L'indice de confiance des ménages marocains enregistre son niveau le plus bas depuis la crise de 2008, révèle le Haut-commissariat au Plan, dans une note de conjoncture, après une enquête réalisée au troisième trimestre 2020. Alors que les courbes du chômage et de la contamination à la Covid-19 sont au plus haut, la confiance des ménages dégringole. C'est du moins le constat du Haut-commissariat au Plan qui vient de rendre publique son étude sur l'indice de confiance des ménages (ICM). Il s'agit d'un indice calculé sur la base de sept indicateurs, dont quatre sont relatifs à la situation générale et trois à la situation propre du ménage. Outre l'évolution passée du niveau de vie et sa perspective d'évolution, ainsi que la perspective d'évolution du nombre de chômeurs, le HCP a également interrogé les ménages sur leurs options d'achat de biens durables, leur situation financière passée, future et actuelle. L'enquête fournit, par ailleurs, des données trimestrielles sur la perception des ménages relatives à d'autres aspects des conditions de vie. Il s'agit en particulier de la capacité des ménages à épargner, et de l'évolution des prix des produits alimentaires. Les résultats de ce travail d'enquête montrent globalement que la confiance des ménages s'est fortement dégradée au troisième trimestre 2020, et que «l'indice de confiance des ménages enregistre son niveau le plus bas depuis le début de l'enquête en 2008», a précisé le HCP. Dans le détail, l'ICM s'est établi à 60,6 points, au lieu de 65,6 points enregistrés le trimestre précédent, et 74,8 points une année auparavant. À cela, il faut ajouter un ressenti d'une forte détérioration des niveaux de vie des ménages. Durant la période étudiée, 55% des ménages interrogés déclarent une dégradation du niveau de vie au cours des 12 derniers mois. Un autre constat, beaucoup de Marocains préfèrent épargner plutôt que de s'offrir certains biens qu'ils auraient acquis dans un autre contexte. En effet, au troisième trimestre 2020, marquée par la crise liée au coronavirus, 74,3% contre 10,8% des ménages considèrent que le moment n'est pas opportun pour effectuer des achats de biens durables. Et la situation financière de ceux-ci n'en est pas mieux lotie. Si plus de la majorité des Marocains estiment que leurs revenus couvrent leurs dépenses, 35,6% déclarent s'endetter ou puiser dans leur épargne, et 4,1% affirment épargner une partie de leurs revenus. Quant à l'évolution de leur situation financière au cours des 12 derniers mois, 41,6% contre 7,6% des ménages considèrent qu'elle s'est dégradée. Par ailleurs, plus de la majorité des Marocains se sont plaints de la cherté de la vie, déclarant que les prix des produits alimentaires ont augmenté au cours des 12 derniers mois, contre une proportion minime des ménages (0,3%) qui ressentent leur diminution. Pessimistes pour l'avenir Et c'est le même sentiment pessimiste qui anime les sondés pour les mois à venir. Craignant une forte hausse du chômage et une augmentation des prix des produits alimentaires, 41,5% d'entre eux s'attendent à une dégradation du niveau de vie. Seulement 24,1% des personnes sondées tablent sur une amélioration. S'agissant de l'évolution de leur situation financière au cours des 12 prochains mois, 15,4% contre 27,3% des ménages s'attendent à une amélioration de leur situation financière. D'ailleurs à ce propos, seulement 12,4% contre 87,5% des ménages s'attendent à épargner. Toutes ces craintes semblent liées à la conjoncture marquée par la Covid-19, alors que les perspectives d'évolution des nouvelles infections révèlent une situation épidémique «préoccupante», avec la possibilité de reproduction d'une vague plus forte de contamination dans le cas d'une levée des mesures du confinement partiel mises en application actuellement dans certaines zones, indique le Haut-commissariat au Plan. Pis encore, la pandémie ne cesse d'impacter négativement la croissance économique, que ce soit au niveau mondial ou local. La menace d'une deuxième vague remet en question la quasi-totalité des prévisions effectuées, à l'instar du Fonds monétaire international (FMI) qui vient de revoir ses projections pour le Maroc, prévoyant une récession de 7% pour 2020 (contre une prévision de -3,7% établie en juin dernier). Khadim Mbaye / Les Inspirations Eco