À quelques heures de la rupture du jeûne, en ce samedi 28 juillet, l'autoroute Casablanca-Tanger est bondée. Gendarmes et forces auxiliaires veillent au grain quasiment à chaque kilomètre de cet axe routier envahi par les amateurs de football. Quelques véhicules arborent fièrement les fanions verts du Raja de Casablanca. D'autres agitent des drapeaux bleus et grenat distinctifs des catalans de Barcelone. Tous se pressent pour arriver à temps pour le Ftour, pour ensuite se donner rendez-vous au grand stade de Tanger afin d'assister à l'affiche dont tout le monde parle, du moins au Maroc, depuis des semaines : Le Raja Club Athlétic face au Football Club de Barcelone. Une rencontre de gala qui devait dans un premier temps opposer les coéquipiers de Messi à une sélection des meilleurs joueurs du championnat marocain. Une initiative qui échouera devant le refus des clubs de libérer leurs meilleurs joueurs dans une phase décisive de la préparation d'avant-saison et des réserves émises par la Fédération. Aussi, les organisateurs durent se tourner vers le Raja pour sauver l'évènement, non sans faire face aux protestations qui fusèrent de toutes parts et plus particulièrement des nordistes qui auraient préféré voire le Moghreb Athlétic de Tétouan, champion du Maroc en titre défier les Catalans. Peine perdue, la décision était définitive et d'aucuns justifiaient même cette dernière par le fait que ce soit avant tout le jubilé de Abdelmjid Dolmi, grande légende du Raja et du football national... Il n'en sera finalement rien, et Dolmi restera encore une fois sans jubilé ! Plus encore, le pari de l'évènement est loin d'être gagné. En effet, plusieurs gradins resteront désespérément vides. Le prix des billets a été en fait jugé prohibitif par un grand nombre d'amateurs de football au Maroc. D'autant qu'il fallait rajouter les frais de déplacement et de séjour à Tanger. À 21h30 l'ambiance monte d'un cran au grand stade de Tanger. Les joueurs du Raja commencent leur échauffement, bientôt rejoints par les joueurs du Barça. Les décibels battent des records d'intensité quand la star incontestée du jour, Lionel Messi, fit ses premiers pas sur la pelouse. Le délire gagnât les gradins et l'émoi traversa aussi bien les virages latéraux que la tribune officielle où le Prince Moulay Hassan attendait avec impatience le coup d'envoi du match. D'éminentes personnalités, ont fait le déplacement pour l'occasion. On pouvait ainsi distinguer, Mohamed Ouzzine, ministre de la Jeunesse et des sports, Karim Ghellab, président de la Chambre des représentants, Khalil Benabdellah, directeur général de la Sonarges et bien évidemment Mohamed Boudrika, le tout nouveau président du Raja. Après quelques tours de chauffe et un passage éclair par les vestiaires, les 22 protagonistes étaient prêts à en découdre... Dès les premières minutes, le petit lutin argentin semblait intenable. Galvanisé par un public marocain mais complètement acquis à sa cause, Messi faisait des merveilles et même les joueurs du Raja semblaient se cantonner à un rôle de spectateurs. La sanction ne tardera pas et c'est le chilien Alexis Sanchez qui transformat le premier essai, avant que le génial Lionel n'y aille de son «Hat trick» devant une passivité coupable du portier rajaoui Yacine El Had. Au bout des 45 premières minutes, les verts étaient déjà bel et bien K.O avec un retard de pas moins de 5 buts. Il faut dire qu'ils n'étaient pas beaucoup aidés par le public qui donnait l'impression que les Catalans jouaient à domicile. Certains y allaient même de leurs railleries à destination des verts auxquels ils reprochaient d'avoir pris la place du Moghreb de Tetouan, du MAS ou encore du Wydad. Toujours est-il qu'à la mi-temps, tous se rendaient compte que la marche était réellement trop haute et qu'un univers sépare le niveau de notre football qui en est encore aux premiers balbutiements du professionnalisme et une institution comme le Barça qui pratique l'un des jeux les plus chatoyants de ces dernières décennies. La pause fût l'occasion pour les officiels d'échanger les présents avec le vice-président du FC Barcelone. Puis, le jeu reprit avec les mêmes intentions et les Catalans d'enfoncer le clou avant la sortie de Lionel Messi sous les ovations. Malgré les changements et de timides tentatives, le club marocain n'arrivait pas à sortir la tête de l'eau avec un score final qui dénote de l'ampleur de cette bérézina : 8 à 0 et sans regrets, si ce n'est ceux de voir le stade comble, des sponsors de renoms pour cet évènement international et surtout le jubilé de Dolmi. En tout cas, Visca Barça et Dima Raja...