La compagnie britannique Genel Energy, qui a récemment pris le contrôle de sa consœur Barrus Petroleum, déjà présente au Maroc, est en train de finaliser une première acquisition d'autorisation d'exploration au Maroc. C'est en tout cas ce qu'ont dernièrement rapporté les médias britanniques citant des sources proches de son directeur général, Tony Hayward, l'ex-pdg du géant groupe pétrolier BP et désormais célèbre pour avoir mal géré les déboires de la compagnie anglaise à la suite de la catastrophe survenue en 2010 au large du golfe du Mexique. Si l'annonce n'a pas été assez relayée dans les médias nationaux, c'est que depuis quelques années, les investissements de ce genre ne cessent de se multiplier au Maroc, confirmant ainsi l'appétit des grosses et moyennes firmes internationales pour le sous-sol marocain. L'intérêt grandissant des investisseurs internationaux pour les ressources pétrolifères et gazières du Maroc s'est sensiblement accru ces derniers temps, lequel profite du cadre fiscal attractif mis en place par l'Etat pour encourager les investisseurs et du potentiel national dont les estimations préliminaires convergent à reconnaître la consistance (les echos.ma). En dépit de la prudence des autorités sur la découverte d'importants gisements au niveau de plusieurs régions du pays (Mazagan, Tarfaya, Merada...), le Maroc est devenu une terre par excellence d'investissements pour les compagnies spécialisées en matière d'exploration pétrolière et de prospection gazière. En 2011 et d'après les chiffres officiels publiés cette année par l'Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM), pas moins de 1,17 MMDH ont été investis dans le domaine de la prospection. Ce montant s'ajoute aux 70 MDH investis par l'ONHYM dans le domaine pétrolier sur la même année. En 2012, la tendance se poursuit et grâce à la politique volontariste mise en place par l'Etat, les investissements se poursuivent. Dernier en date, l'accord que vient de conclure la compagnie Fastnet Oil & Gas et Pathfinder Hydrocarbon Ventures Ltd (PHV Ltd.), filiale de Pathfinder Energy Maghreb plc (PEMP), pour la mise en place d'un joint-venture avec Kosmos Energy Deepwater Morocco et l'ONHYM. D'un montant de 8 millions USD dont 7 millions sous forme d'actions, ce partenariat permettra à Fasnet d'intégrer, à hauteur de 18,75%, les recherches dans la zone on-shore de Merada, en plus de celui de Foum Assaka, dans le bassin de la région d'Agadir. Il faut dire que cette gourmandise des compagnies internationales pour les régions non encore explorées, off-shore ou on-shore, trouve sa justification dans les expériences réussies au niveau de certaines régions du continent (Gorge de guinée, Lac Albert, ...) où l'intensification des investissements s'est soldé par la découverte de grands gisements hautement prometteurs. Les schistes bitumineux, en attendant l'envol Si à l'heure actuelle, l'attention des investisseurs reste cristallisée par les recherches sur les gisements d'hydrocarbures dits conventionnels (pétrole et gaz), l'exploration pour les ressources non conventionnelles (schistes bitumineux) est sur le point de connaître un essor dans les prochaines années. Selon l'ONHYM, les préparatifs dans ce sens sont en bonne voie. Ainsi l'élaboration du cadre réglementaire pour l'extraction d'hydrocarbures à partir des roches bitumineuses, a été finalisée en 2011 de même que l'acquisition d'une partie d'un matériel de laboratoire pour les schistes, et les travaux de construction d'une unité pilote sur Tarfaya. Dans le même cadre l'office a initié un projet de coopération avec la société Kerogen pour l'installation d'une unité pilote pour l'exploitation des couches profondes du gisement de «Timahdit». Selon l'ONHYM, les regains d'intérêt pour ces ressources font suite «à l'émergence de la production du gaz non conventionnel dans certains pays du globe et notamment aux Etats-Unis d'Amérique». C'est ainsi qu'en 2011, un projet pilote Shale Gas dans le bassin de Zag-Bas Draa a été lancé. La production de pétrole ou de gaz à partir de schistes bitumeux a été jusque-là freinée par son coût élevé et surtout son impact sur l'environnement. Selon les experts, la production d'un baril d'huile à partir des schistes bitumineux nécessite la mise en œuvre de 2 à 3 tonnes de roches selon la teneur du minerai en huile, mais avec un baril à plus de 100USD ces dernières années et les produits conventionnels qui se raréfient, son exploitation est devenue, au fil des mois, compétitive. C'est ainsi que les USA se sont lancés dans l'exploitation de cette ressource ces dernières années, ce qui pourrait les positionner au rang de 2e producteur mondial d'hydrocarbures à l'horizon 2020 selon une étude de l'Université Harvard. Il est une preuve des perspectives prometteuses de ce sous-secteur, c'est l'engouement des pays comme la France, la Chine ou la Russie qui se sont lancés, également, dans le développement de ce minerai, dans le sillage du Canada et des USA. Cela ouvre de nouvelles opportunités pour le Maroc qui dispose d'importants gisements en la matière puisque les premières recherches pour la valorisation des schistes bitumineux au Maroc ont été entamées à Tanger, entre 1939 et 1945 par la création de la Société des schistes bitumineux de Tanger qui disposait d'une usine pilote d'une capacité journalière de 80 tonnes de schistes bitumineux. Plus tard, le potentiel des gisements de Timahdit et de Tarfaya ont été découverts durant les années soixante. Ce qui est sûr, c'est que le regain d'intérêt que connaît le secteur de l'industrie pétrolière au Maroc inaugure de réelles perspectives pour le pays. À défaut de devenir un grand pays producteur, et éventuellement, exportateur de pétrole, le Maroc pourrait atténuer sa dépendance énergétique, estimée aujourd'hui à près de 97%, ce qui coûte lourdement cher à l'Etat surtout avec le niveau élevé des cours des produits pétroliers sur les marchés internationaux. Ce qui paraît possible si le chantier de «mix énergétique», combiné aux énergies renouvelables, secteur où le Maroc a pris de sérieuses options, est conduit à bon port.