Une étude menée par le cabinet Claire Vision Consulting sur un échantillon de 500 personnes a révélé l'état d'esprit des Marocains en post-confinement. Tour d'horizon sur les principaux résultats et les tendances de l'étude. Après plus de trois mois de confinement, le cabinet Claire Vision Consulting a réalisé une première étude sur le comportement des Marocains au sortir de cette période inédite. «Nous avons souhaité savoir comment les Marocains et les Marocaines ont vécu le confinement, comment ils perçoivent le déconfinement, s'ils sont inquiets ou confiants, s'ils croient en une deuxième vague du Covid-19 et s'ils sont optimistes quant à la rentrée», précisent Moncef Kabbaj et Meryem Lahlou, les initiateurs de l'étude, pour expliquer la portée de la démarche. L'étude a été réalisée par Claire Vision Consulting et Compétence Plus sur la période du 15 au 23 juin et sur un échantillon de 500 personnes interrogées de façon aléatoire et permettant une marge d'erreur très satisfaisante (inférieure à 5%). La structure de l'échantillon a été redressée de manière à appliquer exactement la structure de la population marocaine issue du recensement du HCP (RGPH 2014), est-il indiqué. Appréhensions et sentiment de sécurité Si l'étude révèle que la majorité des Marocains interrogés sont satisfaits du mode adopté pour la gestion de la crise dans la mesure où 94% déclarent que les mesures (confinement, couvre-feu) prises par le gouvernement sont bonnes, les avis divergent quant au ressenti de la crise et du confinement dans chaque foyer. Si les mesures sanitaires sont jugées efficaces voire très efficaces par 96% de la population, certaines franges sont un peu plus critiques notamment les jeunes (18-24 ans) ainsi que la CSP AB composée notamment des dirigeants. Cette frange de la population se montre la plus réservée quant à l'efficacité des mesures économiques prises par le gouvernement. Pour leur part, les séniors (65 ans et plus) sont ceux qui apprécient le plus les mesures sociales. Pour 70% de la population, celles-ci sont jugées «efficaces». Habitudes et manque La majorité des Marocains sondés fait montre de confiance en l'avenir. Ils sont aussi 83% à avoir respecté à la lettre les mesures de confinement. Le plus grand manque ressenti concerne par ailleurs les rassemblements et les retrouvailles puisque 70% des personnes sont en manque de visites familiales et amicales. 25% manquent d'épreuves physiques et de sport quand seulement 7% manquent de sorties et de restaurants. Quant aux familles qui ont des enfants scolarisés, 62% jugent que les cours à distance sont de qualité ne permettant pas d'entamer la prochaine année dans de bonnes conditions, avec un taux d'insatisfaction de 19% pour les écoles privées et 74% pour l'école publique. Trois quart des familles dont les enfants sont à l'école déclarent que la qualité de l'enseignement à distance est insuffisante. Quant au télétravail, la majorité des personnes interviewées ne souhaitent pas le prolonger. 88% trouvent que le télétravail qui a surtout concerné les cadres est plus difficile que le travail en présentiel, ce qui est sûrement dû au fait que l'impact sur le revenu a été constaté pour 73% des personnes actives interrogées. Or, plus de la moitié affirme que cet impact dépasse les 3⁄4 du revenu du ménage. L'arrêt total du travail a concerné le secteur informel pour la plupart en vue des restrictions de déplacement et rassemblement. Seulement 17% des personnes interrogées ont vu leur activité se poursuivre de façon normale. Si de manière générale, le confinement a eu des effets positifs sur les habitudes de consommation, les relations sociales et la santé, paradoxalement, l'après confinement est encore incertain puisque l'échantillon reste méfiant quant au post-déconfinement. Jihane Bougrine