Pour les milliers de Marocains qui ne sont pas sortis dimanche dernier dans les rues, ou qui ne sont pas habitués à rester devant l'écran de leur ordinateur en dehors du travail, dimanche 20 février, aurait pu être une journée ensoleillée comme les autres. Et pour cause, il suffit d'allumer la télévision. Imperturbables, les chaînes nationales, du moins Al Oula et 2M diffusaient leurs traditionnels programmes matinaux pour enfants, enchaînant en fin de matinée avec les émissions culinaires ou sanitaires. Postes de radio branchés et c'est encore une fois le RAS sur les ondes, en dehors de quelques stations privées telles Altantic, Med radio ou Luxe Radio, pour ne citer qu'elles qui ont pris le parti de descendre dans la rue. Il faudra donc tendre l'oreille jusqu'au flash d'information de la mi-journée pour décrocher quelques bribes des nouvelles concernant l'évolution des nombreuses manifestations, qui prenaient d'assaut pratiquement toutes les villes du Maroc. Encore une fois, les médias nationaux ont démontré leur degré d'efficacité et de réactivité face à un événement national. D'autant plus qu'il aura fallu attendre la dernière édition du journal télévisé pour (re)voir les images de la matinée, commenter des éclairages du journaliste Hamid Berrada invité sur 2M. Et encore ! Les yeux du monde On l'aura compris, l'information est donc ailleurs. Sur la Toile plus précisément, ou sur les médias internationaux. Que l'on ne s'étonne pas, après, de voir plus de 50% de téléspectateurs marocains, traverser les frontières quotidiennement via leurs télécommandes. L'actualité nationale a, en effet, été couverte par les médias internationaux. France 24, par exemple, suivait pas à pas l'évolution des manifestations, mesurant -images à l'appui- la température ambiante et commentant les revendications du mouvement populaire, de regards d'experts marocains d'ailleurs. En plus de l'interview rediffusée du prince Moulay Hicham, en quelques heures la chaîne avait déjà fait intervenir l'économiste Driss Ben Ali, par téléphone et le politologue marocain, Cherkaoui Roudani. D'autres avis suivaient au cours de la journée. Al Jazeera, plus préoccupée par la triste tournure que prenaient les mouvements populaires en Libye, avait tout de même fait l'effort de survoler l'actualité du royaume. Cette fois encore en images. Pourtant, la chaîne n'a plus de correspondants sur place... De tous, c'est finalement la Toile qui aura été la plus prolifique en termes de flux d'informations. Ici encore, les médias internationaux ont répondu présents, se faisant même plus réactifs que certains médias en ligne au niveau national. Le blog de TV5 monde, pour ne citer que cet exemple, suivait «le film de la marche» à tour de commentaires, de photos et de vidéos postées par les correspondants sur place. Même chose pour le portail des Marocains du monde, Yabiladi.com qui postait pratiquement tous les quarts d'heure, des commentaires sur les différentes villes du royaume. Twitter, Facebook et Youtube, battent une fois de plus le record des «médias» les plus au fait de l'actualité. Et non sans raison. En direct des différents sites de manifestations, journalistes et citoyens, tweetaient, commentaient ou postaient des photos ou vidéos. Mais attention à la désinformation ! S'il est vrai que le web aura permis à bon nombre de médias, «traditionnels» d'ailleurs, de suivre l'actualité dans certaines régions, les démentis de photos et vidéos truquées incitant à la désinformation circulaient au même rythme que «l'information». C'est là que l'on regrette une fois de plus, de ne pas avoir pu se (re)tourner sur nos téléviseurs pour être correctement informés. S.A