L'agence de notation Standard & Poor's a révisé sa méthode d'élaboration de son classement global BICRA. Conséquence, le Maroc gagne un point et rejoint le «groupe 7», après plusieurs années dans le «groupe 8». Bonne nouvelle pour nos banques. L'agence de notation Standard&Poor's a hissé le rang du système bancaire dans son classement global BICRA (Banking Industry Country Risk Assessments) du «groupe 8» au «groupe 7». Un point de gagné qui signifie que le secteur présente moins de risques qu'avant. Mais ce qu'il faut noter tout de même, c'est que cette amélioration incombe plutôt à un changement de méthodologie d'élaboration du classement et qui a eu des conséquences sur quasiment l'ensemble des pays couverts par l'agence. Ce classement compte une dizaine de groupes, allant des systèmes bancaires au plus faible risque (groupe 1) à ceux présentant le plus haut niveau de risque (groupe 10). Ceci étant, l'amélioration du classement de notre système bancaire d'un rang ne signifie pas que le secteur est sorti de l'auberge. Les auteurs de la note pointent du doigt plusieurs facteurs qui pourraient altérer la santé du secteur. A leur tête, la souplesse dans l'octroi des crédits mais surtout l'exposition relativement élevée aux secteurs cycliques, notamment le tourisme et l'agriculture. Toutefois le secteur qui présente un risque réel et important pour les banques est celui de l'immobilier. La demande importante en logements induit une croissance soutenue des prêts hypothécaires. Selon les dernières statistiques de Bank Al-Maghrib les prêts immobiliers ont progressé de 11,7% sur une année alors que la banque centrale appelle à l'adoption de critères de sélection de dossiers plus conservateurs. Le secteur qui présente un risque réel et important pour les banques est celui de l'immobilier. De même, les analystes de Standard & Poor's prévoient que «la correction en cours qui touche le segment du luxe ne s'étendra pas aux autres secteurs. Ce qui signifie davantage de demande, et davantage de risque crédit». Cette situation est aujourd'hui compensée par la faiblesse du niveau de l'endettement des entreprises et du personnel. On souligne chez l'agence de notation que même si la croissance des crédits octroyés à cette clientèle a été forte sur les cinq dernières années le fait quelle ait démarré avec comme base un encours faible permit de ralentir l'élargissement de ce dernier. En parallèle, la faiblesse de la diversification des sources de financement risque d'impacter significativement la liquidité à moyen terme. Un soutien étatique infaillible En effet, le niveau de financement du secteur à l'extérieur demeure très faible, avec moins de 1% dans le total de la dette nette extérieure à fin 2010. De même qu'en dépit du fort accès des banques aux dépôts des particuliers, en grande partie non rémunéré, y compris ceux des expatriés marocains, le ratio dépôt à prêt est en baisse constante. Cette baisse s'explique par le fait que le bassin des dépôts disponibles ne peut plus s'adapter à la taille croissante et le rythme des prêts. Les banques sont susceptibles d'essayer de diversifier le financement par le biais des marchés de capitaux, mais se heurtent à l'étroitesse des marchés de la dette intérieure et un accès limité aux marchés des capitaux externes, explique-t-on à l'agence de notation. Par-dessus le marché, les analystes attirent l'attention sur «l'appétit du risque du système qui se trouve supérieur à la moyenne, étant donné l'expansion rapide des banques marocaines y compris dans les plus risqués des pays africains». Autre facteur à impact négatif est l'inefficacité du cadre juridique et du système judiciaire. Par ailleurs, l'agence souligne que le secteur profite et profitera encore du soutien du gouvernement marocain qui est «favorable» aux banques locales. Et précise d'ailleurs qu'elle reconnaît «la longue expérience de soutien au système bancaire par le gouvernement durant les périodes de stress». S & P ne voit pas de résilience économique En dépit de la révision de sa méthodologie, l'agence maintien une opinion assez terne sur l'économie marocain. Le score du risque économique du royaume est de ‘8' reflétant un «risque très élevé» en matière de «résilience économique», un «risque élevé» au niveau des «déséquilibres économiques» et un «risque très élevé» en ce qui concerne le «risque de crédit à l'économie». Pour l'industrie, le score s'établit à ‘5' ce qui correspond à un «risque élevé» au niveau du «cadre institutionnel» et un «risque intermédiaire» en matière de «dynamique concurrentielle» et de «financement du système». A juste titre, l'agence prévoit une évolution du PIB en 2011 de 4,8% au même titre que les prévisions du Haut commissariat au plan (HCP) et supérieure à ceux du FMI qui table sur 4,5% de croissance.