La mesure était attendue depuis quelques semaines (www.lesechos.ma), le gouvernement a fini par l'annoncer à l'issue de sa dernière réunion. Malgré l'assèchement de ses caisses, l'Etat met encore une fois du cash pour subventionner à hauteur de 1 MMDH les importations de blé. Conséquence logique de l'épuisement progressif des stocks de blé et de la flambée des cours des matières premières au niveau mondial. Une mesure aux allures d'un bol d'oxygène pour les importateurs de blé, principaux bénéficiaires de l'enveloppe. Seulement, le geste du gouvernement, quoique salutaire en ces temps difficiles, ne satisfait pas les minotiers, et est encore loin de mettre les consommateurs à l'abri d'une augmentation prochaine du prix du pain. Si la Fédération nationale des minotiers (FNM), exclut pour le moment «toute augmentation du prix du pain dans l'immédiat», il s'avère pertinent de se demander jusqu'à quand «les minotiers et importateurs vont continuer à supporter la décote de 15% non couverte par le montant alloué par le gouvernement?». En effet, au lieu des 1,2 MMDH réclamés par les professionnels (l'équivalent de 100% de la subvention), l'Etat n'a pu couvrir qu'une valeur de 85%. À ce propos, l'Office national interprofessionnel des céréales et des légumineuses (ONICL) avait prévenu (le même jour que l'annonce de l'injection du milliard de dirham) d'une ponction de 15% sur le montant des subventions. Pessimisme À l'heure où les prix des matières premières continuent leur trend haussier, c'est plutôt un grand pessimisme qui prévaut chez les minotiers. «La variation des prix des matières premières au cours de la semaine prochaine nous permettra de savoir à quoi il faut s'attendre véritablement», se résigne-t-on à la FNM. Autre épine qui complique la donne, les fonds injectés par l'Etat ne permettent pas de réduire le prix d'acquisition du blé par les moulins, à en croire les importateurs. Le transport de la farine continue de peser lourd sur la production du pain. Selon les boulangers, les coûts du transport représentent actuellement 55% des charges de production. «Une fois le blé importé déchargé sur les côtes marocaines, le prix de revient pour les producteurs varie en fonction de leur proximité avec les ports», confie une source auprès de la FNM. Sur ce point, ajoute le même interlocuteur, «nous avons toujours fait savoir aux pouvoirs publics que c'est la baisse du prix d'acquisition qui nous intéresse le plus». Ce qui permet aux boulangers, derniers intervenants dans la chaîne, de diminuer leurs charges. Il y a également lieu de noter que les attentes ne manquent pas, notamment sur le respect du contrat-programme signé le 27 octobre 2011 avec le précédent gouvernement. Une réunion est prévue à ce propos dans les prochains jours avec la commission interministérielle en charge de ce dossier. Lors d'une précédente rencontre, le ministre des Affaires générales et de la gouvernance Najib Boulif, avait déjà promis de respecter les clauses de ce contrat-programme qui, justement, vise la stabilisation du prix du pain et le développement du secteur, en vue de diversifier ses produits et d'assurer sa continuité, tout en renforçant sa compétitivité. Lahoussine Azaz, président de la Fédération nationale de la boulangerie et pâtisserie du Maroc, ne cesse de rappeler que les boulangers «sont de plus en plus bousculés en raison de l'augmentation des charges de production». Il se dit tout de même confiant et rassuré après les engagements pris par Boulif. Néanmoins, avec les derniers développements survenus dans le contexte actuel, la réalisation de ces objectifs s'avère de plus en plus difficile.