«Dans le contexte actuel, nous sommes obligés d'organiser une grève nationale puisque le gouvernement s'entête à ignorer nos doléances. Nous savons que cela coûtera cher à notre pays mais nous n'avons pas le choix. Le secteur demeure anarchique et le gouvernement ne fait rien pour arranger les choses», C'est ce qu'affirme Mohamed Mitali, président de l'Union des fédérations nationales des conducteurs et des professionnels du transport. Les professionnels sont ainsi en pleine campagne de préparation pour une grève nationale du secteur. La question est grave, car son poids économique est considérable. Certes conscients de ce fait, les opérateurs se disent contraints de recourir à telle solution comme réaction au refus du nouveau gouvernement de mettre en pratique le contrat-programme de mise à niveau, convenu avec l'ancien gouvernement pour la qualification du secteur. «Si les doléances des transporteurs sont multiples, c'est parce que le secteur demeure aujourd'hui chaotique», estime Mitali. «Deux volets essentiels résument ces doléances», selon le président de l'Union. Il s'agit du volet social qui englobe la couverture sociale, l'accès à la sécurité sociale et l'assurance. Le deuxième volet professionnel concerne la rationalisation du temps de repos et de récupération, le contrôle des professionnels du contrôle technique, véritable cause des accidents routiers, et un contrôle plus strict du tonnage. Ce n'est pas tout. Mitali estime que les professionnels sont illégitimement pointés du doigt en ce qui concerne les accidents de circulation impliquant les transporteurs, surtout que la formation continue, dispensée par l'Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT) des chauffeurs laisse fortement à désirer. C'est ainsi que la Fédération des transporteurs routiers propose que cette formation soit assurée par des opérateurs privés afin d'en améliorer la qualité et le rendement. En rétrospective, le chef de gouvernement avait reçu les transporteurs suite à la hausse du prix du carburant. «Les transporteurs avaient soumis par la suite leurs doléances par écrit mais rien n'a abouti», selon Mitali. Pour rappel, la hausse des prix avait impacté à un degré moindre les transporteurs de marchandises et ceux de voyageurs de première catégorie. Les taxis et le transport des voyageurs de deuxième catégorie ont été, par contre, touchés au vif, étant soumis à des tarifs fixés par l'administration. Les deux parties avaient également convenu de la mise en place d'une commission de suivi du dossier. Est-ce suffisant pour épargner le pays du «mal nécessaire» d'une grève nationale ?