L'économie nationale traverse une mauvaise passe et ceci rejaillit au niveau de tous les secteurs. C'est de toute évidence ce que vient de confirmer la notation des risques sectoriels du pays, que vient de publier l'agence de notation Standard & Poor's. Une semaine après avoir revu à la baisse la notation pour les perspectives du pays, S&P a, en effet, dévoilé hier ses différentes appréciations sur le secteur bancaire et industriel national. Dans l'ensemble, le Maroc a pu sauver la face cette fois, mais les incertitudes qui planent à l'horizon restent encore persistantes. S&P a ainsi maintenu le Country Risk Assessment (BICRA) pour le Maroc, qui consolide sa position dans le groupe «7», selon l'échelle du cabinet international. Dans les détails, les deux composantes principales du BICRA ont été pourtant révisées. Il s'agit du risque économique, dont le score a été rabaissé de '8' à '7', et du risque industriel qui a été rehaussé de '5' à '6'. Selon les explications données par les analystes : «Le ralentissement attendu de l'économie freinera la demande de crédits et par conséquent risquera de limiter les déséquilibres économiques». Cependant, dans le même temps, l'agence souligne que la liquidité dans le système bancaire marocain s'est détériorée au cours des dernières années en raison d'une augmentation rapide des prêts sans une augmentation proportionnelle de la base des dépôts. Justifications «Les déséquilibres économiques qui se sont construits au Maroc au cours de la dernière décennie ont été réduits», justifie S&P dans son analyse pays, prenant exemple sur les prix immobiliers qui sont globalement restés stables au cours des quatre dernières années ainsi que la demande de crédit qui s'est ralentie après des années de forte hausse. La croissance du crédit privé, en moyenne de 15%, au cours des cinq dernières années, s'est également ralentie «en raison des normes de souscription des banques plus prudentes et une plus faible croissance économique». Le Maroc est fortement tributaire de la tendance économique de l'UE et ce facteur, conjugué à une prévision d'un ralentissement de la croissance du PIB réel du Maroc à 3% en 2012, freinera la demande de crédit, prévient S&P. Le risque économique, pour le Maroc, dans la catégorie «déséquilibres économiques» passe donc de «haut risque» à «risque intermédiaire». S'agissant de l'aspect «résilience économique» et du «risque de crédit dans l'économie», ils sont demeurés inchangés au niveau «risque très élevé». Pour le risque industriel, c'est la détérioration des liquidités dans le système bancaire marocain, ces dernières années, qui justifie la révision de la notation. Même si l'agence a souligné que «le profil de financement des banques nationales demeure solide», elle s'attend néanmoins à une baisse, au fil du temps, du ratio de capitalisation, en raison d'une «augmentation sensible des prêts, sans une augmentation proportionnelle de la base des dépôts». S&P s'attend également à une contraction du flux total des dépôts expatriés marocains, qui représentaient environ 20% des dépôts du système en mars 2012, une baisse qui sera consécutive à la poursuite de la récession en Europe. En clair, pour S&P, la principale inquiétude pour le secteur industriel marocain sera relative au risque de problèmes de liquidités, même si les mesures prises dernièrement par la Banque centrale sont de nature à atténuer l'impact de ce risque. Pour rappel, l'analyse BICRA est destinée à comparer les systèmes financiers et bancaires mondiaux. Pour chaque pays, elle couvre les institutions financières notées et non notées, qui reçoivent des dépôts, accordent des crédits, ou sont engagées dans les deux activités à la fois. Un score BICRA est calculé à partir d'une échelle de 1 à 10, allant du risque le plus bas des systèmes bancaires (groupe '1 ‘) au risque le plus élevé (groupe '10′). Le Maroc partage la même notation que des pays comme l'Indonésie, la Jordanie, le Portugal ou la Russie. Dans le contexte actuel, le maintien de la notation du pays dans le «groupe 7» constitue une relative performance, quand on sait que la plupart des pays voisins ou concurrents (Tunisie, Egypte ou Nigeria) ont été, récemment, reclassés dans le groupe 8. Lire aussi : Banques islamiques, ça urge !