Le ministère de l'Habitat, de l'urbanisme et de la politique de la ville revoit la politique d'aménagement du littoral. La Direction de l'aménagement du territoire ambitionne par là de «définir une nouvelle vision prospective du littoral marocain concertée et partagée». Ce travail vise essentiellement à mettre en place un modèle de gestion intégrée et territorialisée du littoral et ce, par la définition des enjeux, des objectifs, des modes de gouvernance adaptés, ainsi que des priorités de développement et d'aménagement intégré de cet espace. Dans le fond, il s'agira d'instaurer un juste équilibre entre les impératifs de protection et la nécessité d'aménagement raisonnable. D'un point de vue plus technique, la tutelle s'apprête à établir «une vision prospective des principales évolutions des espaces côtiers et une stratégie d'aménagement, qui se veut globale, intégrée, préventive et anticipative», apprend-on, pour in fine, aboutir à la définition d'un ensemble cohérent d'instruments adaptables aux spécificités de ces espaces, pour assurer leur gestion intégrée et durable. Pour ce faire, une analyse sera conduite sur les différentes composantes territoriales, qu'elles soient physiques et environnementales, sociales, urbaines et économiques, institutionnelles ou juridiques. Tout ce travail devra, selon les responsables du ministère, se construire sur la base d'une «approche comparative et illustrative en s'inspirant des expériences étrangères réussies et devra accompagner la mise en place d'une stratégie de protection-préservation et de réhabilitation-valorisation», pour au final faire l'objet d'une participation effective des opérateurs et acteurs nationaux. Revirement stratégique La gestion et l'aménagement du littoral marocain présentent de nombreux dysfonctionnements, auxquels il va falloir remédier. Ces dysfonctionnements persistent d'autant plus que les habitudes sociales se modifient et que le basculement de la population de l'intérieur vers les rivages, se traduit par un «sous-équipement notable et un déséquilibre manifeste sur tous les plans». Plus concrètement, l'analyse de cet espace fait état d'un milieu «physiquement et biologiquement instable», présentant même un écosystème fragile sans mesures de protection ou d'aménagement spécifique. Ajoutons à cette réalité une nouvelle donne, à savoir la pression urbaine qui s'exerce actuellement sur cet espace. Il concentre en effet les agglomérations urbaines les plus importantes du pays principalement dans sa partie nord-ouest, à savoir, 61% des populations des grandes villes et 80% des travailleurs permanents de l'industrie. En outre, le littoral est voué de plus en plus à devenir un pôle d'attraction pour différentes activités touristiques, en concentrant 53% de la capacité de ce secteur, sans oublier la forte spéculation foncière qui s'y exerce. En somme, le littoral marocain se définit actuellement davantage comme un «lieu d'urbanisation anarchique» à l'origine de la dégradation des zones côtières, mais également de la pollution des sites. Cette réalité a en effet, ces dernières années, conduit au «durcissement de la côte soit à son érosion, en raison d'une concentration des industries, dont 92% sont aujourd'hui situées à proximité de la côte, déversant leurs rejets en mer, sans traitement préalable, ce qui complique ainsi la gestion de la pollution côtière aboutissant à un recul des richesses halieutiques». Autant d'éléments, donc, qui soulignent la nécessité d'agir rapidement et de redéfinir une politique d'aménagement adaptée. Le tout pour mettre en place un modèle de planification clair, un système juridique efficace et une meilleure cohérence des actions, selon une approche multidimensionnelle.