Il a déjà été prévu, depuis l'annonce des grands axes de la stratégie de développement de la logistique, de mettre l'accent sur la formation dans le secteur. Le ministère de tutelle avait en effet anticipé les problématiques du secteur, mais n'avait cependant pas pu mettre en œuvre le plan annoncé. Le retard pris dans la mise en œuvre de toute la stratégie logistique a en effet également impacté le volet de la formation. Aujourd'hui, il n'est plus question d'attendre. C'est du moins le message passé par le secrétaire général du ministère lors du Medlog. Il s'agit aujourd'hui de donner un véritable coup d'accélérateur pour atteindre les objectifs fixés en matière de compétences humaines. Que prévoit donc la tutelle ? Pour le représentant du ministère, il est principalement question d'adopter une approche de programmation et de mise en œuvre opérationnelle d'un plan intégré de formations dans le domaine de la logistique, touchant l'ensemble des niveaux de qualification. Les mesures du plan de formation visent une vingtaine de filières spécialisées, avec notamment une focalisation sur les profils dont «l'aspect critique» en termes de formation est le plus important. C'est le cas des techniciens, des opérateurs spécialisés dans les métiers de pilotage et d'encadrement opérationnel et des ingénieurs et managers en logistique. Concrètement, le programme vise dans un premier temps à améliorer la visibilité quant aux besoins du marché et de l'offre en matière de formation. Ensuite, il s'agit de redynamiser, via notamment l'élargissement et l'adaptation de la formation à la demande, les systèmes de formation existants. «Les principaux points pris en compte sont : les volumes de formation par métiers, par profils et par filières, la qualité des profils et des cycles de formation, ainsi que le timing et la montée en puissance des besoins», note-t-on auprès du ministère de l'Equipement et du transport. Concernant la redynamisation des systèmes de formation actuels, l'objectif des initiatives se concentre sur la ventilation des besoins sur les systèmes de formation existants. En d'autres termes, il est question de définir des profils à «l'entrée/sortie» et de partenariats possibles. Par ailleurs, la tutelle souhaite mettre en place un mécanisme de suivi garantissant l'adéquation quantitative et qualitative entre l'offre de formation et la demande générée par les métiers du secteur. Sur le terrain, cette ambition devrait se traduire par la prise en compte de deux initiatives majeures. La première concerne un plan de formation dit de «pré-embauche». Les profils ciblés à ce niveau sont titulaires de l'équivalent bac jusqu'à bac+5. De nouvelles filières sont programmées afin d'accompagner la croissance du secteur du transport et de la logistique autour des nouveaux projets tels que Tanger Med. À l'horizon 2015, plus de 61.000 personnes seraient concernées par le programme avant que ce nombre ne soit augmenté à 173.000 à l'horizon 2030. Parallèlement, le ministère souhaiterait également que la formation se réalise en post-embauche. Les profils existants pourraient en effet bénéficier d'assistance technique et ce, via la mise en place de programmes de mise à niveau, en particulier autour de trois profils : les managers, les chauffeurs et les donneurs d'ordres. La CGEM prend les devants Le problème de l'adéquation entre les qualifications des profils formés dans la logistique et les besoins réels du marché ne date pas d'hier. La CGEM avait en effet déjà soulevé le problème via sa commission logistique. Une initiative a même été prise en début d'année en se rapprochant des opérateurs de l'enseignement supérieur délivrant des diplômes dans cette filière. Il faut dire qu'il était temps que les professionnels prennent en charge ce chantier puisque l'adéquation recherchée ne peut se faire si chacune des deux parties travaillait seule de son côté. C'est du moins ce que l'on a fait valoir auprès de la commission. Cette dernière avait, pour rappel, entamé la même démarche avec l'OFPPT, en vue de revoir les programmes de formation dispensés par l'Office. Le fait que la commission logistique à la CGEM ait été re-confiée à Mohamed Talal après la nomination du nouveau bureau de la CGEM sera donc un atout de taille pour le patronat, en vue d'assurer la continuité de ce programme de rapprochement entre l'entreprise et les opérateurs de la formation. «Mise en œuvre progressive» Dans son intervention au Medlog, le secrétaire général du ministère de l'Equipement et du transport a insisté sur le fait que le Maroc a mis en place un programme visant la formation de 61.000 lauréats à l'horizon 2015-2016 dans 20 filières de la logistique. Ce programme, qui s'inscrit dans le cadre de la stratégie nationale de développement de la compétitivité logistique, «sera mis en œuvre de manière progressive, en privilégiant la qualité de la formation». En parallèle, l'Etat entend mettre en place des programmes de formation continue et créer, en coordination avec l'Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT), des centres dédiés à la formation dans les principales stations logistiques actuelles et futures et soutenir les initiatives privées de formation, en partenariat avec l'Agence nationale de promotion de l'emploi et des compétences (ANAPEC). Pour ce faire, l'Etat devra mobiliser du foncier dans les zones logistiques, pour la construction d'instituts spécialisés.