Quelques-uns avaient déjà prévu cela pendant les élections de 2015 et de 2016. D'autres ont décidément bien suivi cette tendance au cours des élections de 2021, tandis que les autres sont restés à l'écart. Par K. O.
Les partis politiques marocains engagés dans les élections du 8 septembre ont été confrontés au défi de la digitalisation de leur campagne électorale. La pandémie de la Covid-19 les a obligés à remplacer le porte-à-porte par une relation plus digitale et dématérialisée. Dans ce sens, l'Observatoire des opinions publiques numériques a réalisé le baromètre de l'empreinte numérique des partis politiques au Maroc. Ce dernier montre des différences de stratégies partisanes et d'appropriation du digital par les partis pendant le premier semestre 2021 en préparation du scrutin tenu le 8 septembre. Rapporté aux résultats presque attendus des récentes élections, ce sont bien les mêmes partis qui s'emparent de la présence numérique sur les différentes plateformes digitales. Facebook, fer de lance des partis politiques au Maroc Le nombre de publications concernant les partis politiques ont évolué de 27% pendant le premier semestre 2021, avec une forte progression entre janvier et juin (+50%) montrant l'accélération de la campagne électorale, indique le baromètre (voir graphique 1).
Facebook réalise plus du 1/3 des publications, et devient ainsi le premier média d'informations politiques. Le nombre de personnes touchées correspond au total des personnes s'étant arrêtées (minimum de 10) et/ ou interagi sur une publication. Ce chiffre rapporté à la population ayant accès à Internet montre que chaque Marocain aura remarqué 52 publications concernant un parti politique sur la période indiquée. Une fois encore, Facebook confirme sa domination, puisque 8 Marocains sur 10, s'étant intéressés à une publication sur un parti politique, l'auront fait à partir de cette plateforme. Les niveaux d'interactivité en politique, du simple «like» au «partage», et à un niveau plus avancé de participation, sont un indicateur de l'intérêt des citoyens pour les publications politiques. 4 partis représentent 96% de la part de présence sur Internet La part de «présence numérique» s'apparente à une part de voix sur Internet, indique le rapport. Quatre (4) partis représentent 96% de la part de présence sur Internet (voir graphique 2). Le Parti de la justice et du développement (PJD), avec une stratégie digitale structurée depuis longtemps, conserve une part de présence importante. Cependant, les tendances de janvier à juin montrent une forte érosion de sa part de présence, qui passe de 47% à 34%. Mais cela n'explique qu'en partie la débâcle du parti de la lampe. Il faut remarquer aussi la faiblesse du PJD sur les interactions, certainement due à une stratégie digitale basée sur la quantité de publication : il aurait publié sur sa page Facebook officielle, plus de 5.500 posts pendant la période, soit plus de 30 par jour.
En faisant leur révolution numérique et en investissant dans le digital, le Rassemblement national des indépendants (RNI) et le Parti de l'Istiqlal (PI) gagnent rapidement du terrain, pour représenter à, eux deux, la part de présence la plus importante. Ce point est conforté par une forte dynamique entre janvier et juin 2021. Le RNI aura touché environ 300 millions de Marocains et l'Istiqlal plus de 260 millions entre le début de l'année et la fin juin avec une forte progression de leur part de présence respective. Il faut également remarquer que le Parti de l'Istiqlal domine nettement les partis de l'opposition. Le Parti authenticité et modernité (PAM) avec une moyenne de part de présence de 13%, voit sa présence sur Internet baissé de 6% entre janvier et juin. Dans cette configuration, le numérique ne s'est donc pas avéré la seule force attractive des partis politiques, vu que le parti du tracteur a raflé le plus de sièges parlementaires juste après le RNI. L'apport majeur de l'outil numérique à la vie politique se trouve sans doute dans l'émergence de nouveaux comportements. C'est une affaire entendue que le numérique a bouleversé la communication politique : sa forme comme son rythme mais aussi sa profondeur.