C'est une année charnière pour l'OFPPT, qui est pris au piège des conflits sociaux engendrés par les demandes des formateurs contractuels en 2011. Le bilan a inévitablement porté les stigmates des tensions internes, que ce soit pour la hausse de 17 % de la masse salariale qui résulte de l'augmentation des salaires estimée à 90 MDH, ou pour le déroulement de la formation qui a perdu 18 jours à cause des grèves. À l'occasion du conseil d'administration tenu comme à l'accoutumée à Ain El Borja à Casablanca, le management de l'Office préfère plutôt regarder vers l'avenir et a étalé la nouvelle batterie de mesures destinée à mettre la structure en contact direct avec les attentes des professionnels-employeurs. L'organisme sous tutelle du département de l'Emploi a l'intention de consacrer une enveloppe de 2,12 MMDH pour la concrétisation de son Plan d'actions à l'horizon 2016, visant la formation d'1 million de jeunes, et ceci sur un budget total de 2,49 MMDH. «Nous avons une lourde responsabilité envers les jeunes et il faudra ne pas se tromper de route car cela va nous coûter cher». C'est en ces termes que le ministre de l'Emploi et de la formation professionnelle a inauguré les travaux du CA de l'OFPPT. «Ce conseil doit servir à entériner les décisions qui sont déjà prêtes, quitte à discuter des autres questions après, car cela sera inefficace au sein du conseil», a tenu à préciser Abdelouaed Souhail. L'Office est engagé dans une dynamique de renforcement du dispositif de formation, élargi à 303 établissements (+123 EFP depuis 2002), pour un effectif de stagiaires qui a atteint 232.000. Un dispositif appelé à se développer dans les années à venir pour subvenir aux besoins grandissants en ressources humaines de grands programmes nationaux, notamment le Pacte national pour l'émergence industrielle, les secteurs prioritaires tels que les BTP, le tourisme, le transport et la logistique, le Plan Maroc Vert... D'ailleurs, en 2011, deux grandes opérations de formation étaient entreprises dans un cadre partenarial. Il s'agit de l'OCP Skills qui a permis l'accueil en formation de 10.000 jeunes et du Plan d'urgence pour le textile et l'habillement, mené avec l'AMITH, pour la formation/insertion de 20.000 personnes à l'horizon 2012, dont 10.000 pour l'année 2011. Pour la rentrée prochaine, l'OFPPT s'apprête à accueillir 310.000 stagiaires, dont 235.000 jeunes en 1re année. De nouvelles filières seront ouvertes avec le lancement notamment de l'Institut spécialisé dans les métiers de l'aéronautique et de la logistique aéroportuaire à Casablanca, de l'Ecole de formation aux métiers des BTP de Settat, l'Institut de formation dans les métiers du transport et la logistique de Taourirt et du Complexe de formation aux techniques agricoles de Bouknadel. CSF, la réforme s'impose Cependant, en matière de formation, le système actuel des contrats spéciaux de formation (CSF) pose un véritable problème d'efficacité. En 2011, le maigre chiffre d'affaires de 70 MDH réalisé sur quelque 1.300 entreprises actuellement bénéficiaires des CSF en témoigne, les PME/PMI ne représentant d'ailleurs que 2% des bénéficiaires dudit contrat. Seules les grandes entreprises y recouraient. Une situation qui traine depuis des années et qui attend d'être solutionnée. La commission tripartite (Etat, CGEM, syndicat) est donc appelée à dynamiser son cadre d'actions pour faire aboutir la nouvelle réforme de ce système, à travers l'adoption d'un projet de décret portant les dispositions de la nouvelle gouvernance qui maintiendrait le tripartisme souhaité par toutes les composantes. Outre la formation, l'Office a d'autres défis à relever pour les années à venir. Il doit se préparer notamment au lancement du chantier de la régionalisation avancée qui, selon le dernier discours royal, doit être achevé sans attendre. Ses attributions se verront alors plus élargies et ses missions renforcées. Pour entamer ce chantier deux études ont été lancées pour «la poursuite du projet de réorganisation et de régionalisation, lequel comprend également l'achèvement de l'étude de définition du schéma directeur informatique», explique le management qui ajoute que ce chantier de la préparation à la régionalisation prévoit «la mise à niveau de l'infrastructure d'exploitation télécom et réseaux au niveau central et régional». S'agissant du bilan financier, «pour la première fois, la subvention étatique n'a pas été débloquée», s'est félicité Larbi Bencheikh après le non-recours au 340 MDH qui ont été prévus par le budget. La Taxe sur la formation professionnelle et la contribution des stagiaires forment pour leur part l'ossature des rentrées de l'OFPPT avec respectivement 908 MDH et 151 MDH. Point de vue Larbi Bencheikh, DG de l'OFPPT «Le principal fait marquant de cette année a été sans doute le conflit social qui a éclaté, à raison de 2 à 3 jours par mois. Afin de limiter les effets sur le déroulement de la formation, un prolongement de la durée de la formation de 6 semaines a été décidé avec la mise en place d'un processus de rattrapage au profit des stagiaires. Concernant la formation continue, nous comptons nous mobiliser durant la rentrée avec des offres qui intéressent les PME-PMI. Pour les contrats spéciaux de formation, le reste à payer a été ramené à 80 MDH en 2011, alors que le nombre de dossiers agréés au financement des GIAC a atteint 370 pour un montant de 14 MDH. Il ne faut pas oublier que l'Office est sur le point d'achever l'étude relative au schéma directeur informatique et la mise en place de la plateforme e-Takwine». Renforcer la proximité avec les fédérations Malgré l'impact de l'augmentation des salaires et l'intégration des formateurs contractuels, le coût de formation est passé à 7.245 DH en 2011, contre 12.958 DH enregistrés en 2002. L'Office compte également durant la prochaine année renforcer sa proximité avec les fédérations professionnelles et capitaliser sur les 9 conventions de partenariat qui ont été signées en 2011. Toujours dans le volet d'amélioration du ratio d'encadrement et d'intégration, l'appui à la création de la PME-PMI a permis d'achever le programme d'accompagnement post-création de 200 PME, et au sein desquels 68% des jeunes entrepreneurs accompagnés sont des lauréats de l'Office. Les prestations aux entreprises restent dominées à 90% par les formations spécifiques, même si le chiffre d'affaires réalisé a stagné entre 2010 et 2011, avec respectivement 69 et 70 MDH.