Pour une première séance de la session d'automne, le climat était plutôt «orageux». L'instance présidée par Mohamed Cheikh Biadillah a bien donné le ton de ce que sera le «travail parlementaire» entre le gouvernement et le fief de l'opposition parlementaire. Mardi, la guerre verbale a dégénéré sous la coupole, mettant sur le champ de tir El Mostapha Ramid et menant vers une levée de séance de plus de deux heures. La plus longue interruption jamais vécue sous la coupole, à quelques jours justement du discours royal qui appelait à une responsabilité et à une rigueur dans l'exercice politique et parlementaire. Dans les faits, Faouzi Ben Allal, le président de la séance, a dû mettre un terme au dialogue musclé qui a éclaté entre le ministre de la Justice et des libertés et les présidents des groupes parlementaires de l'UC et du PAM, ainsi que de celui du groupe syndical de la FDT. Ramid a été, en effet, frontalement attaqué par le président du groupe de l'UC, Driss Radi, avant que celui-ci ne soit rejoint par celui du PAM, Hakim Benchamasse. Les deux partis ont, avant cela, fustigé «le laxisme du gouvernement dans la mise en œuvre de la Constitution», essentiellement concernant la loi organique des finances, mais aussi «la casquette partisane prise par Benkirane lors de ses discours à l'étranger, ce qui fait peur à nos partenaires au sein de l'UE», comme l'a déploré le chef du parti du tracteur à la 2e Chambre. Ramid n'a pas digéré les invectives de l'opposition et a insisté sur le fait qu'«aucune démocratie au monde n'autorise l'opposition à dire ce qu'elle veut dans le souci de déprécier les actions du gouvernement et en même temps d'empêcher même un responsable du gouvernement de hausser la tête en guise de désaccord». Les partis de l'opposition, auxquels s'est joint le groupe socialiste, se sont retirés de la séance des questions orales, momentanément, pour bouder les réponses du département de la Justice et ont annoncé l'envoi d'une lettre de protestation au président du gouvernement. «Le ministre de la Justice et des libertés a défié la présidence de la chambre», a insisté le président du groupe fédéral, Mohamed Saidia. «Le gouvernement n'a pas le droit d'accuser directement un membre de la chambre», a-t-il ajouté. Les groupes parlementaires au sein de la 2e chambre ont évité de saisir le département de Choubani, qui reste le département en charge des relations entre les deux institutions, lesquels n'ont pas réussi à normaliser leurs rapports depuis le renouvellement de la Chambre des représentants. «Au cours de cette session, le renouvellement des structures internes restera posé avec acuité», comme le soutient le président du groupe du RNI, Abdelmajid Lemhachi. «La situation juridique de la Chambre des conseillers pose des questions sur l'élection des structures internes du Parlement». Le règlement intérieur est aussi concerné, vu que certaines de ses dispositions ne sont pas compatibles avec la Constitution de 2011. Le vote de la loi des finances 2013, qui est actuellement uniquement de la compétence de l'instance présidée par Karim Ghellab, posera aussi un problème durant ce démarrage de la session d'automne.