Petite amélioration du rating du système bancaire marocain. Toutefois, les banques marocaines restent fragilisées et demeurent ainsi classées parmi le groupe à risques, selon l'évaluation faite par l'agence de notation Standard & Poor's, à travers sa méthodologie BICRA -Banking Industry Country Risk Assesment-. Bien que la réglementation bancaire marocaine demeure conforme aux standards internationaux, S&P estime que le système bancaire marocain est fortement exposé aux activités cycliques, tel l'immobilier, un secteur à risque significatif pour l'industrie bancaire. L'agence de notation standard & Poor's a révisé mercredi sa notation concernant l'évaluation du secteur bancaire marocain, suite à la mise à jour de leur méthodologie de détermination du risque bancaire. Ainsi, cette révision annuelle permet au Maroc d'améliorer son positionnement, gagnant un rang à savoir le passage du groupe ‘8' au groupe ‘7'. D'après une note de la banque d'affaires Attijari Intermediation, la méthodologie BICRA ou «Banking Industry Country Risk Assessement» consiste en l'évaluation et la comparaison des systèmes bancaires internationaux. Cette analyse couvre les institutions financières qui ont une activité d'intermédiation bancaire, à savoir la collecte des dépôts et la distribution des crédits. La notation BICRA s'établit sur une échelle allant de 1 à 10, classant les systèmes bancaires des moins risqués (Groupe ‘1') au plus risqués (Groupe ‘10'). Dans le groupe ‘7' se trouve également des pays tels la Jordanie, l'Indonésie, la Bulgarie et la Russie. Des conditions de prêt plus conservatrices L'agence de notation affirme qu'en dépit de l'allégement des conditions d'accès aux services bancaires, le secteur demeure fortement exposé aux secteurs d'activité cycliques. En effet, le secteur immobilier présente un risque significatif pour l'industrie bancaire. Si la forte demande en logement est un levier de croissance des crédits immobiliers, l'agence relève que Bank El Maghrib a un rôle actif en incitant les banques à mettre en place des conditions de prêt plus conservatrices. Les analystes de cette institution affirment que la réduction de l'exposition des banques au secteur immobilier haut standing ne devrait pas toucher les segments intermédiaires et économiques. Toutefois, malgré l'inefficacité du système judiciaire, le faible taux d'endettement des ménages et des entreprises constitue un atout de développement des crédits dans les années à venir. L'agence rajoute que la réglementation du secteur bancaire est conforme aux standards internationaux, à l'instar de Bâle II. Toutefois, les analystes pensent que le régulateur pourrait inciter les banques à améliorer la qualité et la rapidité de publication des informations et reportings de ces dernières. Aussi, Standard & Poor's affirme que le secteur bancaire marocain est l'un des plus développés mais demeure fortement concentré sur le marché des particuliers. L'institut de rating affirme que l'évaluation du risque du secteur bancaire est au-dessus de la moyenne, compte tenu de l'expansion rapide des banques marocaines, particulièrement dans les pays d'Afrique où le risque est plus élevé. Bien que les possibilités de diversification du financement demeurent faibles, le profil de financement global du système demeure satisfaisant. Ceci se reflète par le faible ratio de financement extérieur au total des prêts et du ratio élevé du coefficient d'emploi qui s'établit à 96,2% à fin 2010. En effet, les banques marocaines bénéficient de la taille importante des dépôts des particuliers, qui sont majoritairement non rémunérés. La diversification des moyens de financement par les banques à travers le recours aux marchés financiers est en marche, orientée principalement vers l'endettement intérieur dans un contexte de conditions d'accès limitées aux marchés financiers internationaux. Cette situation pourrait présenter des tensions sur la liquidité à moyen terme. Enfin, l'agence considère que le gouvernement marocain soutient fortement le développement du secteur bancaire local à travers les efforts déployés pour la bancarisation et reconnaît l'activisme du gouvernement à soutenir le système bancaire en période de stress. Besoins de ressources additionnelles La révision à la baisse du profil risque du secteur bancaire marocain vient en récompense des réalisations enregistrées par les banques marocaines durant ces cinq dernières années, notent les analystes d'Attijari Intermédiation. Le renforcement de la solidité du système bancaire ainsi que les performances positives constatées tant au niveau des indicateurs de rentabilité que de risque en témoignent. Cependant, les tensions sur la liquidité observées durant cette année devraient inciter les banques à rechercher des ressources additionnelles. De plus, la hausse du coût du risque durant ce premier semestre devrait inciter les banques à rationner le crédit, principalement au niveau des secteurs d'activité les plus exposés à un retournement économique, afin de limiter la hausse du contentieux sur ces secteurs, préviennent les analystes d'Attijari Intermédiation.