Les épargnants ne peuvent que se réjouir pour ce second semestre. Les rendements des placements, notamment bancaires et monétaires devraient s'inscrire en hausse. En effet, les taux des différents comptes d'épargne se sont inscrits en hausse pour certains, traduisant ainsi une tendance globale de la situation monétaire du pays. Face à cela, la baisse du taux directeur et l'appétit grandissant du Trésor ont fait que les taux relatifs aux bons émis par l'Etat, affichent des variations relativement mitigées. Une rémunération de 3,04% pour les comptes sur carnet Pour la seconde partie de cette année, la rémunération des comptes sur carnet a été fixée à 3,04%, soit 7 points de base de plus que ce qui a été servi au titre du premier semestre. Au cours de la même période de l'année précédente, le taux des comptes sur carnet était fixé à 2,96%, ce qui signifie qu'il s'est nettement amélioré en 2012. Notons que le niveau actuel des rémunérations est relativement élevé. Sur les dix dernières années, le taux d'intérêt a atteint son niveau minimum à 2,15% au cours du premier semestre 2003 et son taux le plus élevé à 3,29% lors des six premiers mois de l'année 2009. Ce taux reste toutefois inférieur à la rémunération offerte aux épargnants de 1988 à 1993 qui était fixée à 8,50%. À ce titre, notons que le taux des comptes sur carnet est indexé sur le taux moyen pondéré des bons du Trésor à 52 semaines, diminué de 50 points de base. Les intérêts servis sont soumis à la taxe sur les produits de placements à revenus financiers (TPPRF) au taux de 30% retenu à la source par les banques. Un pic de 2,13% pour le livret d‘épargne Le taux servi pour la rémunération des livrets de la caisse d'épargne nationale au titre du second semestre 2012, a connu une nette hausse d'un semestre à l'autre mais également sur une année glissante. En effet, il a été établi à 2,13% soit le plus haut taux sur les 4 dernières années, après avoir atteint le niveau le plus bas à 1,80% au cours de 2010. Et pour cause, ce taux est calculé sur la base du taux moyen pondéré des bons du Trésor à 5 ans émis par adjudication lors du semestre précédent, diminué de 200 points de base, référence qui à son tour a légèrement varié à la hausse. Ce moyen d'épargne présente l'avantage d'une exonération d'impôts au moment du retrait de l'épargne pour les personnes physiques, contrairement aux DAT et aux comptes sur carnet, dont le taux d'imposition sur les intérêts perçus est de 30%. Les personnes morales, quant à elles, devraient s'acquitter d'une taxe de 20% sur les intérêts perçus. Le DAT à 12 mois rapporte 3,92% et celui à 6 mois 3,38% Les taux moyens pondérés des bons de caisse et des dépôts à terme à six mois observés par Bank Al-Maghrib auprès des banques de la place à fin juin de cette année, ont enregistré une petite hausse de 2 points de base depuis le début de l'année, passant de 3,36 à 3,38%. La hausse de rémunération est pratiquement la même pour les dépôts à terme à douze mois. Le taux s'est ainsi établi à fin juin à 3,92%, en progression de 3 points de base par rapport à décembre 2011. Notons toutefois que les taux des DAT ont été relativement volatils au cours de ce premier semestre, avec des plafonds de 3,50% pour les premiers et de 4,02% pour les seconds. L'appétit du Trésor fait flamber les rendements des bons Les taux des bons du Trésor ont inévitablement subi les conséquences de l'intensification des besoins de financement de l'Etat. Si la courbe des taux primaires (bons émis par adjudication) a enregistré une baisse de 15 points de base sur la maturité 13 semaines, les autres lignes de financement du Trésor ont enregistré des hausses allant de 7 points de base (maturité 26 semaines) à 10 points de base (maturité 15 ans). Les autres segments de la courbe sont restés quasiment stables. Ces variations mitigées interviennent dans un contexte assez particulier. En effet, avec la forte augmentation des charges de compensation de l'Etat, parallèlement à un déficit des rentrées de cash dans les caisses de l'Etat, le Trésor a accentué ses levées de fonds sur le marché des adjudications pour pouvoir financer son déficit. Dans ces conditions et avec des investisseurs, certes toujours présents, mais faisant preuve de plus de prudence, les taux des bons du Trésor, surtout ceux de maturités longues, se sont orientés à la hausse. Une hausse qui a été toutefois atténuée par l'abaissement du taux directeur de Bank Al-Maghrib de 25 points de base en mars dernier, cette révision a eu un effet mécanique sur les taux monétaires, puis obligataires. D'ailleurs, c'est cet abaissement du coût officiel de l'argent au jour le jour qui explique la baisse des taux des bons du Trésor de maturités courtes, en raison de leur forte corrélation avec le marché monétaire. En outre, compte tenu de la situation actuelle des finances, le trend haussier des taux des bons du Trésor devrait se maintenir sur le reste de l'année. Et pour cause, des besoins de financement du Trésor qui demeureront importants, et ce, malgré les mesures d'allègement de la charge de compensation (hausse du carburant...). De plus, l'annonce de la levée de fonds à l'international (700 millions à 1 milliard de dollar US) devrait relativement soulager les caisses de l'Etat, à condition que l'inflation ne reparte pas à la hausse, chose qui pourrait pousser la Banque centrale à ramener son taux directeur à son niveau initial, soit 3,25%, ce qui aura un impact haussier mécanique sur la courbe des taux des bons du Trésor.