La fin du Ramadan survient, cette année, une dizaine de jours avant la fin du mois d'août; ce qui relance les vacances estivales pour un certain nombre de Marocains. Les hôtels font des appels de promotion et la canicule (celle du climat et non celle «de la poche» !) oriente les uns et les autres vers les endroits où la fraicheur et la beauté des paysages permettent une remise en forme, aussi bien du physique que du moral, pour affronter une reprise de l'activité avec tous les efforts que cela nécessite. Plus que la montagne, le littoral attire par les équipements de loisirs qui s'y retrouvent et les joies que procure la mer. Une fois sur place, le regard est frappé autant par la richesse des sites que par les «incohérences» de l'aménagement qui leur est apporté. Il reste beaucoup à faire pour que le littoral marocain puisse répondre aux besoins d'une littoralisation galopante et pour que ses ressources soient respectées et protégées. L'urbanisation, parfois à proximité du rivage, et les transformations qu'elle apporte rendent les sites en opposition avec la sérénité dégagée par le rivage. Il est certain que chaque agglomération au bord de la mer voudrait bien se transformer en un pôle d'attraction touristique, ce qui entraîne des dépassements dans la gestion des espaces et le respect de leur nature et de leur fonction avec un zeste de spéculation qui se retrouve chaque fois que le profit devient apparent. L'équilibre entre aménagement, protection et mise en valeur de la frange littorale est très précaire. Seule une approche globale permet de prendre en considération tous les enjeux en préservant la nature de l'interface que constitue la zone littorale. A ce propos un projet de loi, la 31-06, visant à promouvoir une politique nationale relative à l'aménagement, la protection, la mise en valeur et la conservation du littoral a été transmis au Secrétariat Général du Gouvernement depuis 2006. Ce projet de loi semble connaître encore une période de maturation, pour ne pas dire autre chose, alors qu'il devait précéder d'autres textes juridiques en préparation, notamment celui concernant l'exploitation des carrières où le dragage des fonds littoraux fait son apparition sans que l'on estime à sa juste valeur son impact. Il est évident que la production législative et l'arsenal juridique structurant l'activité de l'homme et le développement du pays doivent être au dessus des intérêts particuliers et répondre à celui de la Nation et à ses ambitions d'émancipation et de modernité. Dans le même sens, une nouvelle définition du domaine public maritime s'impose afin que; d'une part, l'appropriation privée n'aboutisse à des usages restreints à face bétonnée du rivage et de ses abords (déjà mis en place dans certaines parties du littoral !), et que d'autre part, la bande déterminée par le domaine public maritime puisse répondre à des exigences de protection conformes à la morphologie du littoral et non à une distance uniforme de six mètres au delà des laisses de hautes mers. Les conséquences environnementales de cette approche égoïste, où le béton s'interpose entre les parties du système côtier, sont connues de par le monde et conduisent au recul du rivage et à son érosion, à la disparition des plages. La zone côtière est aujourd'hui très convoitée et de nouveaux usages, en plus des traditionnels, s'y développent avec un poids socio-économique indiscutable. Il est nécessaire de sensibiliser notre population sur l'aspect fragile du milieu littoral, sur la précarité de son équilibre et l'importance de sa préservation ; comme il est urgent de se doter d'un arsenal juridique conforme à l'intérêt national pour un développement intégré et équilibré du littoral et des ses ressources.