Une journée d'étude a été organisée, le jeudi 24 mars par le département des Sciences à l'Université Ibn Tofaïl, dans le cadre d'une contribution au projet de la Charte sur l'Environnement, avec la participation de professeurs chercheurs. D'après les propos et documents recueillis auprès de la commission organisatrice, encadrée par les Prs. A. Ben Mohammadi et Y. Lebahi, la supposée solution alternative à l'extraction des sables dunaires est en réalité activité encore plus préjudiciable à l'environnement et les sables de dragages n'ont rien de sables verts mais ce sont les sables du désastre. Puis cette exploitation n'est pas sans effet sur le littoral, milieu complexe et fragile. Il ne faut pas perdre de vue que la vie sur terre y est née et que ces lieux sont à l'origine même de l'essentiel de la production des protéines animales que nous consommons (62% des protéines animales consommées ont pour origine la mer et ces espèces pour la plupart prennent naissances dans ces eaux bordières). Aussi, agir sur un tel milieu doit-il se faire avec humilité et précaution. En effet, compte tenu du faible coût de leur extraction, du vide juridique qui cadre cette activité, de l'absence de tout contrôle de ces mines sous l'eau et de tout contrôle des cubatures déclarées, des besoins croissants d'activités qui utilisent massivement le béton pour toute construction, ces sables littoraux semblent bien tentants. Pourtant il ne faut pas oublier les limites que présente leur extraction tant sur le plan quantitatif qu'en matière de contraintes et d'impacts. Les impacts de l'extraction des sables en mer par drague suceuse sont loin d'être anodins sur le milieu. En prélevant des quantités importantes de sables (souvent plusieurs millions de tonnes sur un même site), l'Homme perturbe tous les mécanismes sédimentaires et hydrographiques qui régissent leurs équilibres. Ces impacts sont de deux ordres, morphologiques et biologiques, sans oublier la dégradation du paysage naturel. Pour ce qui est des impacts sur la stabilité du trait de côte (massifs dunaires) et dans les zones de faible profondeur, au voisinage de côtes, les sédiments ne sont pas statiques. Au contraire, par leur mobilité, ils contribuent à assurer l'équilibre dynamique de cellules sédimentaires essentielles à la protection d'un littoral. Tout prélèvement risque donc d'entrainer un déséquilibre. Il est à rappeler que « l'extraction peut modifier les mouvements de l'eau (marée, courant, houle) et par suite les transports sédimentaires qu'ils induisent. Elle peut donc modifier les fonds alentour et la côte avoisinante.» Toute extraction agit sur la propagation et la déformation de la houle. Tout prélèvement effectué à une profondeur inférieure à 35/40m aura indubitablement un effet sur le littoral car la mobilisation des sédiments y sera perturbée. Pourtant nombre d'entreprises de dragage travaillent par moins de 25m pour des raisons techniques et de coûts. Inutile de dire alors que les impacts sur le trait de côte sont réels. Conséquences : toutes ces perturbations peuvent conduire à la disparition de plages (cas de celle de Mehdia au Maroc). Aussi la prudence doit-elle rester de mise et les principes de précaution intervenir devant toute incertitude. Pour les impacts sur le milieu vivant : c'est le volet important, car elle intéresse toute la population riveraine vivant dans ce milieu. Elle concerne principalement les extractions en mer. Celles-ci sont effectuées par des dragues et de plus en plus au moyen de suceuses. Or, leurs impacts sont lourds : l'aspiration des sédiments par les suceuses affecte particulièrement les espèces vivant sur les fonds, et la mise en suspension des sédiments que ces machines génèrent. C'est donc toute la chaîne tropique qui s'en trouve altérée, c'est-à-dire toute la vie marine. Donc l'impact est très lourd et certains chercheurs en arrivent même à considérer que cette perturbation a un effet supérieur en certaines mers à la pollution chimique. Un système halieutique qui se trouvant alors perturbé et par voie de conséquence toute une société lorsqu'elle vit de la pêche. Cet impact est souvent négligé alors qu'il concerne l'Homme et ses activités de pêche directement. Par ailleurs la transformation physique des fonds qui en résulte, celle des courants, modifient le comportement des espèces qui traditionnellement y vivaient. Elles peuvent migrer vers d'autres lieux, voire disparaître. Enfin, depuis peu, un biologiste spécialiste reconnu du plancton, s'interroge sur la corrélation qu'il observe entre sites d'extraction en mer et apparition de planctons toxiques. Les extractions en mer, en remuant les sédiments, contribueraient au réveil de phytoplanctons toxiques en sommeil dans les vases et sables de surface du benthos. Leur apparition a un effet immédiat : l'impossibilité de consommer les espèces animales issues de ces fonds, notamment les coquillages. En conclusion, l'exploitation des sables peut avoir d'autres conséquences : des impacts sur l'activité de pêche donc la vie des communautés littorales, une gêne pour la navigation notamment lorsque ces extractions s'opèrent dans les estuaires. Surtout, cette appropriation d'un domaine public (la mer) et d'un bien public (le sable) devrait rester exceptionnelle et contrôlée. Il faut limiter le nombre et l'ampleur de ces sites d'extraction. Par ailleurs, il apparait, par expérience, que ce type d'activité suppose au préalable un concertation avec les populations avoisinantes, cela avant tout usage et mise en œuvre. Car c'est un territoire qui est exploité, même s'il est en mer. Les communautés riveraines considèrent cette extraction d'abord comme une agression faite à leur espace de vie. Ce projet d'exploitation, constituera à long terme (effet de rémanence d'une cinquantaine d'années) un acte préjudiciable au maintien des équilibres morphologiques de toute la dynamique côtière des littoraux objets d'extraction, à savoir Mehdia, Azemmour, Mohammedia, etc. Ses effets risquent d'ailleurs d'avoir des conséquences plus dommageables encore, car ils vont se combiner avec le mouvement constaté et prévu de la remontée du niveau de la mer.