Dans le cadre de ses conférences-visites virtuelles, la Coalition marocaine pour l'eau a organisé, vendredi dernier, sa 9e édition avec OCP sur «La place des eaux non-conventionnelles dans la stratégie de développement durable d'OCP». L'occasion de dévoiler le modèle eau du groupe qui vise 100% d'eaux non-conventionnelles en 2030. La Coalition marocaine pour l'eau (Coalma) poursuit ses conférences-visites virtuelles auprès des acteurs de l'eau et de l'assainissement au Maroc. C'est ainsi qu'après la Lydec, Cosumar, Veolia, Les Eaux minérales d'Oulmès, l'Université Mohammed V de Rabat, l'ONEE, EnviroChemie Maghreb et l'Agence du bassin hydraulique du Bouregreg et de la Chaouia, la présidente de la Coalma, Houria Tazi Sadeq, et son équipe étaient vendredi dernier à OCP Group, membre actif de la coalition, pour la tenue de la 9e édition axée sur «La place des eaux non-conventionnelles dans la stratégie de développement durable d'OCP». Un thème d'une brûlante actualité Dans son allocution d'ouverture de la conférence, Houria Tazi a planté le décor, déclarant que «le thème de notre webinaire est d'une très grande actualité parce que, à travers ce débat, nous allons montrer les nouvelles évolutions vers lesquelles s'oriente le Maroc pour renforcer encore plus tout ce qui a déjà été entamé depuis longtemps pour l'efficacité hydrique et pour avoir une équité par rapport à l'accès à l'eau». Parmi les initiatives et chantiers lancés dans le royaume, la présidente de la Coalma a notamment cité le droit à l'eau consacré par la Constitution de 2011, consécration renouvelée dans la loi 36-15 qui organise le domaine de l'eau, le Programme prioritaire d'approvisionnement en eau potable et d'irrigation 2020-2027, le Plan national de l'eau 2020-2030, la construction de la station de dessalement d'eau de mer d'Agadir et la continuité dans l'édification de nouveaux barrages et réseaux d'irrigation. Elle a ensuite expliqué que «même si notre pays est aride et semi-aride, avec une eau qui se raréfie et une démographie qui augmente, les efforts déployés par le secteur public mais aussi par les opérateurs nous permettent de faire face à la situation». Justement, selon elle, c'est pour montrer ce qui se fait dans notre pays, où on est passé au développement d'une nouvelle approche de gestion de cette ressource, notamment une approche de valorisation et de protection de l'eau à travers l'optimisation de l'usage, que sont organisées ces conférences-visites avec les membres de la Coalma. Un modèle très inspirant En tout cas, l'exemple d'OCP dans la valorisation de l'eau est très rassurant. D'abord, comme l'a expliqué Hanane Mourchid, directrice Sustainability & Green Industrial Development à OCP, qui a présenté la stratégie de développement durable du groupe, «le développement durable est une composante importante de la stratégie de développement du Groupe OCP dont l'ambition est de doubler sa capacité minière et de tripler sa production d'engrais». Pour ce faire, celui-ci se fixe huit grands objectifs à l'horizon 2030, conformément à l'agenda 2030 des Objectifs de développement durable (ODD) fixé lors de l'Accord de Paris. Il s'agira de réduire de 50% ses émissions de CO2, d'assurer toute sa production avec 100% d'électricité propre, de faire de ses déchets une nouvelle source de valeur, d'implémenter une agriculture durable et «intelligente»... et d'utiliser 100% d'eaux non-conventionnelles à partir de cette échéance (voir tableau). Comment OCP compte-t-il s'y prendre pour atteindre ce dernier objectif, très ambitieux ? Karim Saoud, vice-president Water & Energy à OCP, répond à la question. En rappelant que les objectifs du groupe annoncés par Hanane Mourchid vont multiplier par trois les besoins en eau d'OCP, il a signalé que «d'ici 2030, le Groupe OCP compte investir 3,5 MMDH pour satisfaire tous ses besoins en eau. Et dans cette perspective, les eaux non-conventionnelles vont occuper une place centrale puisque OCP couvrira 100% de ses besoins en eau pour son développement industriel grâce aux eaux non-conventionnelles, entendez les eaux usées domestiques épurées et les eaux de mer dessalées». Des objectifs ambitieux Il a ensuite ajouté que le ton est déjà donné puisque 1,2 MMDH ont déjà été investis, permettant de couvrir 31% des besoins en eau du groupe grâce aux eaux non-conventionnelles, notamment à travers des stations de dessalement d'eau de mer et des stations de traitement des eaux usées (STEP) dont de nouvelles unités seront lancées, tandis que d'autres connaîtront une hausse de capacité. Ainsi, la plus ancienne station de dessalement d'eau de mer du groupe, en l'occurrence celle de Lâayoune, construite en 2006 et dotée d'une capacité de 1,2 million de m3/an, va connaître une extension supplémentaire de 7,5 millions de m3/an. La nouvelle unité, qui entrera en service dans trois ans, a nécessité un investissement de 250 MDH. À Jorf Lasfar, l'unité de dessalement d'eau de mer de 25 millions de m3/an, mise en service en 2015, sera relevée à 40 millions de m3/an prochainement. Une enveloppe de près de 300 MDH sera consacrée à cette opération. D'ailleurs, Chaimaa Ben Skoura, Team Coordinator dessalement à OCP et patronne de cette station, est longuement revenue sur cette station unique au Maroc, puisqu'il s'agit de la plus grande station de dessalement d'eau de mer actuellement en service dans le royaume. D'un autre côté, OCP compte actuellement trois STEP en service. Il s'agit de celles réalisées sur les sites miniers de Khouribga, Benguerir et Youssoufia, qui permettent l'épuration et la réutilisation de plus de 10 millions de m3 d'eaux usées urbaines par an pour le lavage du phosphate. Ces STEP ont nécessité un investissement de 450 MDH, à raison de 150 MDH l'unité. De plus, OCP a commencé à édifier une quatrième STEP à Phosboucraa, au sud du royaume. Ceci, sans oublier que dans le cadre de son programme d'économie circulaire, il a lancé plusieurs études de faisabilité avec les parties prenantes nationales concernées pour une plus grande réutilisation industrielle des eaux usées épurées, à partir de STEP nouvelles ou partiellement/totalement existantes. Par ailleurs, grâce au slurry pipeline reliant Khouribga à Jorf Lasfar, l'acheminement du phosphate lavé sous forme de pulpe permet une économie de près de 3 millions de mètres cubes d'eau par an. Ce n'est pas tout puisque, parallèlement à tous ces efforts, le groupe s'est aussi engagé dans la récupération et le recyclage de plus de 80% des eaux utilisées dans les procédés d'enrichissement, en système continu, par lavage-flottation au niveau des unités de ses sites de production. Il sera aidé dans ces différents chantiers par sa joint-venture (JV) JESA dont l'ingénierie est très sollicitée. Dans le domaine des eaux non-conventionnelles, Mohamed Amine Rabitateddine, Project Manager à JESA, a en effet exposé l'expertise de la JV dans le traitement et la valorisation des eaux usées, le dessalement, les systèmes d'adduction et de distribution d'eau, l'hydrologie, la protection contre les inondations et l'hydrogéologie, sans oublier les barrages et ligues. Ceci dire qu'OCP est très bien doté pour réaliser ses ambitions ! Aziz Diouf / Les Inspirations Eco