La polémique est (presque) passée inaperçue, mais elle pourrait bien prendre de l'ampleur. C'est l'Association marocaine des psychiatres d'exercice privé qui tire la sonnette d'alarme. Elle dénonce un projet de loi élaboré par le ministère de la Santé relatif aux «modalités de prescription et de dispensation des médicaments à base de substances psychotropes à usage humain». Le projet en question aurait été développé à la demande de l'Ordre national des pharmaciens. Pour expliquer ses inquiétudes, l'association rappelle que les malades psychiatriques constituent «une population fragile et vulnérable» et cette loi viserait à les «stigmatiser» encore plus. Avec une ordonnance sécurisée pour la vente de psychotropes, leur dignité et leurs droits les plus élémentaires seraient ainsi remis en question. Là où le bât blesse, c'est que nous serons, le cas échéant, «un des rares pays, sinon le seul au monde, à avoir des lois discriminatoires envers les malades psychiatriques», s'insurgent les psychiatres. Autre argument de taille : «généralement, les malades psychiatriques ont des pathologies chroniques et ont besoin de prescriptions de longue durée… Les obliger à consulter une fois par mois conduira à les obliger à arrêter leur traitement et à rechuter…» Le communiqué assure que cette loi est «discriminatoire, vexatoire et inutile». Enfin, pour l'association, ce sont certaines officines de pharmacies qui devraient revoir leur mode de fonctionnement… Ces dernières renvoient la balle aux médecins et demandent plus de «sécurité» pour délivrer les psychotropes. Les problèmes de la santé sont nombreux au Maroc. La santé mentale en est un sujet essentiel qu'il faudra traiter avec des pincettes, en écoutant tous les acteurs de cette polémique… y compris les malades. Hicham Bennani / Les Inspirations Eco