A un jour de la fin de la campagne électorale, c'est la toute dernière ligne droite dans la course à la première place. Bien que les dirigeants des différentes formations partisanes de la majorité comme de l'opposition craignent un taux d'abstention conséquent, ils comptent sur l'effet cristallisant de la tenue des trois échéances électorales le même jour pour encourager les environ 18 millions d'inscrits sur les listes à voter pour les législatives sinon massivement, du moins plus qu'en 2011 et 2016. Les réalisations de l'Etat marocain suite à son implication au moment de la pandémie, dont la feuille de route du NMD (nouveau modèle de développement), ainsi que le vote de deux lois-cadre concernant l'éducation nationale et celle relative à la fiscalité, qui consacrent le rôle de l'Etat dans les politiques publiques, l'élément humain, le social, ainsi que l'indépendance sanitaire et l'autonomie économique, avec la primauté au produit Maroc, ont pris de court les partis. Ils y ont vu une opportunité plus grande de contribuer à mettre en œuvre ces lois parmi d'autres et d'y mettre plus surement leur empreinte lors de la prochaine législature ; comme de réconcilier l'électorat marocain avec la chose politique dans la foulée. Au vu de la date du scrutin maintenue malgré la pandémie, de l'orientation vers une social-démocratie dont la majorité des partis politique se réclame, et au vu de leur antienne sur la décrédibilisation de leur action (dont ils assument une partie) qui aurait accru le désintérêt de la population par rapport aux élections, la classe politique a montré clairement que la priorité était d'abord recruter des candidats à même de gagner la sympathie des électeurs localement, avant de diffuser des programmes avec des offres politiques, économiques sociales claires -tout en appelant à la mobilisation citoyenne sans trop y croire. Sauf le RNI, qui a mené toutes les actions pratiquement en même temps, probablement parce son discours a changé de libéral à social-démocrate, une campagne élargie et des candidats forts localement étant de mise pour drainer des électeurs. Par conséquent, les résultats du 8 septembre courant montreront si les partis dans leur majorité ont eu raison dans la course à la première ou aux trois premières place.s, d'agir en priorité sur le choix des candidats avant de mobiliser respectivement avec une présence continue sur le terrain, la publication du programme, et la campagne digitale. On se souvient des attaques par media interposés des uns et des autres sur la transhumance, par le Mouvement populaire également. Les critiques contre le RNI donné favori, non pas par adhésion populaire mais par des moyens marketing ou autres jugés écrasants par plusieurs formations politiques, la crainte ou le fantasme d'une base électorale du PJD qui existerait malgré ses échecs au sein du gouvernement et dans les régions, la campagne menée contre le PAM pour que l'image dont il a pâti avec l'ancienne direction reste collée à sa peau, étaient les thématiques du début de campagne électorale. A celles-ci se sont greffées les sorties des dirigeants du l'Istiqlal et de l'USFP qui tout en assurant que des alliances ne sont pas d'actualité, malgré des discussions avec des partis historiquement alliés ou nouvellement proches dans l'opposition, marquent leur penchant et un positionnement qui ne dit pas son nom, pour une future coalition avec le RNI, le cas échéant. En conséquence, le PAM et le PPS se sont retrouvés amputés du soutien du PI. Quelques jours plus tard, le PAM et le PJD ont montré une certaine convergence de vues. Si dans la course électorale et sur le terrain, chacun fait cavalier seul, il n'en reste pas moins que les partis affichent ces derniers jours de campagne par leurs sorties médiatiques un scepticisme certain à voir un seul parti dégager une majorité écrasante. Cette stratégie les porte, dans une logique politicienne qui attirerait des votes de dernière minute, à montrer des accointances avec certaines formations plutôt que d'autres. Et c'est là où le relais via réseaux sociaux est sollicité. Ainsi, les interactions avec la population sur le terrain et le digital ont montré cette deuxième semaine de course électorale que les premiers pronostics donnant le RNI, le PJD, le PAM, le Parti de l'Istiqlal presqu'à égalité, suivis du PPS, ne se maintiennent pas. D'autres prévisions penchent vers un bloc RNI-PI- USFP avec un RNI largement en tête versus PAM-PPS-PJD. D'ailleurs, ce même PJD, il y a quelques jours encore craint, semble manquer d'adhésion populaire à en croire les électeurs potentiels qui ont pris à partie, dans plusieurs circonscriptions du pays, plusieurs têtes d'affiches dont El Otmani lui-même. Cette tendance s'est confirmée avec la sortie médiatique de Abdel ilah Benkiran sur facebook et youtube, laquelle sans rentrer dans les détails démagogiques ou de ton de petit père du peuple, vient à la rescousse de son propre parti, largement conspué par la population sur le terrain, et par transitivité du PAM et PPS. La duplicité connue de Benkiran, comme tout discours qui s'appuie sur le populisme, joue sur quelques réalités et beaucoup de contre-vérités et fantasmes pour convaincre. Son intervention en faveur de son « bloc » donnera-t-elle le coup de pouce en faveur des trois partis ou de certains d'entre eux ? D'autre part, les moyens marketing et publicitaires sur les réseaux sociaux du RNI, largement commentés par la presse, donneront-ils leurs fruits, malgré le personnage controversé d'Akhennouch ? L'appui d'Emmanuel Valls, à la dernière minute, sur un media français y contribuera-t-il ? Une telle figure a-t-elle une quelconque influence sur l'électorat marocain ? Selon les dernières statistiques officielles arrêtées à fin juillet 2021, le plus grand pourcentage d'inscrits sur les listes électorales concerne les 60 ans et plus : 23%, ensuite viennent les 45-54 ans , 20%, les 35-44 ans : 21%, les 25-34 : 19%, les 55-59 : 9% et les 18-24 ans : 8% Le grand usage des RS même tardif pour la majorité, dénote du fait que les partis se sont rendu compte que convaincre l'électorat de se déplacer aux urnes et contrer l'absentionnisme, passe aussi par le digital. Ils auraient certainement pu prendre ce facteur en considération dès 2008, année de la décision de l'Etat de faire du Maroc un hub technologique, malgré leur certitude de la faiblesse de la mobilisation citoyenne. Car les chiffres sont parlants : dès janvier 2020, le Maroc comptait près de 25,32 millions d'internautes sur une population totale de 36 millions d'habitants ; le nombre d'utilisateurs de médias sociaux, était de 18 millions en janvier 2020. Avec la pandémie et vu les contraintes de distanciation, l'usage d'internet et des plateformes digitales n'a pu que progresser et concerner toutes tranches d'âge.