagne électorale, y compris sur les réseaux sociaux». Méthodologie Tout en rappelant que la campagne officielle a eu lieu dans un contexte particulier, marqué par la mise en place des mesures de sécurité sanitaires, notamment la distanciation physique, l'observatoire indique que cette contrainte s'est mue en une opportunité, celle de l'émergence d'une campagne électorale digitale. L'observatoire s'est, en effet, intéressé aux «empreintes numériques des deux formations qui auront réalisé les plus fortes progressions, par rapport à 2016, lors des dernières élections, à savoir le RNI et le PI». Les résultats obtenus par ces derniers montrent que les modes digitaux ont constitué un élément déterminant de leurs succès électoral, le PAM, quant à lui, ayant été bien moins entreprenant. À noter qu'il s'agit du premier rapport du genre en matière d'analyse d'impact de l'usage des médias numériques et des réseaux sociaux, dans l'amélioration des scores des partis marocains. Younes Bennajah / Les Inspirations ECO