Les chefs de file des partis politiques représentés au parlement et les membres de la Commission spéciale sur le Nouveau modèle de développement planchent sur l'élaboration de la première mouture du pacte national du développement, l'un des deux mécanismes de pilotage pour implémenter la nouvelle vision. Après l'élaboration du Nouveau modèle de développement, le plus dur reste à venir. La mise en œuvre de ses dispositions au niveau tant national que régional et local nécessite, en effet, l'adhésion de l'ensemble des forces vives de la Nation, à commencer par les partis politiques. C'est dans ce cadre que s'inscrivent les rencontres des membres de la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD) avec les chefs de file des partis politiques représentés au parlement. Leur deuxième réunion, qui s'est tenue mardi soir, autour de l'élaboration du pacte national du développement avec les dirigeants des formations partisanes a été l'occasion de rapprocher les points de vue sur le contenu de ce document qui est l'un des deux principaux mécanismes de pilotage préconisés pour mener à bien ce chantier stratégique. Les rencontres du genre se poursuivront jusqu'à atteindre le consensus nécessaire entre les différentes parties. Jusque-là, les détails ne filtrent pas encore sur les discussions qui ont eu lieu lors des deux réunions. Selon une source partisane, le pacte national a fait l'objet de discussions animées entre les partis politiques qui n'ont visiblement pas la même vision sur ce que doit contenir ce pacte. Certains estiment nécessaire d'inclure dans ce document quelques détails relatifs à sa mise en œuvre alors que d'autres appellent à n'y intégrer que les principes généraux du Nouveau modèle de développement afin qu'il soit un référentiel commun sur la base duquel les partis élaboreront leurs programmes et engagements politiques. À cet égard, le président de la Commission spéciale sur le modèle de développement, Chakib Benmoussa, est on ne peut plus clair : le pacte national ne se substituera ni aux programmes des partis politiques, ni aux actions qui devront être déployées par les institutions. L'objectif est de mettre en place un cadre général du développement du pays. Cette orientation est écrite noir sur blanc dans le rapport du NMD: le pacte national «se focaliserait sur les choix fondamentaux de développement, socle commun à l'ensemble de la nation pour laisser place à la pluralité des choix partisans de déploiement des politiques publiques». Les discussions en cours avec les partis politiques représentés au parlement permettront d'élaborer une première mouture qui sera exposée à l'ensemble des parties concernées, dont les institutions constitutionnelles, le secteur privé, les partenaires sociaux, les territoires... D'après la CSMD, le contenu du pacte pourrait fixer l'ambition commune, énoncer les priorités et les objectifs nationaux, les principes d'action et le cadre de confiance et de responsabilité ainsi que les engagements des parties prenantes à œuvrer dans le sens du cap fixé et à appliquer les principes retenus. Ce document stratégique constituera le cadre global de cohérence, de synergie entre l'ensemble des acteurs. Il définira les priorités stratégiques qui encadrent l'allocation des ressources et le pilotage du changement. Une attention particulière devra être accordée au suivi de la mise en œuvre des nouvelles orientations. Cette question sera érigée en priorité dans le cadre du pacte national et ce, en prévoyant des mécanismes de suivi «réguliers » de l'avancement des chantiers qui y sont retenus. À cet égard, la Commission cite quelques exemples, comme la mise en place d'un reporting annuel des parties prenantes concernant l'implémentation des objectifs du pacte. Il s'agira aussi de tenir des rencontres entre l'ensemble des acteurs pour établir des bilans d'étape en vue d'informer le citoyen de l'état d'avancement des différentes mesures. Le nouveau référentiel montrera la voie aux décideurs pour mettre en forme le changement auquel aspire le Maroc. Le manque à gagner est grand: « le potentiel de la Nation est important et encore largement inexploité», note-t-on dans le rapport du NMD. Les nouvelles orientations sont à même de permettre au Maroc de se surpasser, à condition que toutes les parties soient impliquées aussi bien au niveau central que territorial. Une grande responsabilité incombe aux partis politiques Il est grand temps de consolider la confiance « Etat-citoyen » en vue d'aller de l'avant et faciliter la marche du développement. À cet égard, le rapport du Nouveau modèle de développement insiste beaucoup sur la responsabilité des acteurs politiques qui sont appelés à mettre en œuvre la nouvelle vision de développement à travers leur gestion de la chose publique. Sauf que, pour y arriver, beaucoup de choses doivent changer, en vue de mettre fin à la crise de confiance. Les partis politiques sont appelés à renforcer et moderniser leurs capacités à produire des idées, à animer la réflexion politique, et à encadrer les citoyens dans leur engagement civique et dans leur participation politique et sociale. Par ailleurs, il est recommandé que les acteurs représentatifs fassent preuve d'exemplarité et de probité afin de réhabiliter l'image écornée de l'échiquier politique auprès des citoyens. La CSMD n'y est pas allée avec le dos de la cuillère en pointant du doigt certains dysfonctionnements, comme ceux qui entachent les alliances et qui entravent la mise en œuvre du développement. Le rapport critique, en effet, « des coalitions de conjoncture, qui, n'étant pas fondées sur une vision et des objectifs partagés, génèrent des tensions récurrentes, des blocages et des lenteurs au sein de la majorité gouvernementale, en déphasage avec les attentes urgentes des citoyens et des opérateurs économiques ». Jihane Gattioui / Les Inspirations Eco